​Inhalothérapie: une formation collégiale ou universitaire?

Leïla Jolin-Dahel Collaboration spéciale
La pandémie de COVID-19 a mis en évidence l’importance des inhalothérapeutes et selon le président de l’OPIQ, si une décision n’est pas prise rapidement quant au rehaussement de la formation, «c’est le public qui risque d’en souffrir».
Photo: Joaquín Sarmiento Agence France-Presse La pandémie de COVID-19 a mis en évidence l’importance des inhalothérapeutes et selon le président de l’OPIQ, si une décision n’est pas prise rapidement quant au rehaussement de la formation, «c’est le public qui risque d’en souffrir».

Ce texte fait partie du cahier spécial Enseignement supérieur

L’Ordre professionnel des inhalothérapeutes (OPIQ) et la Fédération des cégeps attendent toujours une décision du ministère de l’Enseignement supérieur et de l’Office des professions quant à ce qu’il adviendra du programme d’études en inhalothérapie. L’OPIQ réclame un rehaussement du diplôme au baccalauréat tandis que la Fédération plaide pour que la compétence d’enseignement relève toujours des cégeps.

 

« Le statu quo est impensable, ce n’est pas une option pour nous », soutient le président de l’OPIQ et enseignant au collège de Rosemont, Jocelyn Vachon. Il ajoute qu’une formation technique au collégial ne permettrait pas non plus de développer le raisonnement et le jugement cliniques nécessaires aux différentes situations rencontrées en soins critiques. Selon lui, si une décision n’est pas prise rapidement, « c’est le public qui risque d’en souffrir ».

Alors que la Fédération des cégeps demande une nouvelle analyse de la profession, M. Vachon estime que cette démarche entraînerait des retards « inacceptables » et qu’une telle analyse démontrerait que la pratique est devenue encore plus complexe.

De son côté, le président-directeur général de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay, concède que la formation doit être adaptée, mais affirme qu’il ne revient pas à l’ordre professionnel de décider du niveau auquel les étudiants doivent être formés. « Faisons les choses correctement et selon les règles de l’art. Ça ne devrait pas être différent parce que certains exercent une pression », résume M. Tremblay.

Contacté par courriel, le ministère de l’Enseignement supérieur a fait savoir que les travaux d’analyse se poursuivent selon le processus gouvernemental mis en place.

« À terme, tous les organismes impliqués, soit le ministère de la Santé et des Services sociaux, le ministère de l’Enseignement supérieur, l’Office des professions du Québec et le Secrétariat du Conseil du trésor, rendront le résultat de leurs analyses au comité consultatif, qui transmettra alors une recommandation au gouvernement », écrit un porte-parole du ministère, Bryan St-Louis.

Des adaptations adéquates ?

Le p.-d.g. de la Fédération des cégeps estime que la durée de la formation pourrait être allongée d’une année, pour un total de quatre ans. « S’il y a une chose qui est sûre, c’est que l’expertise, elle est dans le réseau collégial », affirme M. Tremblay, qui craint également une rupture de service si le rehaussement venait à se produire.

Selon les données de l’OPIQ, entre 25 et 30 % des inhalothérapeutes qui quittent la profession le font dans les six premières années de leur pratique

« De la place pour ajouter des cours ou de la formation dans le programme présentement, c’est impossible, tranche de son côté Jocelyn Vachon. Les cégeps essaient de faire des adaptations, mais ils ne réussissent pas à aller chercher tous les niveaux nécessaires pour pouvoir travailler en interdisciplinarité avec les médecins. »

Il craint également le possible manque d’attrait du programme s’il était prolongé, en comparaison avec les autres techniques en santé. « On favorise une transition harmonieuse pour éviter tout risque de bris de service. Et on fait le pari que l’accès à l’université augmenterait l’attractivité pour la profession », ajoute-t-il.

Selon les données de l’OPIQ, entre 25 et 30 % des inhalothérapeutes qui quittent la profession le font dans les six premières années de leur pratique.

Sept cégeps offrent actuellement la formation technique en inhalothérapie, qui n’a pas fait l’objet d’une réforme depuis 1997. Le collège privé Ellis la donne également sur deux de ses campus.

Au niveau universitaire, un certificat est offert à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT). M. Vachon juge néanmoins qu’un tel diplôme n’est plus suffisant pour répondre aux besoins de tous les secteurs d’activité en inhalothérapie.

Deux mémoires, deux versions

 

En août dernier, l’OPIQ, conjointement avec le Collège des médecins, déposait un mémoire dans lequel il réclamait que l’Office des professions et le gouvernement aillent de l’avant avec le rehaussement de la formation.

La Fédération des cégeps a remis un document similaire, plus tard en décembre, où elle reproche à l’Ordre son « manque de rigueur méthodologique » dans la rédaction de son mémoire et d’invoquer « plusieurs arguments soutenus dans ce mémoire [qui] proviennent de consultations ou de travaux menés uniquement par l’OPIQ qui ne s’appuient sur aucune donnée factuelle ».

M. Vachon précise pour sa part que le mémoire de l’OPIQ a été rédigé selon le gabarit imposé par l’Office des professions. Il affirme avoir constaté une augmentation des demandes d’inspection et ajoute que des rapports de coroners ont démontré des erreurs commises par de jeunes inhalothérapeutes par manque de formation, lesquelles erreurs ont entraîné des répercussions graves chez les patients.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.



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