Des classes seront mises en isolement préventif

Les cas de COVID-19 se multiplient au Québec et la Santé publique en a plein les bras avec la recherche de cas. Pour limiter les éclosions dans les écoles, les directions régionales de Montréal et de la Montérégie permettent désormais aux établissements scolaires d'isoler de façon préventive une classe-bulle, avant même que l’enquête sur l’élève infecté soit complétée.
« La Santé publique de Montréal donne ce levier aux écoles parce que le nombre de cas est en hausse marquée », dit son porte-parole, Jean-Nicolas Aubé. Dans la métropole, 27 écoles dénombrent au moins un cas de COVID-19, indique-t-il.
Lorsqu’un élève est déclaré positif à la COVID-19, la Direction régionale de santé publique de Montréal contacte l’établissement scolaire pour l’aviser. Une enquête pour retrouver les contacts de la personne infectée est alors enclenchée, de concert avec la direction de l’école.
« Cela peut prendre 24 à 48 heures pour que la Santé publique décide si la classe au complet doit être isolée, dit la présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES), Hélène Bourdages. C’est long. Pendant ce temps, les jeunes se promènent, vont dans leur cours d’éducation physique, mangent au service de garde. » C’est sans compter leurs activités à l’extérieur de l’école.
Pour éviter que la COVID-19 ne se propage, la Direction régionale de santé publique de Montréal vient de donner le feu vert aux écoles qui souhaitent isoler, de leur propre chef, un groupe-classe. Selon Hélène Bourdages, les établissements gagnent ainsi un temps précieux pour mettre fin à la transmission.
Des délais dans le dépistage
À Montréal, le délai dans la transmission des résultats de tests de dépistage est de 24 à 48 heures, selon la Santé publique. Il peut toutefois s’étirer jusqu’à neuf jours dans d’autres régions au Québec, selon ce qu’a constaté Le Devoir.
Un véritable problème pour les écoles, selon le président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement, Nicolas Prévost. Il cite en exemple le cas, cette semaine, d’un élève des Laurentides qui a appris qu’il était positif à la COVID-19 huit jours après avoir passé son test. Pendant l’attente du résultat, sa fratrie — qui n’avait pas de symptôme — a continué de fréquenter deux autres écoles de la région. « Plus le délai s’allonge, plus ça crée des problèmes, dit Nicolas Prévost. Il faut faire l’historique des contacts des derniers jours. Ça demande énormément de temps. »
Le système de dépistage et de recherche de cas connaît aussi des ratés en Montérégie, selon un directeur d’école secondaire, qui n’est pas autorisé à parler aux médias. Ce dernier fait face à une éclosion dans son établissement, lié à un party privé entre jeunes.
Le directeur signale que la Direction régionale de la santé publique a « sous-traité » aux parents, et non à l’école, le devoir d’appeler les contacts du premier jeune infecté. « Nous sommes en milieu défavorisé, dit-il. Ce ne sont pas tous les parents qui sont lettrés. Cette fois-ci, nous sommes bien tombés. »
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Le père a fait son boulot. Malgré tout, des élèves présents au party sont allés à l’école pendant deux jours. « On ne savait pas quels jeunes exactement avaient participé au party », dit-il. Il souligne que l’enquête épidémiologique a commencé quatre jours après le résultat positif à la COVID-19. « C’est inquiétant », dit-il.
En point de presse jeudi, le premier ministre François Legault a abordé d’emblée la question du dépistage. Il a souligné que la « plupart des gens ont des résultats de test rapidement, mais il y a des cas où ça prend plusieurs jours, puis ça, c’est inacceptable. »
Le premier ministre a souligné que ce sont les laboratoires, et non les centres de prélèvements, qui peinent à fournir à la demande. « Ça ne changera pas partout du jour au lendemain, a-t-il dit. J’aime mieux être honnête avec vous. Mais on travaille très fort à ce que partout, dans toutes les régions, on soit capable de donner des résultats rapidement. »
Pour maintenir les écoles ouvertes, Nicolas Prévost croit qu’il faut maintenant envisager le port du masque en classe et la réduction du nombre de « bulles » dont font partie les élèves.
Dans les écoles secondaires, les élèves prennent part à de nombreuses « bulles » : leur classe, le cours à option, les activités parascolaires, le sport scolaire et le transport scolaire. « Je pense qu’il va falloir diminuer le nombre de bulles pour que les enquêtes soient moins complexes », dit Nicolas Prévost.
Hélène Bourdages pense que le « resserrement de la vie scolaire » s’en vient. « Et comment ça se fait qu’il peut y avoir du sport civil, alors qu’actuellement, on peut pas faire de sport entre deux classes ? » demande-t-elle.
À cette question, le directeur national de santé publique du Québec, le Dr Horacio Arruda, a répondu en point de presse jeudi que des consignes claires seront annoncées lundi à ce sujet. « On veut apporter de la cohérence entre ce qui va se passer dans une école versus dans le sport parallèle », a-t-il dit.
Quant au port du masque en classe, le premier ministre François Legault s’en remet à la Santé publique qui, pour l’instant, « ne croit pas que c’est nécessaire ». « Ça se peut que, dans les prochains jours, les prochaines semaines, que les mesures soient modifiées, bonifiées, a-t-il dit. Mais c’est important, puis je tiens à le dire, on suit les recommandations de la Santé publique. »