Plusieurs ajustements de dernière minute dans les écoles

Les élèves étaient contents de renouer enfin avec l’école. Les enseignants aussi. La rentrée scolaire en pleine pandémie a cependant donné lieu à une série d’ajustements de dernière minute dans les écoles pour adapter les horaires, les locaux et l’enseignement aux directives de la Santé publique.
« Une rentrée scolaire, c’est toujours un peu chaotique. C’est normal. Mais les enseignants ont passé beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps à gérer les règles sanitaires et à faire de la surveillance », dit Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE).
Il dit souhaiter que le ministère de l’Éducation embauche des surveillants d’élèves avec la portion québécoise de l’enveloppe de 2 milliards de dollars annoncée par le gouvernement Trudeau pour l’enseignement. « Les enseignants ont fait plus de surveillance et moins de récupération pédagogique au moment même où des surveillants n’ont pas de contrat de travail », affirme Sylvain Mallette.
Des écoles secondaires ont aussi dû changer leurs horaires à la dernière minute après la précision apportée par le ministre Jean-François Roberge au sujet des activités sportives et artistiques. Celles-ci seront possibles uniquement en respectant l’étanchéité des groupes-classes, aussi appelés « bulles ». Autrement dit, seuls les enfants d’une même classe pourront faire du sport ou de l’art ensemble, y compris dans les activités parascolaires.
« La stabilité du groupe-classe, de la bulle-classe, c’est au cœur de notre plan sanitaire. C’est au cœur des mesures qui nous permettent de rouvrir nos écoles », a rappelé jeudi matin le ministre de l’Éducation.
Changements d’horaire
Au moins deux écoles secondaires du Centre de services scolaire des Hauts-Cantons, en Estrie, ont dû remanier d’urgence les horaires des élèves après la déclaration du ministre. Les élèves de la polyvalente Montignac, à Lac-Mégantic, feront du rattrapage jusqu’au 8 septembre avec le même enseignant pour rester dans la même « bulle ». Ils n’auront pas de cours d’anglais, de français, de mathématiques ou de sciences, comme en temps normal.
Les élèves de quatrième et de cinquième secondaire de l’école Louis-Saint-Laurent, à Compton, feront aussi de la « consolidation » de leurs apprentissages avec le même prof la semaine prochaine.
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Consultez notre tableau de bord interactif.Les gestionnaires ont pris cette décision à cause des activités du midi — les activités sportives ne sont pas permises à l’extérieur des « groupes-bulles », pour prévenir la propagation du virus.
« Il était déjà prévu de faire la semaine prochaine du dépistage, du diagnostic et un portrait de classe, au primaire comme au secondaire. On veut s’assurer que nos élèves puissent faire le rattrapage nécessaire après l’hiver qu’on a eu », dit Martial Gaudreau, directeur général du Centre de services scolaire des Hauts-Cantons.
Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), se réjouit de la clarification du ministre Roberge sur le sport et les activités artistiques malgré les inconvénients évidents dans certains milieux. « Je trouve ça plutôt rassurant qu’il y ait un discours uniforme sur les façons de gérer ces activités. Certaines directions d’école n’avaient pas compris qu’elles ne pouvaient pas mêler les groupes. Le ministre l’avait pourtant dit clairement au mois de juin », dit-elle.
Des trous à combler
Mme Scalabrini et sa collègue de l’Alliance des professeures et des professeurs de Montréal Catherine Beauvais-St-Pierre estiment que les écoles qui ont décidé de faire une rentrée progressive, en petits groupes, ont pris la bonne décision. Cela permettra de mieux expliquer aux élèves les innombrables règles sanitaires — qui s’ajoutent aux consignes habituelles d’une nouvelle classe dans une nouvelle année scolaire.
La pénurie d’enseignants, d’éducatrices et d’autres membres du personnel ajoute une difficulté supplémentaire : le Centre de services scolaire de Montréal avait en date de jeudi 265 postes d’enseignant non pourvus, selon nos sources. La crise du coronavirus viendra multiplier les trous à combler, en raison de l’absence prévisible du personnel pour des raisons de santé.
Au moins, les écoles publiques n’ont pas à accueillir cet automne des milliers de réfugiés arrivés des États-Unis par le chemin Roxham, souligne Hélène Bourdages, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES). « L’arrivée de centaines d’élèves réfugiés par semaine créait une pression extraordinaire sur les écoles de Montréal. Cette année, on n’a pas cette pression, mais celle de la COVID. Je suis convaincue qu’on va y arriver. »