L’isolement a raison de la santé mentale des cégépiens

L’isolement commence à peser lourd sur le moral des cégépiens. Près des deux tiers (64 %) des étudiants du cégep affirment que leur santé mentale s’est détériorée depuis le début de la pandémie, en raison principalement de l’enseignement virtuel qui isole les jeunes.
Ce constat est tiré d’un sondage mené pour la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) auprès de 6215 cégépiens d’une vingtaine de collèges. Cette vaste enquête confirme l’importance du retour progressif sur les campus encouragé par Québec, fait valoir Noémie Veilleux, présidente de la FECQ.
« Il y a un coup de barre à donner. Ce possible retour en classe peut changer la donne », dit la représentante étudiante. Elle rappelle que 16 % des étudiants sont à risque de décrocher en raison de la pandémie, selon un sondage du ministère de l’Enseignement supérieur transmis au réseau collégial en décembre 2020.
Noémie Veilleux est encouragée par la directive ministérielle visant à favoriser la présence en classe au moins une journée par semaine, dans les cégeps et les universités. Le Devoir a rapporté lundi que les établissements ont besoin de temps pour remanier les horaires et les mesures sanitaires, mais la présidente de la FECQ dit percevoir une « volonté d’augmenter la présence » sur les campus.
Elle considère que les cégeps devraient planifier dès maintenant d’offrir davantage de présence en classe lors des semestres d’été et d’automne 2021. Les établissements qui offrent déjà une journée par semaine en présence à tous leurs étudiants ont expliqué qu’ils doivent s’y prendre à l’avance pour organiser ces mesures, dans le contexte de la pandémie.
« J’espère de la ministre [Danielle McCann] qu’elle dise aux établissements : “Faites le maximum pour avoir des étudiants en présence, et si vous avez des besoins financiers, on sera là” », a réagi le député solidaire Sol Zanetti.
Les établissements peuvent notamment diminuer le nombre d’étudiants par groupe pour faire respecter la distanciation, ce qui nécessite la création de groupes supplémentaires et l’embauche d’enseignants. L’installation de caméras et de micros en classe, pour l’enseignement « comodal », entraîne aussi des coûts.
Détresse en hausse
Il en va de la réussite des cégépiens et de leur équilibre mental, estime Noémie Veilleux : le nombre d’étudiants ayant souvent ou très souvent des pensées suicidaires est passé de 3,7 % à 6,2 % depuis le début de la crise. Ce nombre grimpe à près de 10 % pour les personnes en situation de handicap, issues de la diversité ou qui n’ont pas assez d’argent pour subvenir à leurs besoins.
Questionnés sur les causes de la détérioration de leur santé psychologique, les répondants ont mentionné l’isolement (86 %), l’augmentation de leur charge de travail liée aux études (73 %), les obligations liées à la formation à distance (67 %) et la pression liée à la performance scolaire (63 %).
Autre fait saillant, 27 % des étudiants ne disposent pas d’un endroit calme et propice à la concentration pour suivre leurs cours en ligne.
La FECQ demande à Québec d’investir dans les résidences d’étudiants, où la pression financière liée au logement est moins forte qu’ailleurs. Plus du tiers (35 %) des étudiants locataires considèrent ne pas avoir assez d’argent pour subvenir à leurs besoins, ce qui ajoute à la détresse, selon le sondage.
L’enquête a été menée par la firme SOM entre le 22 septembre et le 30 octobre 2020 à l’aide d’un questionnaire en ligne. L’entreprise a accompagné la FECQ dans la rédaction des questions, a compilé les données et a fait les tests statistiques.
Besoin d’aide? N’hésitez pas à appeler la Ligne québécoise de prévention du suicide : 1 866 APPELLE (1 866 277-3553)