Des services éducatifs de qualité, un gage de réussite

Marie-Hélène Alarie Collaboration spéciale
L’apprentissage qui est offert dans les services éducatifs de la petite enfance est complémentaire à la stimulation vécue au sein de la famille.
Photo: iStock L’apprentissage qui est offert dans les services éducatifs de la petite enfance est complémentaire à la stimulation vécue au sein de la famille.

Ce texte fait partie du cahier spécial Éducation

Fannie Dagenais, présidente de l’Observatoire des tout-petits, insiste : la qualité est le seul critère qui devrait guider les décideurs en matière de services éducatifs.

« On sait que la petite enfance est une fenêtre d’opportunité sur le plan du développement de l’être humain, lance-t-elle d’entrée de jeu. À cet âge, le cerveau des tout-petits est plus réceptif aux stimulations. » Par exemple, on sait qu’entre l’âge d’un et deux ans, la zone du cerveau responsable du développement du langage est la plus sensible. Avant l’âge de quatre ans, la zone responsable de la compréhension des nombres est quant à elle réceptive aux stimulations, « d’où l’importance de s’assurer d’offrir des environnements stimulants aux tout-petits », précise la directrice.

L’apprentissage qui est offert dans les services éducatifs de la petite enfance est complémentaire à la stimulation vécue au sein de la famille. Au Québec, une bonne quantité d’enfants fréquentent ces services jusqu’à cinq jours semaine et à raison de huit heures chaque jour. « C’est donc beaucoup d’heures et on doit se préoccuper de la qualité de ces services, lance Fannie Dagenais. Une abondante littérature scientifique démontre que le fait de fréquenter un service éducatif de qualité — j’insiste encore sur le terme de qualité — peut avoir toutes sortes d’effets positifs sur le développement de l’enfant », que ce soit au niveau affectif, langagier, physique, moteur ou cognitif.

À long terme, le fait d’avoir fréquenté un service éducatif de qualité est associé à la diminution chez les tout-petits de problèmes d’anxiété, de dépression ou de comportements agressifs. À l’âge de 12 ans, chez les enfants de milieu défavorisé, on l’associe à de meilleurs résultats en lecture, en écriture et en mathématiques. « Ça agit comme un facteur de protection », ajoute Mme Dagenais.

Faire mieux

 

L’Observatoire a répertorié les études menées sur le sujet au Québec. « Il faut admettre qu’il y en a peu et qu’elles datent », souligne la directrice. Il y a d’abord eu la grande enquête « Gandir en qualité » réalisée en 2003 et en 2014 par l’Institut de la statistique. Elle s’intéressait aux garderies subventionnées, en milieux familiaux subventionnés, aux centres de la petite enfance (CPE) et aux garderies non subventionnées. L’Observatoire s’est aussi penché sur d’autres études menées dans les maternelles 4 ans à temps complet en milieu défavorisé. « On y retrouve tous les types de services, et ce qui ressort, c’est qu’une proportion non négligeable de tout-petits fréquente des services éducatifs de faible ou de très faible qualité », déplore Fannie Dagenais, qui souligne que cette proportion est toutefois peu élevée dans les CPE, mais qu’on pourrait quand même faire mieux sur certains éléments.

À l’heure où le débat fait rage sur le type même de services à offrir aux tout-petits — services éducatifs ou maternelle 4 ans —, « on doit garder en tête que l’important, c’est de se soucier d’abord de la qualité. On a la chance d’avoir des critères de qualité documentés scientifiquement sur lesquels on peut se baser pour améliorer les services », rappelle-t-elle.

Exelsior

 

Mais de quoi parle-t-on exactement quand il est question de qualité ? « Ce ne sont pas nécessairement des locaux décorés feng shui ou une surabondance de jouets ! » affirme Mme Dagenais. Ce serait plutôt des horaires constants, mais souples, qui respectent le rythme des tout-petits. Des éducatrices ou des enseignantes qui connaissent bien le niveau de développement des enfants et qui accompagnent leurs jeux, qui encouragent l’autonomie et qui donnent des consignes claires.

« Évidemment, la qualité du personnel est un critère très important, continue la présidente de l’Observatoire. Mais c’est tout aussi important d’avoir à sa disposition du matériel qui favorise le développement, un espace extérieur bien aménagé qui permet aux enfants de jouer et de se développer, et finalement, une bonne communication avec les parents », explique-t-elle. Dans ce contexte de qualité, la formation du personnel est prioritaire et les exigences doivent être élevées. « On doit s’assurer d’avoir du personnel qui connaît bien les étapes du développement, qui peut donc accompagner les enfants de cet âge précis parce qu’il comprend bien leurs besoins », spécifie Fannie Dagenais. Les éducatrices ainsi formées sont en mesure de détecter les petits problèmes ou les défis qui viendraient à se présenter chez un enfant, et sont bien outillées pour l’accompagner.

Pour augmenter la qualité des services éducatifs, les solutions touchent la formation et les conditions de travail, mais d’autres critères entrent aussi en ligne de compte. « La structure du service, comme le ratio entre le nombre d’adultes et le nombre d’enfants, est elle aussi importante », affirme Fannie Dagenais.

À l’heure actuelle, on voit des écarts entre les normes appliquées dans les CPE et les maternelles 4 ans. En CPE, on retrouve un adulte pour 10 enfants, alors qu’en maternelle 4 ans, une enseignante peut accueillir jusqu’à 18 enfants dans sa classe. « Un ratio plus petit permet une meilleure qualité d’accompagnement et comme les maternelles 4 ans ont été implantées dans les milieux défavorisés, on peut penser qu’elles accueillent des enfants qui ont un peu plus besoin d’accompagnement », souligne Fannie Dagenais. Elle parle aussi de l’aménagement de l’espace, où le matériel doit être adapté aux tout-petits. Un autre critère de succès repose sur les conditions d’implantation ; l’implication des parents dans le conseil d’administration d’un établissement peut être un facteur associé à une meilleure qualité.

Le mandat de l’Observatoire est d’apporter les connaissances scientifiques actuelles sur les différentes problématiques et de les communiquer aux élus et aux décideurs afin de contribuer à ce que les décisions qui se prennent soient éclairées.

Fannie Dagenais en est convaincue, il est très important de pouvoir détecter les problématiques et d’intervenir tôt. Mais selon elle, on doit agir de façon préventive en offrant les meilleures conditions possible aux tout-petits pour favoriser leur plein développement. « Offrir des services éducatifs de qualité, c’est agir de façon préventive parce que l’enfant va se retrouver dans un environnement stimulant, adapté à sa réalité et où il sera accompagné par un adulte qui comprend bien son stade de développement », conclut la directrice.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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