Le recul des étudiants étrangers creuse le budget des universités

L’effondrement du nombre d’étudiants étrangers au pays plombe le budget des universités du Canada. Pour éponger les pertes, la Société royale du Canada (SRC) réclame dans son plus récent rapport une aide du gouvernement fédéral.
Durant l’année scolaire 2020-2021, la pandémie a fait chuter la quantité d’étudiants étrangers au Canada. Ils sont cette année entre 32 % et 58 % de moins à étudier au pays, selon Statistique Canada. Leur désistement coûte cher, puisqu’ils paient jusqu’à 10 fois plus pour leur scolarité que les étudiants canadiens. Selon la Société royale du Canada, le manque à gagner dans les universités du Canada se chiffre entre 377 millions et 3,4 milliards de dollars cette année, soit entre 0,8 % et 7,5 % des revenus projetés.
Devant ce constat, l’organisme de promotion du savoir appelle à réévaluer « la dépendance excessive » des universités envers cette clientèle « volatile ». Dans une note de breffage parue lundi, elle cite en exemple l’Université de Toronto, qui compte sur ces étudiants étrangers pour 30 % de son budget. « Les dépenses en éducation des étudiants étrangers ont une plus grande incidence sur l’économie canadienne que les exportations de pièces d’automobile, de bois d’œuvre ou d’aéronefs », illustre par ailleurs un rapport d’Affaires mondiales Canada cité dans le document.
Cette conjoncture exacerbe le « sous-financement chronique » des campus, note-t-on. Sans aide des gouvernements, les universités risquent de devoir couper davantage dans la recherche ou de réclamer des frais toujours plus élevés. « Tandis que les étudiants payaient de plus en plus cher leurs études, le secteur a de plus en plus compté sur un corps enseignant sous-payé et précaire. »
La SRC intime donc le gouvernement canadien d’accorder « un financement d’urgence continu » auprès des établissements d’enseignement supérieur jusqu’en 2023. Un fonds de recherche d’urgence doit également être débloqué « pour remédier aux difficultés causées par la pandémie aux chercheurs en début de carrière ». Puis, la SRC demande « des ressources additionnelles en santé mentale pour soutenir le bien-être des enseignants-chercheurs, du personnel administratif et de soutien et des étudiants ».
Parmi ses huit recommandations, la SRC demande aussi au gouvernement fédéral de renouveler le moratoire sur le remboursement des prêts d’études canadiens jusqu’en 2022. En mars 2020, le gouvernement avait gelé pour six mois les obligations de paiement.
L’éducation relève du champ de compétence des provinces, mais Ottawa subventionne tout de même la recherche à hauteur de 3 milliards de dollars chaque année, souligne la SRC. Il incombe ainsi au fédéral de soutenir de secteur stratégique « gravement érodé au cours des trente dernières années, et plus particulièrement au cours de la dernière décennie ».
La SRC conclut que « nous pouvons nous attendre à ce que le marché international de l’éducation supérieure demeure hautement volatil ». Un virage vers une clientèle locale, un meilleur financement de tous les gouvernements et « une plus grande disponibilité des options en ligne » pourraient ainsi donner « un second souffle » aux universités d’ici.