La cote R annulée pour aplanir les «disparités», dit Roberge

Le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge

Le gouvernement Legault a annulé la cote R pour la session collégiale qui s’achève dans le but d’aplanir des inégalités criantes entre élèves, a fait valoir lundi le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge. Cette forme de nivellement par le bas est le prix à payer pour les conditions d’enseignement à distance inégales dans les cégeps.

La cote R est un mécanisme qui permet de comparer les résultats de chaque collégien à la moyenne de ses pairs, en plus de tenir compte de ses notes aux examens ministériels de 4e et de 5e secondaire. Cette « cote » de rendement sert à encadrer les admissions dans les programmes universitaires contingentés, comme la médecine ou le droit, par exemple.

Or, les conditions d’enseignement à distance durant la pandémie de coronavirus sont tellement inégales entre étudiants, entre cégeps, et même entre régions que le maintien de la cote R aurait « injustement désavantagé » certains collégiens, a déclaré lundi le ministre de l’Éducation.

« L’évolution de la situation sanitaire au Québec entraîne de trop grandes disparités d’enseignement entre les étudiants, les différents collèges et les régions, ce qui rend de facto inopérant ce calcul qui repose sur l’hypothèse de mêmes conditions d’enseignement pour tous », a indiqué lundi le ministre Roberge dans un communiqué.

Les syndicats d’enseignants, l’association étudiante de niveau collégial et la Fédération des cégeps sont d’accord avec la décision du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. « Les conditions d’enseignement anormales qu’on vit à cause de la pandémie font en sorte que la cote R ne voudrait plus dire grand-chose », résume Lucie Piché, présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ).

Cette cote R repose sur un enseignement et une évaluation comparables pour tous les étudiants d’une même discipline. Or, c’est tout le contraire qui se produit à cause de la pandémie : des étudiants n’ont pas accès à un ordinateur ou à Internet haute vitesse. D’autres doivent travailler dans les services essentiels, notamment dans les CHSLD, où le gouvernement les a réquisitionnés. Des stages, obligatoires ou non, ont été annulés parce que le Québec entier est mis sur pause.

Des professeurs doivent aussi travailler dans le réseau de la santé, ou doivent en même temps faire l’école à la maison à leurs enfants.

La façon d’évaluer varie aussi entre profs et entre cégeps, souligne de son côté Yves de Repentigny, vice-président de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) : certains accordent automatiquement la note de 80 % aux étudiants qui réussissent et 45 % à ceux qui échouent. La mention « incomplet » ou « équivalent » permet aussi de ne pas accorder une note chiffrée, ce qui aurait créé des « distorsions » importantes dans les cotes R.

« Il est vrai que des étudiants qui souhaitaient augmenter leur cote R seront déçus. Mais il n’existe pas de solution idéale dans le contexte de la pandémie », dit le chef syndical.

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