Les universités tentent de relancer la vie sur les campus à l’automne

L’Université de Montréal et l’Université McGill ont annoncé une rentrée qui se fera principalement à distance en raison de la pandémie.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir L’Université de Montréal et l’Université McGill ont annoncé une rentrée qui se fera principalement à distance en raison de la pandémie.

Les universités préparent la rentrée de l’automne avec un enseignement qui se fera principalement à distance, mais tentent de relever un défi inédit : offrir le plus grand nombre possible de cours et d’activités en personne tout en respectant les directives de la santé publique.

« Le présentiel est un ingrédient très important du point de vue de la richesse académique. L’apprentissage en ligne comporte des limitations si on veut favoriser la réussite et la persévérance scolaires », affirme Pierre Cossette, recteur de l’Université de Sherbrooke (UdeS).

En pleine pandémie, la majorité des activités se fera à distance lors de la session d’automne à l’UdeS, mais la direction met tout en œuvre pour que la vie reprenne à son campus estrien. « On anticipe que le virus va être là pour encore pas mal de mois. On va apprendre à fonctionner en société avec ce virus malveillant tout en maintenant les mesures de sécurité et de santé publique, je veux insister là-dessus », dit Pierre Cossette.

L’UdeS prépare la rentrée de l’automne un peu comme celle des écoles primaires du Québec à l’extérieur du Grand Montréal, qui a lieu cette semaine : en réaménageant les lieux pour garder les gens à deux mètres de distance. Avec savon désinfectant, flèches au sol et barrières de plexiglas. Avec 41 000 étudiants, le défi est colossal.

Le recteur envisage de transformer des lieux en salle de classe. Par exemple, il est plausible de penser que le centre culturel du campus ne pourra offrir de spectacles pour l’avenir prévisible. Il pourra peut-être accueillir des classes.

La direction envisage aussi de modifier les plages horaires des formations, pour limiter le nombre d’étudiants présents en même temps sur le campus. Peut-on s’attendre à davantage de présence à l’université les soirs et les fins de semaine ? « Ça fait partie des scénarios qu’on analyse », dit Pierre Cossette. Il est président du Bureau de coopération interuniversitaire (BCI), qui regroupe les 18 universités québécoises, mais s’exprime ici en tant que recteur de l’UdeS.

L’établissement veut s’assurer que les stages et les formations pratiques puissent se poursuivre : 49 % des étudiants de l’établissement sont inscrits dans des programmes de type coop, et 89 % des programmes comportent des stages pratiques obligatoires (mais pas nécessairement coop comme en médecine ou en éducation).

L’enseignement à distance peu populaire

La qualité de l’enseignement à distance inquiète les étudiants, selon un sondage commandé par l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU) et la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (FCÉÉ). Près du tiers (30 %) des anciens et nouveaux étudiants envisagent de ne pas s’inscrire dans un établissement postsecondaire cet automne, principalement pour des raisons financières.

« Parmi les étudiants qui disent qu’ils pourront encore payer leurs frais de scolarité et leurs frais de subsistance, un grand nombre – environ 75 % – craint que l’enseignement à distance ne crée une mauvaise expérience d’apprentissage », a indiqué l’ACPPU dans le sondage dévoilé mardi.

L’enquête a été menée auprès de 1100 élèves de niveau secondaire et d’étudiants de niveau postsecondaire au Canada, entre le 23 avril et le 1er mai. L’échantillon comportait 300 élèves ayant obtenu leur diplôme d’études secondaires et 800 étudiants de niveau postsecondaire.

La recherche relancée

 

Magda Fusaro, rectrice de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), dit comprendre le désir des étudiants de revenir en classe. « La vie sur les campus universitaires, c’est quelque chose de vraiment important. De savoir qu’une partie des cours se donneront à distance va causer une certaine forme de déception », admet-elle.

L’UQAM planifie plusieurs scénarios en vue de la session d’automne. Les plus probables impliquent un enseignement hybride, en présence et surtout en ligne, indique la rectrice.

La relance des activités de recherche universitaire depuis la semaine dernière sert un peu de projet-pilote en vue de la rentrée d’automne, explique Magda Fusaro. L’accès aux laboratoires est contrôlé pour limiter le nombre de personnes. Les locaux ont été réaménagés pour permettre une distanciation. « Pour le moment, ça se passe bien », dit-elle.

L’Université de Montréal et l’Université McGill ont aussi annoncé une rentrée qui se fera principalement à distance en raison de la pandémie qui continue de frapper plus fort à Montréal que dans le reste du Québec.

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