La COVID-19 attise les tensions à l’école Lucien-Pagé

Une clinique mobile de dépistage de la COVID-19 s’est établie vendredi dans la cour de l’école Lucien-Pagé, dans le quartier Parc-Extension à Montréal.
Photo: Adil Boukind Le Devoir Une clinique mobile de dépistage de la COVID-19 s’est établie vendredi dans la cour de l’école Lucien-Pagé, dans le quartier Parc-Extension à Montréal.

Plus de la moitié des écoles du Québec ont eu au moins un cas d’infection au coronavirus depuis le début de l’année scolaire. Quelque 938 classes sont fermées pour cause de contamination à l’heure actuelle. En se faufilant dans une école, le virus peut porter un dur coup au moral des membres du personnel.

L’inquiétude règne à l’école secondaire Lucien-Pagé, dans le quartier Parc-Extension à Montréal. Quatre nouveaux cas d’infection ont été déclarés vendredi ; 21 personnes sont désormais infectées dans l’école. Fait unique, deux membres supplémentaires de l’équipe de direction font partie des cas confirmés de COVID-19, ce qui porte à cinq le nombre d’infections parmi les cadres de l’école. Les sept membres de la direction sont en isolement.

Cette situation hors de l’ordinaire crée des tensions au sein de cette grosse école de 2200 élèves, située dans un des quartiers les plus défavorisés de l’île. Les membres de la direction, déjà traumatisés d’être aux prises avec le virus, se sont fait montrer du doigt par des enseignants pour leur soi-disant imprudence. Ou pour leur « privilège » d’être placés en isolement.

Hélène Bourdages, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES), s’insurge contre le manque de solidarité de certains membres du personnel de l’école. « On devra vivre avec la COVID pendant encore un bon moment. Est-ce qu’on va se taper dessus quand il y a des gens infectés ? » dit-elle au Devoir.

Tous les membres du personnel sont dans le même bateau, rappelle la représentante des directeurs et directrices d’école. « On fait tous très attention pour respecter les mesures sanitaires à l’école, mais on est tous susceptibles d’être infectés. C’est la première équipe de direction à tomber. On espère qu’elle sera accueillie avec compassion et bienveillance à son retour, comme le sont les membres du personnel et les élèves qui reviennent après avoir eu le virus », dit Hélène Bourdages.

Une expérience traumatisante

 

Les gens qui ont été infectés ou dont un proche a contracté le virus savent à quel point c’est une expérience stressante. Le simple fait d’attendre le résultat à un test de dépistage peut faire monter l’anxiété.

Ce n’est pas un hasard si une clinique mobile de dépistage s’est établie vendredi dans la cour de l’école Lucien-Pagé. Elle était destinée aux quelque 300 élèves de 10 classes fermées pour cause d’infection au sein de l’établissement. Les profs de ces classes placées en isolement pouvaient aussi passer un test.

« Il y a tellement de cas dans l’école, y compris parmi la direction, que les profs sont inquiets. On a envie d’aller travailler, et d’aller travailler en sécurité », dit Catherine Beauvais St-Pierre, présidente de l’Alliance des professeures et des professeurs de Montréal.

Elle estime que le syndicat devrait pouvoir assister aux rencontres entre le Centre de services et la Direction de santé publique pour connaître le nombre de cas, les causes de la contamination et les mesures mises en place.

 

« On ne veut pas savoir les noms des personnes infectées, on veut juste être informés de ce qui se passe dans nos écoles pour pouvoir rassurer nos membres », dit Catherine Beauvais St-Pierre.

Cette histoire se répète inlassablement, dans toutes les régions, depuis le début de l’année scolaire ; 1554 écoles ont eu au moins un cas déclaré de COVID-19 depuis le début de l’année scolaire, soit 52 % des établissements publics et privés.

En date du 29 octobre, 871 écoles comptaient au moins un cas actif d’infection ; 1934 élèves et 443 membres du personnel étaient infectés. Un total de 7176 infections a été rapporté depuis la rentrée scolaire. Un nombre relativement bas, compte tenu de la présence de 1,3 million d’élèves et 226 000 membres du personnel. 
 

 

Le bilan du jour

Québec a signalé vendredi 952 nouveaux cas de la COVID-19, mais ajoute également à son bilan 156 cas antérieurs à un changement de système de données réalisé le 27 juillet dernier. Dix-huit décès se sont aussi ajoutés, mais un autre a été retiré du bilan, car une enquête a démontré qu’il n’était pas attribuable à la COVID-19. Quatre décès sont survenus dans les 24 dernières heures, onze entre le 23 et le 28 octobre et trois autres à une date inconnue. Une hausse des hospitalisations a aussi été rapportée, alors qu’on en compte 515, soit 6 de plus que la veille.

La Presse canadienne


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