Québec annule sa participation financière au projet d’agrandissement du collège Dawson

Danielle McCann suggère à la direction du cégep anglophone du centre-ville de Montréal, qui est couru par bon nombre d’allophones et de francophones, de considérer notamment la location pour «donner de l’oxygène, donner de l’espace» à ses étudiants.
Photo: Graham Hughes La Presse canadienne Danielle McCann suggère à la direction du cégep anglophone du centre-ville de Montréal, qui est couru par bon nombre d’allophones et de francophones, de considérer notamment la location pour «donner de l’oxygène, donner de l’espace» à ses étudiants.

Le gouvernement québécois ne donnera pas un sou pour agrandir le collège Dawson, a indiqué le premier ministre, François Legault, mardi, jugeant qu’« il vaut mieux agrandir les collèges francophones avant d’accroître la capacité » du cégep de langue anglaise de 8000 étudiants.

« À Dawson, il y a seulement 50 % des étudiants qui sont des anglophones, et on pense qu’actuellement, quand on choisit les priorités, c’est préférable de, d’abord, procéder à l’expansion des cégeps francophones », a-t-il soutenu devant la presse.

La ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, suggère à la direction du cégep anglophone du centre-ville de Montréal, qui est couru par bon nombre d’allophones et de francophones, de considérer notamment la location pour « donner de l’oxygène, donner de l’espace » à ses étudiants. « On va sûrement pouvoir explorer des alternatives [avec les dirigeants du cégep]. D’ailleurs, c’est ce qu’on leur a dit », a-t-elle relaté lors d’une mêlée de presse.

Mme McCann a indiqué à son tour vouloir donner la priorité aux projets d’infrastructure des cégeps francophones de la région de Montréal, qui, selon ses prévisions, accueilleront quelque 22 000 étudiants supplémentaires au cours des cinq prochaines années.

La présidente du Quebec Community Groups Network (QCGN), Marlene Jennings, s’est indignée de la décision « tout simplement épouvantable » prise par le gouvernement caquiste. À ses yeux, l’équipe de François Legault mène une « attaque persistante et implacable […] contre la vitalité de la communauté anglophone du Québec ».

La cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade, a déploré la décision du gouvernement Legault de biffer le projet d’agrandissement du collège Dawson de sa liste de projets d’infrastructures prioritaires. « Ce n’est pas une question linguistique, c’est une question d’équité », a-t-elle fait valoir, tout en montrant du doigt un « manque d’espace pour les étudiants à Dawson ». « [Le projet ne consistait pas à] attirer plus d’élèves, juste à respecter les normes du ministère de l’Éducation », a-t-elle insisté.

Le Parti québécois reprochait pour sa part au gouvernement Legault d’avoir « donn[é] un cadeau [à Dawson] pour angliciser encore davantage Montréal, pendant que les établissements francophones reçoivent des miettes ».

La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB-Montréal) a quant à elle applaudi l’annonce de M. Legault et Mme McCann. « Reste plus qu’à appliquer la loi 101 à tous les cégeps du Québec », a-t-elle fait valoir.

Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, s’y refuse, pour l’instant.

M. Jolin-Barrette a rappelé au Devoir que le gouvernement instaurera un « un gel du nombre de places » dans le réseau anglophone, en plus d’y ajouter la réussite de l’Épreuve uniforme de français comme condition sine qua non à l’obtention du diplôme d’études collégiales — « à l’exception des ayants droit », c’est-à-dire les personnes ayant pu faire leur scolarité en anglais.

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