Lutte de pouvoir au CSSDM

Le comité de parents et la direction du CSSDM ne s’entendent pas sur le processus de nomination des administrateurs appelés à remplacer le conseil des commissaires.
Photo: Paul Chiasson La Presse canadienne Le comité de parents et la direction du CSSDM ne s’entendent pas sur le processus de nomination des administrateurs appelés à remplacer le conseil des commissaires.

L’abolition des élus scolaires devait inaugurer une nouvelle ère sans luttes politiques dans la gouvernance en éducation. Un bras de fer oppose néanmoins le comité de parents et la direction du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), qui ne s’entendent pas sur le processus de nomination des administrateurs appelés à remplacer le conseil des commissaires.

Selon ce que Le Devoir a appris, le comité de parents vient d’envoyer une mise en demeure au directeur général du CSSDM, Robert Gendron, qu’il accuse de retarder indûment le processus de sélection des parents membres du conseil d’administration. Le comité de parents exige que la procédure soit lancée au plus vite. Sinon, il prévient que le conseil d’administration ne pourra entrer en fonction au moment prévu par le gouvernement, le 15 octobre.

Le CSSDM et son comité de parents sont à couteaux tirés depuis l’adoption du projet de loi 40, en février. Cette réforme de la gouvernance en éducation a aboli les commissaires élus et transformé les commissions scolaires en « centres de services » aux élèves.

« Nuisance »

Le comité de parents se sent considéré comme une « nuisance » par le CSSDM, qui lui met carrément des « bâtons dans les roues ». Cette lutte de pouvoir est de mauvais augure pour la future gouvernance du Centre de services scolaire de Montréal, car ce sont des parents qui seront président et vice-président du conseil d’administration, fait valoir Mélisandre Shanks, membre du Comité de parents du CSSDM.

Cette mère d’élève a déjà siégé au conseil des commissaires à titre de représentante des parents. Elle soupçonne la direction du CSSDM de « tenter d’évacuer les bons candidats [pour siéger au conseil d’administration] ou les candidats qui auraient peut-être un petit peu plus d’expérience ».

Le comité de parents a l’impression de « déranger » la direction depuis le début de la pandémie, explique Sylvain Caron, membre et ancien président du comité. « Il y a quelque chose qui s’est cassé. Depuis que la direction générale est porte-parole et prend les décisions toute seule [en l’absence du conseil d’administration à nommer], on n’est plus écoutés, plus consultés. »

Mélisandre Shanks et ses collègues estiment que les parents doivent s’investir avec énergie dans le conseil d’administration du CSSDM : « C’est le contre-pouvoir qu’il nous reste. On a perdu beaucoup de pouvoirs, les parents, dans le projet de loi 40. On veut s’accrocher là-dessus pour avoir des gens qui vont faire une différence, qui vont prendre leur rôle au sérieux. »

La pandémie de coronavirus a retardé de quatre mois, jusqu’en octobre, la nomination des conseils d’administration des centres de services — qui seront formés de cinq parents, de cinq membres du personnel scolaire et de cinq membres issus de la communauté. La loi prévoit que ce sont les comités de parents qui déterminent la marche à suivre pour élire leurs cinq représentants aux conseils d’administration.

La procédure mise en place par le comité de parents du CSSDM nécessite 30 jours. Or, le Centre de services a décidé de déclencher le 22 septembre le processus de nomination des cinq parents au conseil d’administration, soit la date limite fixée par le gouvernement. Ils devront avoir été élus le 6 octobre, 10 jours ouvrables plus tard. On est loin des 30 jours nécessaires pour le comité de parents.

La liste des personnes éligibles pour représenter les parents au conseil d’administration a pourtant été établie au cours du printemps, souligne Marc-Étienne Deslauriers, président du Comité de parents du CSSDM. Il ne comprend pas pourquoi la direction du centre de services attend l’automne pour envoyer « l’avis de désignation » des parents membres du futur conseil.

« Ce n’est pas que le directeur général enfreint la loi par sa décision, c’est qu’il nuit actuellement au comité de parents, donc à terme au futur conseil d’administration », dit-il.

Appel à tous

Le directeur général du CSSDM, Robert Gendron, maintient sa décision, malgré la mise en demeure du comité de parents. « Concrètement, les parents qui seront élus démocratiquement dans leur conseil d’établissement pour l’année scolaire 2020-2021 et élus représentants au Comité de parents auront la possibilité de présenter leur candidature afin de siéger au nouveau conseil d’administration », a-t-il indiqué par écrit au Devoir.

« L’objectif est de permettre à tous les parents qui s’intéressent à l’éducation et qui souhaitent participer activement aux décisions qui touchent les élèves de pouvoir faire partie du conseil d’administration du centre de services scolaire, ajoute-t-il. Cette gouvernance scolaire renouvelée sera une première pour l’ensemble du réseau scolaire québécois. Nous avons le devoir et la responsabilité qu’elle débute sur des bases égalitaires et démocratiques. Tout le monde y gagnera, à commencer par nos élèves. »
 



Une version précédente de ce texte, qui indiquait que Sylvain Caron est membre de l'exécutif et ancien président du comité de parents du CSSDM, a été modifiée.


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