Les profs veulent parler salaire avec le ministre Proulx

Si les enseignants ont « l’emploi le plus important dans une société », comme l’affirme le ministre de l’Éducation, ils méritent une augmentation de salaire. Surtout qu’ils ont les salaires les plus bas au Canada, rappellent les syndicats.
Les réactions ont été mitigées aux débats d’idées souhaités par le ministre Sébastien Proulx dans son livre lancé mardi à Québec. L’homme politique propose une série de réformes destinées à valoriser la profession d’enseignant, comme la création d’un ordre professionnel et une formation universitaire de deuxième cycle obligatoire pour les futurs maîtres.
« On nous propose toujours des solutions qui ne coûtent rien en éducation ! » a déclaré Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE), affilié à la CSQ.
«Ça ne change rien »
«Un ordre des enseignants ou une formation obligatoire de maîtrise, ça ne coûte rien et ça ne change rien. Par contre, on est les enseignants les moins bien payés au Canada. Est-ce qu’on va pouvoir parler de salaire ? » ajoute-t-elle.
Une étude de Statistique Canada dévoilée dans les jours précédant Noël confirme que les professeurs du primaire et du secondaire au Québec sont les moins bien payés en début de carrière, après 10 ans de pratique et au sommet de l’échelle salariale. Ce sont aussi ceux qui doivent attendre le plus longtemps au pays (15 ans) avant d’atteindre l’échelon supérieur.
Bref, il y a du rattrapage à faire avec le reste du Canada pour les enseignants, rappelle Josée Scalabrini. Jusqu’à maintenant, le gouvernement Couillard, dirigé par deux médecins spécialistes, s’est contenté de faire du rattrapage pour les médecins.
Des mesures positives
Égide Royer, professeur associé à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval, estime que les enseignants ont de bons arguments pour justifier des hausses salariales. « Si on rend la maîtrise obligatoire pour les enseignants, c’est évident qu’il va falloir que les salaires augmentent », dit-il.
Il est favorable aux mesures proposées par le ministre Proulx dans son livre. L’Ontario a connu une hausse spectaculaire de son taux de diplomation en prenant des décisions semblables à celles mises en avant par le ministre, explique le professeur : ordre professionnel des enseignants, maternelle 4 ans — et école obligatoire jusqu’à 18 ans, ce qui reste un lointain objectif au Québec.
« La qualité de l’enseignement est déterminante pour la réussite des élèves. Un bon professeur peut changer le cours d’une vie. Les syndicats s’opposent à la création d’un ordre des enseignants, mais ils livrent une lutte corporatiste : s’ils doivent choisir entre défendre leurs membres et défendre l’intérêt du public, ils vont défendre leurs membres en priorité », dit Égide Royer.
De son côté, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a souligné que les profs sont épuisés à cause d’une série de facteurs, dont l’alourdissement des tâches, la multiplication des élèves ayant des besoins particuliers et le manque de professionnels (psychologues, orthophonistes, etc.) pour les appuyer.