Des outils pour valoriser le français dès la petite enfance

Valérie Thérien
Collaboration spéciale
«La petite enfance est un moment crucial pour l’attachement à la langue française et pour les premiers souvenirs», commente Caroline Boudreau, chargée de projets à l’ACELF.
Photo: Getty Images «La petite enfance est un moment crucial pour l’attachement à la langue française et pour les premiers souvenirs», commente Caroline Boudreau, chargée de projets à l’ACELF.

Ce texte fait partie du cahier spécial Francophonie

Souhaitant favoriser une cohésion autour du ressourcement des centres de petite enfance francophones en milieu minoritaire au Canada, l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF) et la Commission nationale des parents francophones (CNPF) ont lancé en novembre dernier la formation La francosphère de la petite enfance.

La francosphère de la petite enfance a pour objectif de créer un réseau pancanadien de 1500 éducatrices et éducateurs professionnels de la petite enfance, de les former et de les outiller pour mettre en valeur le français dans la vie des tout-petits. Le milieu éducatif francophone devient encore plus important lorsqu’un enfant passe la majorité de son temps à la maison dans une autre langue.

« La petite enfance est un moment crucial pour l’attachement à la langue française et pour les premiers souvenirs, commente Caroline Boudreau, chargée de projets à l’ACELF. Le mandat particulier des services de petite enfance francophones en milieu minoritaire, c’est de venir semer une graine de francophonie ».

La formation a donc été construite autour du besoin de valorisation de la raison d’être de ces services en français dans les communautés, soit le lien avec la langue, la culture, l’identité, mais aussi l’appartenance à la communauté.

En quatre volets

 

La francosphère de la petite enfance est structurée en quatre volets. Le premier a pour but d’approfondir le mandat crucial des éducatrices et des éducateurs. « On veut que ces gens réalisent qu’ils sont des modèles francophones pour les enfants et qu’ils comprennent le rôle de leur service de garde dans un milieu minoritaire », note Caroline Boudreau.

Le 2e volet explore les référents culturels et donne des exemples que les professionnels peuvent insérer dans leur pratique. On pense entre autres à favoriser la musique francophone et la lecture en français avec les enfants.

Le 3e volet pose la question : comment faire ça dans le plaisir ? « Dans la petite enfance, ça va de soi, c’est l’approche jeu, dit la chargée de projets. On veut toujours s’assurer que l’apprentissage du français se fait dans la joie. » Le dernier volet est une réflexion sur l’accompagnement du parent, qui contribue aussi à la construction identitaire francophone de son enfant, puisqu’il a fait ce choix important d’aller vers un service en français.

Enjeux et développement

 

Caroline Boudreau et Richard Vaillancourt, de la Commission nationale des parents francophones (CNPF), ont aussi fait l’exercice de noter les constats et les défis dans les services de petite enfance francophones pour arriver à de meilleurs outils pour les éducatrices et les éducateurs. « Pour certains parents, une professionnelle va opter pour parler un peu en anglais pour faciliter la discussion, note Caroline Boudreau. Toutefois, quand on mélange les choses avec le parent ou l’enfant, on envoie un message à contresens. »

De plus, étant donné que de nombreux éducateurs sont issus de l’immigration récente, ceux-ci n’ont pas nécessairement les mêmes référents culturels francophones à transmettre aux tout-petits. « Il y a toute une francophonie qui se veut ouverte et inclusive, mais comment trouver des équilibres entre des référents traditionnels et contemporains ? » soulève-t-elle. La solution évoquée est l’ouverture et la communication. La chargée de projets mentionne une chanson en créole dans Passe-Partout qui permet aux éducatrices haïtiennes d’avoir un socle culturel commun avec les enfants.

Les professionnels du milieu peuvent aussi ressentir de l’insécurité linguistique. La formation leur démontre qu’il est important qu’ils se voient comme des modèles francophones pour les enfants et les parents afin de célébrer ensemble toutes les richesses de la francophonie. Richard Vaillancourt souligne que la formation se veut loin d’être rigide. « On se fait demander : “Est-ce que ça veut dire que je dois parler parfaitement français ?” Non, parle le français comme tu le parles, avec confiance, mais sois toujours conscient que c’est important de le mettre de l’avant. »

C’est en soulevant ce type de défis que l’ACELF et la CNPF ont cheminé vers la création de La francosphère de la petite enfance. Les notes et les commentaires recueillis depuis le lancement automnal permettent aux organismes d’actualiser la formation et d’enrichir leur offre.

« La francophonie canadienne se diversifie de plus en plus, conclut Caroline Boudreau. Il y a différentes langues qui interagissent dans nos sphères sociales. Notre formation permet de travailler cette portion avec l’enfant en espérant qu’il poursuive vers l’école de langue française et que sa francophonie continue de fleurir. »

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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