Pas de recherche scientifique sans relève

Catherine Martellini Collaboration spéciale
Maintenir l'intérêt des jeunes pour la recherche est l'un des objectifs des congrès qu'organise l'Acfas.
Photo: François Lafrance Maintenir l'intérêt des jeunes pour la recherche est l'un des objectifs des congrès qu'organise l'Acfas.

Ce texte fait partie du cahier spécial Acfas

Une proportion non négligeable de toutes les publications scientifiques au pays est réalisée par des étudiants à la maîtrise, au doctorat et au postdoctorat. Un signe qui montre toute leur contribution à l’écosystème de la recherche et à la production de nouvelles connaissances.

Les doctorants participeraient au tiers (33 %) des articlesuniversitaires québécois, selon des chiffres de 2007 tirés de la thèse de doctorat de Vincent Larivière. Ce dernier y souligne que cette proportion représente à elle seule plus que l’ensemble des hôpitaux universitaires de la province, en ce qui a trait au nombre d’articles.

Et c’est sans compter l’apport des postdoctorants et des étudiants à la maîtrise, qui réalisent aussi des études seuls ou en collaboration avec d’autres chercheurs. À l’Acfas, cette clientèle correspond à 41 % de tous ses membres.

« C’est donc primordial de maintenir leur intérêt dans la recherche et de s’assurer qu’ils développent aussi des compétences qui seront utiles dans d’autres secteurs », précise Lyne Sauvageau, présidente de l’Acfas, en rappelant que c’est justement la mission des Journées de la relève en recherche organisées par l’Acfas.

L’édition de cette année prévoit 200 participants, dont 45 % d’étudiants au doctorat et 40 % à la maîtrise. « Ces journées attirent aussi des gens qui sont avancés dans leur carrière en recherche, signe qu’ils y trouvent aussi matière à combler leurs besoins », ajoute-t-elle.

En effet, cet événement leur offre une vingtaine d’ateliers de formation pour les soutenir dans leurs recherches, mais aussi dans l’acquisition de compétences connexes : organisation du travail et du temps, rédaction de demandes de bourses, vulgarisation, maintien de sa motivation, etc.

La nécessaire valorisation de la relève

 

La présidente de l’Acfas demeure optimiste par rapport à la relève en recherche, même si seul le tiers des 25-34 ans ont un diplôme de premier cycle universitaire au Québec, une proportion qui le place en deçà de la moyenne des pays de l’OCDE.

« On pourrait certainement en faire davantage pour les attirer dans des parcours en recherche, lesquels sont à la base d’une économie du savoir », soutient-elle. C’est dans cet esprit que l’Acfas s’est récemment doté d’un comité de relève pour guider son conseil d’administration afin de mieux répondre aux besoins précis de cette catégorie de membres.

Cet encouragement à poursuivre des études supérieures devrait se traduire par plus d’investissements pour soutenir le système d’éducation. « Il ne peut y avoir trop d’investissements dans l’avenir », rappelle-t-elle.

Outre cet aspect de financement, la valorisation se révèle une autre manière d’y parvenir et de montrer en quoi les recherches sont profitables pour l’ensemble de la société. « Ce développement de connaissances nous rendra plus flexibles pour répondre aux nombreux défis sociétaux qui sont à nos portes — vieillissement de la population, changements climatiques, etc. —, et renforcera nos propres capacités d’innovation pour surmonter ceux-ci », insiste-t-elle.

La valorisation peut se faire de diverses façons, notamment en mettant en avant les histoires de succès. Les Prix de la relève remis par l’Acfas en sont un bon exemple.

Les Journées de la relève présentent également le cheminement diversifié de personnes inspirantes qui ont, à un certain moment de leur carrière, mené des recherches, comme Catherine Légaré, qui a fondé Academos, puis Élo, une application Web pour simplifier le mentorat.

« Si on sort du milieu universitaire, socialement aussi, les gens n’affichent pas beaucoup l’apport de leur parcours universitaire dans leurs réalisations, estime la présidente de l’Acfas. Il faudrait davantage valoriser les personnes qui font des études à la maîtrise, au doctorat ou au postdoctorat. »

Vulgariser pour rayonner

 

Une partie du travail de valorisation repose également sur une meilleure communication des résultats.

L’Acfas a lancé il y a maintenant 10 ans le concours Ma thèse en 180 secondes, que Lyne Sauvageau compare aux « Jeux olympiques » de la vulgarisation scientifique, et qui réunit des participants d’une vingtaine de pays. La finale nationale se tient chaque année dans le cadre du Congrès de l’Acfas, et c’est l’occasion pour les étudiants finalistes de mettre en valeur leur recherche et de la faire rayonner.

Les gagnants se rendent ensuite dans un pays hôte qui change chaque année, où ils ont la chance pendant une semaine de participer à des activités sociales et scientifiques. « On les met en relation avec des gens et on leur offre des formations pour parfaire leurs compétences en communication et en vulgarisation scientifique », mentionne-t-elle.

D’ailleurs, quatre des ateliers des Journées de la relève de 2019 ont pour thème la communication scientifique, preuve que cette dimension suscite de l’intérêt auprès de la relève.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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