Apprendre avec et par la nature au collège Marie-de-l’Incarnation

Catherine Couturier
Collaboration spéciale
Le thème de l’hiver, par exemple, permet aux enfants de s’exercer à l’écriture en traçant des lettres dans la neige, d’observer les pistes d’animaux ou de travailler la motricité globale par une activité de raquette.
Photo: Collège Marie-de-l’Incarnation Le thème de l’hiver, par exemple, permet aux enfants de s’exercer à l’écriture en traçant des lettres dans la neige, d’observer les pistes d’animaux ou de travailler la motricité globale par une activité de raquette.

Ce texte fait partie du cahier spécial Semaine des enseignants

Qu’il neige ou qu’il pleuve, beau temps ou mauvais temps, dans les classes de maternelle 4 et 5 ans du collège Marie-de-l’Incarnation, à Trois-Rivières, on sort (presque) deux heures par jour.

« Tout a commencé lorsque l’ensemble des écoles ont eu la possibilité d’ouvrir des maternelles 4 ans », raconte Marylène Pinard, enseignante au préscolaire 4 ans et instigatrice du projet. Le collège Marie-de-l’Incarnation cherche alors à se démarquer. L’idée d’offrir des classes intégrant la « pédagogie nature » se fraie alors un chemin. « On voulait décrocher de tout ce qui est électronique, et des écrans, faire notre enseignement autrement, et pallier le déficit nature des jeunes », explique-t-elle.

La réponse à l’initiative (tant de l’administration que des professeurs et des parents) fut enthousiaste. Il faut dire que ce projet, aussi novateur soit-il, honore les racines de ce collège fondé par les Ursulines — pensons seulement à la Trifluvienne Estelle Lacoursière, surnommée la « Sœur verte », une ursuline qui fut une figure marquante en botanique, en vulgarisation scientifique et dans la lutte pour la préservation de l’environnement. « On a voulu construire un pont nous liant à notre héritage. On veut poursuivre la mission des Ursulines, qui est l’attention à la personne, le respect — le respect de l’autre, mais aussi de l’environnement », raconte Annie Cossette, enseignante au préscolaire 5 ans.

Pensées avant même la pandémie, ces classes pour les maternelles 4 ans ont débuté à l’automne 2020, pour s’étendre cette année aux maternelles 5 ans. La pédagogie nature devrait s’implanter dans les classes du premier cycle l’an prochain, et progressivement par la suite pour tous les élèves du primaire au collège.

En contact avec l’environnement

Plus que simplement transporter un cours normal à l’extérieur, la pédagogie nature vise à utiliser ce qu’on trouve à l’extérieur pour faire les apprentissages. « On va s’imprégner directement de ce qu’on trouve dans l’environnement », explique Mme Cossette. L’idée n’est pas non plus d’ajouter une pédagogie différente aux autres, mais de les emboîter. On continue en effet de suivre le programme du ministère de l’Éducation, mais en faisant preuve de créativité.

Photo: Collège Marie-de-l'Incarnation Beau temps, mauvais temps, les enfants sortent presque deux heures par jour.

Les compétences sont développées par l’action, à travers divers thèmes. « Au préscolaire, on a une belle flexibilité par rapport aux thèmes à aborder, à travers lesquels on travaille les compétences visées », ajoute Mme Cossette. Le thème de l’hiver, par exemple, permet de s’exercer à l’écriture en traçant des lettres dans la neige, d’observer les pistes d’animaux dans le jardin des Ursulines ou de travailler la motricité globale par une activité de raquette.

Dans les classes, on sort deux fois par jour (environ une heure chaque fois), beau temps, mauvais temps. « On a les vêtements pour ça ! La pluie ne nous arrête pas », dit Mme Pinard. Les enfants peuvent ensuite rapporter en classe, sur la table d’expérience nature, leurs découvertes, qui nourrissent les enseignements.

Vent de fraîcheur

 

Amener la classe à l’extérieur apporte (parfois littéralement) un vent de fraîcheur aux apprentissages. « On n’est pas toujours encloisonnés ; ça nous fait tout autant du bien », affirme Camille Rousseau, enseignante à la maternelle 4 ans. La recherche démontre entre autres que passer plus de 15 minutes à l’extérieur procure des bienfaits physiques et mentaux. « On remarque que les enfants sont plus concentrés et plus calmes après une activité », note-t-elle.

« Ça permet également l’émerveillement. L’enfant découvre tranquillement sa communauté », indique Mme Cossette. Prendre contact avec la nature éveille en effet les enfants au monde qui les entoure. « On est en train de former des citoyens de demain », rappelle Mme Pinard. Les enseignantes espèrent ainsi insuffler le sens du beau et le goût de protéger la nature qui nous entoure aux tout-petits, qui apprendront d’où vient la nourriture qu’on mange (jardinage) et où vont les déchets (projet de compostage). « On veut former des enfants qui seront des passeurs de nature », résume Mme Pinard.

Même si la pédagogie nature pose quelques défis pour les enseignantes (adaptation selon les conditions météo, patience pour l’habillage autonome), toutes sont enthousiastes. « Je trouve ça extraordinaire. Elles sont inspirantes, et c’est vraiment un projet, une pédagogie, qui leur tient à cœur », dit Marie-Pier Boucher, directrice adjointe de la pédagogie du préscolaire-primaire et chargée du comité Pédagogie nature.

L’idée, espère-t-on, pourrait faire des petits. Parce que, même en ville, on peut faire de la pédagogie nature. « On est au centre-ville de Trois-Rivières, rappelle Mme Pinard, mais il y a des parcs, des plantes, des arbres. Même dans le ciment, la vie prend racine. »

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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