L’UQAR et la mer

Catherine Couturier Collaboration spéciale
Utilisation d’un canot à glace par un professeur de l’ISMER-UQAR et son équipe pour l’étude et la modélisation des interactions entre les vagues et la glace de mer
Photo: Dany Dumont Utilisation d’un canot à glace par un professeur de l’ISMER-UQAR et son équipe pour l’étude et la modélisation des interactions entre les vagues et la glace de mer

Ce texte fait partie du cahier spécial Enseignement supérieur

Alors que le Québec s’est développé grâce au Saint-Laurent, pendant des années, la recherche lui a tourné le dos. « On connaît la lune, alors qu’on ne connaît pas le fond des océans », rappelle le professeur à la retraite Serge Demers. Inclure ce domaine dans les lettres patentes de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) il y a 50 ans était donc un pari audacieux.

« La région s’est battue pour avoir son université régionale », rappelle Ariane Plourde, directrice de l’ISMER de 2014 à 2019. Dès la création de l’UQAR, les sciences de la mer font partie des grandes priorités du gouvernement pour cet établissement sis face à l’eau. La région voit alors également s’y implanter l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) Océanographie. L’INRS-Océanographie a pour mandat de faire de la recherche, alors que le Département d’océanographie de l’UQAR s’occupe de la formation des étudiants aux cycles supérieurs.

L’Institut des sciences de la mer de Rimouski (ISMER) de l’UQAR, qui rayonne mondialement aujourd’hui, naîtra de la fusion de ces deux structures en 1999. « Il y a eu plusieurs tentatives, mais qui venaient d’en haut », raconte Serge Demers, premier directeur de l’ISMER et président du comité qui a présidé sa formation. Le succès d’une initiative regroupant une vingtaine de chercheurs de l’INRS-Océanographie et de l’UQAR au sein du Groupe de recherche en environnement côtier (GREC) jette les bases en 1994 pour concevoir cette structure pérenne.

Interdisciplinarité et infrastructures

 

Les sciences de la mer occupent toujours une place majeure à l’UQAR. En plus des 23 professeurs de l’ISMER et de ses 45 professeurs associés, 33 % de l’effectif professoral de l’UQAR s’intéresse de près ou de loin au fleuve. L’ISMER, quant à lui, regroupe quatre facultés en une : la biologie, la chimie, la physique et la géologie. « La collaboration interdisciplinaire est favorisée par ce contexte ; c’est rare qu’on voie ces quatre disciplines dans un même lieu », souligne Mme Plourde.

L’Institut offre de la formation aux cycles supérieurs en plus d’avoir un fort mandat de recherche. Plusieurs structures ont d’ailleurs découlé de celui-ci, dont le Réseau Québec maritime et son programme de recherche Odyssée Saint-Laurent. En plus de l’interdisciplinarité, la recherche avec les partenaires reste au centre des préoccupations (ministères, compagnies privées, OBNL, groupes environnementaux). « Si la communauté est impliquée, c’est là qu’on trouve les meilleures solutions de terrain », croit Mme Plourde.

L’ISMER dispose d’équipements uniques, comme une station aquicole, qui puise directement de l’eau de l’estuaire. Plusieurs bassins sont utilisés pour différents projets : aquaculture, étude des algues, écotoxicologie. Le navire de recherche Coriolis II permet également de former les étudiants dès leur arrivée, et favorise les collaborations internationales, par exemple avec l’Argentine.

Vague d’intérêt

Depuis la création de l’UQAR, plus de 450 maîtrises et 130 doctorats ont été décernés en sciences de la mer. Les étudiants de premier cycle intéressés par le domaine se dirigent souvent dans les départements de biologie, chimie ou géographie. L’ISMER a aussi créé un programme de DESS en 2017 : « Beaucoup d’étudiants voulaient avoir davantage de connaissances, mais pas nécessairement travailler en recherche », explique Mme Plourde.

Les collaborations avec les partenaires du milieu donnent par ailleurs la chance aux étudiants de s’impliquer dans les milieux de pratiques, comme à l’Institut Maurice-Lamontagne de Pêches et Océans Canada, qui a recruté plusieurs diplômés dans les dernières années.

Après plusieurs années à naviguer en eaux troubles, les chercheurs voient avec soulagement la priorisation de l’océanographie des dernières années, notamment avec la mise sur pied par le gouvernement provincial de la Stratégie maritime du Saint-Laurent en 2014. La décennie 2021-2030 a aussi été décrétée celle des océans par les Nations unies. « Sur le plan de la recherche, de la formation comme de l’innovation, le Saint-Laurent est un banc d’essai extraordinaire », affirme Guillaume St-Onge, directeur de l’ISMER en poste depuis le 1er janvier. Tous les enjeux mondiaux s’y retrouvent : gestion des berges, pollution, plastiques, changements climatiques, etc. « L’ISMER est bien placé pour former tant les scientifiques que les leaders de demain », conclut-il.

L'océanographie à l'UQAR en quelques dates

1970 Création de l’UQAR et inscription de la mission de formation et de recherche en océanographie dans les lettres patentes

1972 Lancement du programme de maîtrise

 

1982  Lancement du programme de doctorat

1988  Premier navire de recherche, l’Alcide C. Horth

1990  Inauguration de la station aquicole

1999  Fusion de l’INRS-Océanographie et du Département d’océanographie de l’UQAR pour créer l’ISMER

2002  Remplacement de l’Alcide C. Horth par le Coriolis II

2016  Mise sur pied du Réseau Québec maritime (RQM) par l’UQAR

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.



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