La Fédération des cégeps «emballée» par l’idée d’un collège bilingue

«C’est un projet que je trouve emballant», a déclaré lundi le président de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay.
Photo: Pedro Ruiz Le Devoir «C’est un projet que je trouve emballant», a déclaré lundi le président de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay.

Les cégeps ne sont pas responsables de l’érosion de la langue française, affirme la Fédération des cégeps, qui voit d’un très bon oeil le projet de cégep offrant des cours dans les deux langues à Vaudreuil.

« C’est un projet que je trouve emballant », a déclaré lundi le président de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay.

Ce projet, dit-il, permet de répondre aux besoins d’un secteur mal desservi en programmes collégiaux. Mais surtout, il est le fruit d’une belle collaboration entre deux cégeps francophones et un anglophone (Gérald-Godin, Valleyfield et John-Abbott), selon lui.

« Au lieu d’avoir une compétition entre différents collèges publics, vous avez un maillage », souligne-t-il.

Lundi, Le Devoir révélait l’existence, en banlieue de Montréal d’un projet de cégep offrant des cours techniques et préuniversitaires en français et en anglais. Le futur cégep s’établirait à Vaudreuil-Dorion, où 12 % des résidents sont issus de l’immigration.

Ce projet a été vivement dénoncé par le Mouvement Québec français (MQF). La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ, affiliée à la CSN) s’est, elle aussi, dite préoccupée par « le risque de transfert linguistique vers l’anglais ».

Selon des données du ministère de l’Éducation publiées par le MQF, les cégeps anglophones ont capté 95 % de la hausse globale de clientèle des cégeps à Montréal depuis 1995.

Pour le MQF, ces programmes sont à l’origine de la brèche dans la loi 101 qui doit être colmatée. Il juge d’ailleurs que la Loi doit s’appliquer au cégep, comme au primaire et au secondaire.

Silence des partis politiques

 

Or pour la Fédération des cégeps, ces discours sont « alarmistes ».

« Il y a aussi des choses très positives, comme le fait que deux tiers des allophones choisissent volontairement un cégep francophone », fait valoir M. Tremblay, qui s’appuie sur des données du ministère de 2019.

« Derrière [le projet de Vaudreuil], il y a une volonté des étudiants d’avoir accès à une formation soit en français, soit en anglais ou dans certains cas, bilingue », poursuit-il.

« Il ne faut pas se fermer les yeux dans un contexte où l’offre inclut aussi l’e-campus Ontario, la formation en ligne partout en Amérique du Nord, une offre privée qui peut s’installer là demain matin », poursuit-il.

Si ce projet ne se réalisait pas, « que se passerait-il ? », demande M. Tremblay. « Il va y avoir un collège privé qui va s’installer. Probablement unilingue anglais et il va peut-être y en avoir plus qu’un. Là, on parle d’une offre publique en français avec un volet qui pourrait être bilingue. »

Il ne faut pas se fermer les yeux dans un contexte où l’offre inclut aussi l’e-campus Ontario, la formation en ligne partout en Amérique du Nord, une offre privée qui peut s’installer là demain matin

En fin de semaine, le Mouvement Québec français avait invité tous les partis politiques à « revoir leur position défavorable à la loi 101 ».

Or ces voeux n’ont pas été exaucés. Aucun des partis d’opposition n’a dénoncé le projet de Vaudreuil.

Quant au gouvernement de la CAQ, il n’a pas de position claire à cet égard pour le moment. Au cabinet du ministre de l’Éducation, on nous dit que le projet à Vaudreuil est « toujours en analyse par les fonctionnaires du ministère ». On n’a pas voulu dire, par ailleurs s’il y avait des échanges à ce sujet avec le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette.

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