Le «milieu de vie» du futur

Anne-Sophie Poiré Collaboration spéciale
L'école du futur sera carboneutre et à aires ouvertes.
Photo: Pierre Thibault Architecture L'école du futur sera carboneutre et à aires ouvertes.

Ce texte fait partie du cahier spécial École privée

L’architecte Pierre Thibault, l’une des têtes derrière le projet du Lab-École, réalisera son premier établissement d’enseignement : le nouveau collège Sainte-Anne.

Pierre Thibault s’intéresse à l’aménagement des établissements d’enseignement depuis plusieurs années. Il y a quatre ans, l’architecte et Ugo Cavenaghi, directeur du collège Saint-Anne, entreprenaient leur premier voyage commun à Copenhague pour s’inspirer de l’architecture scandinave, et bienveillante.

A contrario, l’école actuelle au Québec s’apparente au modèle carcéral, croit Pierre Thibault : des corridors fermés, des salles de classe cloisonnées, une cloche pour annoncer les brefs moments de liberté, des enfants en rang qui doivent demeurer en silence.

Les mots d’ordre pour l’école du futur : diversité des espaces et du mobilier, lumière naturelle et acoustique. Pierre Thibault s’apprête à dessiner un collège presque entièrement à aire ouverte. Les corridors et les escaliers fermés sont troqués contre des espaces informels. Le cœur de l’école : un gradin, bien au centre, à la manière de la place publique d’un village. « Il servira d’escalier et de lieu de rassemblement pour des conférences, des débats ou un match d’improvisation », illustre l’architecte.

Une attention particulière sera ainsi portée à l’acoustique. « Beaucoup de matériaux insonorisant seront placés entre les lattes de bois », précise M. Thibault. Il assure toutefois que dans un environnement ouvert, les gens ont tendance à moduler leur voix et à respecter l’espace partagé.

Puis, l’école du futur sera carboneutre. Pour y arriver, l’architecte aura recours à l’extérieur. L’été, une grande coursive servira de pare-soleil pour éviter la surchauffe, et par temps froids, le soleil tiédira l’intérieur. « L’exposition à la lumière naturelle renforce le système immunitaire, limite le décrochage scolaire, et les variétés d’éclairage favorisent la stimulation », explique M. Thibault.

La lumière naturelle circulera partout ; l’aménagement de l’espace créera une ventilation naturelle ; l’eau de pluie sera récoltée pour abreuver la végétation à l’intérieur comme à l’extérieur ; la cafétéria sera zéro déchet ; des panneaux solaires installés sur le toit produiront de l’énergie. « Cette école doit faire école », laisse tomber Ugo Cavenaghi.

La nouvelle pédagogie selon Sainte-Anne

 

Un parcours personnalisé qui se rapproche de celui de l’école alternative, une pédagogie qui repose sur l’éducation sensorielle et kinesthésique de l’enfant selon le modèle de Maria Montessori, le développement des compétences du XXIe siècle et la pédagogie active du Cours de demain déjà instauré dans l’établissement d’enseignement : le collège Sainte-Anne s’est inspiré du « meilleur des différents systèmes pédagogiques » pour la vision de son école du futur, en cohérence avec l’architecture du bâtiment.

Selon Isabelle Senécal, directrice de l’innovation pédagogique au collège Sainte-Anne, deux grands défis freinent la révolution pédagogique. « Tout le monde participe aux mêmes cours, à la même heure, au même moment, et les matières sont enseignées en vase clos, explique-t-elle. Le modèle d’apprentissage actuel est statique et rigide. »

Le modèle pédagogique Sainte-Anne revu et corrigé mise sur l’interdisciplinarité, le co-enseignement et la flexibilité. La pédagogie active mettra l’élève en action. Les évaluations seront davantage intégrées. Tous les besoins de l’apprenant seront comblés, assure Mme Senécal. « Le matin, les élèves seront groupés en équipes de six pour une séance de mentorat. Il y aura des périodes de pratiques autonomes et d’autres en grands groupes. »

L’horaire des élèves sera également assoupli. L’année scolaire commencera plus tôt, à la mi-août, mais la journée s’amorcera plus tard, vers 9 h 30, pour satisfaire les besoins de sommeil des adolescents. Des congés de deux semaines seront placés ici et là, et l’heure du dîner sera allongée pour permettre les activités.

« On ne jette pas le bébé avec l’eau du bain, prévient toutefois Isabelle Sénécal. On continue l’apprentissage disciplinaire. Le modèle pédagogique cadrera avec la réalité québécoise : Loi sur l’enseignement privé, bulletin unique et respect des programmes et des prescriptions ministérielles. »

L’idée, selon elle, est de redéfinir l’expérience d’apprentissage et de former des jeunes confiants, conscients et engagés. Ils apprendront à développer des compétences (compétences disciplinaires, apprendre à apprendre, créativité, collaboration, communication, pensée critique), et des attitudes (courage, intégrité, citoyenneté, équilibre). « Tout le monde a besoin de trouver plus de sens à l’école », fait-elle valoir.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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