Le ministre Roberge mis en demeure par des parents d’élèves

Quatre parents ont mis en demeure le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, pour le forcer à offrir des cours à distance au primaire et au secondaire durant la pandémie, à l’instar de l’Ontario. Ces parents sont représentés par l’avocat Julius Grey qui a fait parvenir le document au bureau du ministre mercredi.
« Les parents ne devraient pas être placés dans une situation où ils doivent faire un choix entre la sécurité de leur enfant ou son éducation », écrit l’éminent juriste. Selon lui, le plan pour la rentrée des classes présenté par le ministre Roberge en juin contrevient au droit à la liberté et à la sécurité garantis par la Charte canadienne des droits et libertés et à la Charte des droits et libertés de la personne du Québec.
Le ministre Roberge avait annoncé en juin la réouverture de toutes les écoles de la province pour la rentrée en septembre avec des mesures de distanciation et la formation de sous-groupes dans les classes pour limiter la propagation du coronavirus. Le port du masque, pour l’instant, ne serait pas obligatoire. Une mise à jour de ce plan est toutefois attendue la semaine prochaine.
Les parents ne devraient pas [avoir à] faire un choix entre la sécurité de leur enfant ou son éducation
« Le gouvernement a mis une exception en place pour les enfants qui ont un système immunitaire compromis, a rappelé Me Grey. Or, qu’est-ce que ça donne d’exempter ces enfants-là si leurs frères et sœurs peuvent retourner possiblement avec la COVID ? » Même chose pour les familles où un grand-parent ou un parent est plus à risque de développer les symptômes graves de la maladie.
« C’est tout ou rien »
C’est le cas de Politimi Karounis, une ex-avocate qui fait partie du groupe de parents qui exigent des cours en ligne. Celle-ci reçoit l’aide de sa mère immunosupprimée pour garder ses trois enfants. « Nous, on ne prend pas de risque, a-t-elle dit en entrevue. Nous nous sommes déconfinés avec elle, seulement elle, et nous ne sommes pas prêts après cinq mois où on a fait si attention de simplement dire “on s’en fout, on s’en va tout le monde à l’école”. Non. »
Lorsqu’elle s’est renseignée auprès de l’école privée de ses enfants, la direction lui a indiqué qu’elle devrait les “désinscrire” pour pouvoir leur enseigner à la maison comme le prévoit le Loi sur l’instruction publique. « Présentement, c’est tout ou rien », a-t-elle déploré. Elle s’explique mal pourquoi les établissements scolaires ne seraient pas en mesure d’offrir des cours à distance, ne serait-ce qu’en installant des caméras Web dans les classes.
Suivez l'évolution de la COVID-19 au Québec
Consultez notre tableau de bord interactif.C’est une question que se pose également Sarah Gisbon, une mère de deux adolescents, qui a lancé une pétition dimanche pour que le gouvernement tienne davantage compte de la santé et la sécurité des élèves dans son plan pour la rentrée scolaire. Au moment où ces lignes étaient écrites, plus de 8000 personnes l’avaient signée. « La pandémie ne va pas disparaître du jour au lendemain, a-t-elle affirmé. Nous pourrions être dans la même situation l’an prochain, alors il faut trouver une bonne option en ligne pour que les gens puissent continuer d’offrir à leurs enfants une bonne éducation sans les mettre à risque ou mettre à risque d’autres membres de la famille. »
Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, n’a pas voulu faire de commentaire. « Nous poursuivons le travail d’actualisation du plan de match pour la rentrée scolaire, qui sera présenté en début de semaine prochaine », a indiqué son attaché de presse, Francis Bouchard.
Cours virtuels en Ontario
Le gouvernement de l’Ontario a donné le choix aux parents d’envoyer leur enfant à l’école ou de le garder à la maison. Les conseils scolaires devront leur fournir du matériel et des cours en ligne. « Ça s’organise actuellement », a indiqué le directeur général de l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC), Yves Lévesque. Des consultations ont été amorcées auprès des parents pour savoir combien d’élèves resteront à la maison. Il ne prévoit pas d’installer de caméra en classe, mais prévoit plutôt d’utiliser certains enseignants pour offrir des cours en ligne. Un site Web dessert déjà tous les conseils scolaires francophones de l’Ontario depuis 2009 (www.apprentissageenligne.org), ce qui leur donne une longueur d’avance.
Le Conseil scolaire de Toronto, qui regroupe les écoles anglophones de la Ville-Reine, a déjà publié un plan qui détaille comment se déroulera chaque journée d’éducation à distance de la maternelle au secondaire. Le plan prévoit même la prise des présences tous les jours pour ceux qui seraient tentés de sécher les cours.