Pour une intégration réussie

Ce texte fait partie du cahier spécial Semaine internationale de la francophonie
L’Université de Montréal (UdeM) est fréquentée par de plus en plus d’étudiants qui n’ont pas le français comme langue d’usage et « il faut être innovant et trouver de nouvelles façons de les accueillir », lance d’emblée Monique C. Cormier, professeure titulaire, vice-rectrice associée à la langue française et à la francophonie au vice-rectorat aux affaires internationales et à la francophonie.
Bien sûr, des cours de français existent, mais il faut d’autres façons de donner accès à la langue française, et c’est ainsi que le programme de jumelage linguistique a vu le jour l’an dernier à l’UdeM. « Ce programme fait en sorte de jumeler un étudiant qu’on appelle mentor à un étudiant non francophone qui étudie au cycle supérieur », explique celle qui est également la directrice du Bureau de valorisation de la langue française et de la francophonie. Chaque année, l’UdeM accueille des étudiants qui, en sciences fondamentales, vont venir passer quelques sessions dans un laboratoire ou avec un professeur en particulier. Ce sont les mentorés : « Cette année, ces étudiants proviennent de 13 pays, ajoute-t-elle. Pour eux, le français est une troisième ou même une quatrième langue. » Ce projet de jumelage a été conçu afin d’accompagner les étudiants pour faire en sorte qu’ils puissent fonctionner en français à l’UdeM au quotidien.
Nous cherchons à ce que l’étudiant ait un minimum de vocabulaire général lié à la recherche scientifique
Les mentors sont aussi des étudiants, mais ils proviennent quant à eux des départements de linguistique, de littérature ou de la Faculté des sciences de l’éducation. « Ce sont tous des étudiants ayant un intérêt pour la question linguistique et, de plus, ils sont rémunérés », insiste la professeure. Si le service est en effet complètement gratuit pour les mentorés, les mentors reçoivent quant à eux un salaire.
À raison de deux heures par semaine, le mentor rend visite à son mentoré sur son lieu de recherche. Cette année, l’objectif pour la session d’automne aura été de faire en sorte que l’étudiant puisse fonctionner dans son quotidien d’universitaire, à la bibliothèque, à la cafétéria ou au secrétariat, « pour qu’il puisse interagir en français sur le campus ». Dans le présent trimestre, l’étudiant devra être en mesure de parler minimalement de sa recherche. Il pourrait par exemple présenter une communication en français sans toutefois entrer dans la terminologie de sa discipline. « Nous cherchons à ce que l’étudiant ait un minimum de vocabulaire général lié à la recherche scientifique », précise Monique Cormier.
Vers un élargissement
Tout au long de l’année universitaire, les mentors sont guidés par une coordonnatrice, dont le rôle est de donner des formations. « Parallèlement, on a mis en place un projet de création de matériel pédagogique à l’attention des mentors », ajoute la directrice. Ce matériel libre de droits sera prochainement mis en ligne et pourra être utilisé non seulement par les mentors de l’UdeM, mais par toute autre université qui voudrait s’en inspirer.
« Un mentoré s’exprimera facilement devant son mentor et va prendre de l’assurance parce qu’une relation s’établit entre eux », affirme la directrice, qui mentionne que l’activité suscite un grand intérêt et que le Bureau de valorisation de la langue française reçoit de nombreuses demandes. Un tri doit alors se faire.
Ainsi, les mentors doivent non seulement être issus des programmes déterminés, mais aussi faire preuve d’empathie et d’ouverture. « Plusieurs de nos mentors sont eux-mêmes passés par le processus d’immigration ou de francisation », explique la professeure, qui ajoute que « c’est une expérience professionnelle, mais c’est également une expérience humaine ». Quant aux mentorés, ils devront se plier à un court entretien et démontrer leur motivation. Un contrat moral est signé, dans lequel l’étudiant s’engage à terminer le programme.
Parce que celui-ci a très bien fonctionné cette année, Monique Cormier songe à augmenter le nombre de participants l’an prochain. C’est un programme personnalisé qui fait ses preuves et « c’est un moyen de francisation qui s’ajoute à d’autres, précise Mme Cormier. Ça ne les remplace pas, mais ça vient bonifier l’offre qui est proposée aux étudiants ».
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