Université de Montréal: Nicolas Bernier, l’artiste mentor

Catherine Couturier Collaboration spéciale
Nicolas Bernier veut que ses étudiants sortent de leur zone de confort.
Photo: Amélie Philibert Nicolas Bernier veut que ses étudiants sortent de leur zone de confort.

Ce texte fait partie du cahier spécial Enseignement supérieur

Nicolas Bernier a parfois un peu de difficulté à réaliser où il en est rendu. Celui qui n’avait pas nécessairement envisagé une carrière universitaire est maintenant professeur à la Faculté de musique de l’Université de Montréal depuis 2015. Portrait d’un enseignant au parcours éclectique.

J’ai vraiment été chanceux. J’ai pu vivre pendant dix ans, sans compromis, de ma vie d’artiste sonore expérimental, ce qui est très pointu comme niche », raconte Nicolas Bernier. Avant de porter le titre de professeur adjoint à la Faculté de musique de l’Université de Montréal, Nicolas Bernier a enregistré plus d’une dizaine de disques solos, collaboré avec de nombreux autres musiciens (de Jérôme Minière à Timber Timber) et artistes multidisciplinaires (arts visuels, danse et théâtre), et s’est produit partout dans le monde. Son parcours est parsemé de bifurcations heureuses, nous raconte, dans les locaux de la Faculté, celui qui s’est inscrit au baccalauréat en musique alors qu’il travaillait en Web. « Je n’avais jamais étudié en musique, contrairement à la majorité de mes collègues », se rappelle-t-il.

De la salle à la salle de classe

« Ça va faire six ans que je suis ici et, parfois, je ne comprends pas ! » s’exclame Nicolas Bernier. Mais pourquoi se tourner vers le monde universitaire ? « Après dix ans à travailler comme artiste, je me suis dit qu’il serait intéressant de pouvoir transmettre ces expériences accumulées à d’autres personnes », confie le spécialiste en musique numérique. Les astres se sont alignés lorsque l’Université de Montréal, où il avait d’ailleurs fait son baccalauréat et sa maîtrise, a ouvert un poste en création. Le directeur de thèse de M. Bernier (qui poursuivait alors un doctorat à l’Université de Huddersfield, en Angleterre), un expatrié de Montréal comme lui, le convainc alors de postuler. « Contre toute attente, j’ai eu le poste », se souvient M. Bernier.

La réception d’un prix d’excellence en enseignement de l’Université de Montréal à l’automne lui a confirmé qu’il allait dans la bonne direction : « Je suis très content ! Comme artiste, on est habitué à avoir une rétroaction immédiate après un concert. Comme professeur, c’est beaucoup moins tangible. »

Peut-être à cause de son expérience comme artiste, le professeur privilégie dans ses classes une approche basée sur l’improvisation et la prise de risque. « Je fais moi-même des erreurs et me mets dans des situations instables. C’est très inconfortable ! » affirme M. Bernier. Dans ses cours de performance sonore, il improvise devant les élèves, ce qui leur permet de mieux comprendre le véritable processus de création, avec sa magie… ou ses échecs. Une philosophie qu’il applique également par rapport au travail des étudiants : « Je veux que les étudiants sortent de leur zone de confort, se dépassent. S’il y a un moment où on a le droit de se tromper, c’est bien à l’université. La vraie recherche de création passe par l’échec », croit-il.

Si son bagage d’artiste permet d’ancrer sa pédagogie dans le quotidien, le professeur constate que l’enseignement lui apporte une nouvelle vision de l’art, même si la cohabitation n’est pas toujours évidente : « Comme je suis du genre un peu radical, j’ai de la difficulté à faire cohabiter les deux et je ne voudrais surtout pas faire les deux “à moitié” », précise-t-il.

L’enseignement a ainsi influé sur sa façon de penser la démarche de création, notamment à travers l’ensemble d’oscillateurs (voir encadré), un projet pédagogique, mais également de création. « Ce projet m’a mené vers des aspects de la pratique que je n’aurais jamais imaginé aborder : écriture et transcription de partitions, arrangements, direction d’ensemble, ce qui m’a curieusement rapproché d’une pratique plus traditionnellement instrumentale, moi qui ai toujours travaillé dans une optique plus abstraite de la création sonore », souligne M. Bernier. Les découvertes musicales amenées par ses étudiants et les conversations riches avec ceux-ci ont également une incidence majeure sur sa pratique : « les enseignants donnent beaucoup, mais les étudiants nous en apprennent tout autant en retour ! » conclut-il.

L’ensemble d’oscillateurs

Une des innovations que le professeur Bernier a apportées à son arrivée est l’instauration d’un ensemble d’oscillateurs. L’oscillateur est à l’origine un équipement de test électronique, dont les pionniers de la musique électronique ont détourné l’usage dans les années 1950 et 1960. M. Bernier désirait ainsi créer un ensemble pour faire découvrir le plaisir de faire de la musique en groupe aux étudiants en musique électronique, plus habitués à travailler isolés devant leur ordinateur. L’utilisation d’un outil simple (à seulement deux boutons !) permet aux étudiants de se concentrer sur la dynamique de groupe.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.



À voir en vidéo