L'UQAM est en voie de récolter 50 millons de dons privés

Déçues des signaux financiers que leur envoie le gouvernement, les universités continuent d'envahir le marché de la philanthropie: au tour de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) de solliciter le privé pour une cagnotte de 50 millions, dont 80 % sont déjà amassés.

Au moment où Québec annonce aussi des ponctions de 63 millions dans l'aide financière aux étudiants, l'UQAM choisit par ailleurs de consacrer la part du lion de cette «campagne majeure de développement», soit 12,5 millions, à l'augmentation de son soutien aux étudiants de tous les cycles d'étude sous la forme de bourses.

«Le financement public, c'est le poumon, l'âme, le centre nerveux du fonctionnement d'une université comme l'UQAM», a expliqué hier le recteur de l'établissement, Roch Denis. «Le financement privé, c'est un baume, c'est essentiel mais complémentaire. Les universités n'iront jamais chercher là un substitut au soutien public.»

Active depuis déjà plusieurs mois de façon silencieuse, l'UQAM a réussi à convaincre entreprises et individus de «prendre position» pour elle — le thème de cette campagne qui s'échelonne jusqu'en 2007 — à hauteur de plus de 40 millions. Présidée par Réal Raymond, président et chef de direction de la Banque Nationale et diplômé de l'UQAM, la campagne a attiré une quinzaine de «donateurs exceptionnels», c'est-à-dire qui ont accepté de verser plus de 500 000 $ à l'UQAM.

«Avec les 150 000 diplômés et plus que compte l'UQAM et ses 35 ans d'histoire, notre défi est maintenant de convaincre la communauté d'individus d'appuyer leur alma mater», explique Roch Denis.

L'établissement dévoile la nature de ses visées financières alors qu'une grande partie du travail de sollicitation est effectué. Son objectif de 50 millions est-il modeste? «Peut-être pas autant qu'il n'y paraît», affirme le recteur. «Pour l'UQAM, qui est jeune, qui n'a pas de secteur de médecine, de biomédical ou de génie, c'est beaucoup d'argent!» La dernière campagne de financement de l'UQAM, qui avait eu lieu en 1996, avait permis d'amasser 23 millions de dollars.

«Je crois que les entreprises doivent appuyer les universités, aujourd'hui plus que jamais», a commenté Réal Raymond, de la Banque Nationale, qui affirme avoir accepté cette invitation à mener le bal financier de l'UQAM sans hésiter.

En plus des bourses aux étudiants, les projets soutenus par cette campagne comptent la construction du Coeur des sciences, déjà enclenchée, le soutien aux bibliothèques (cinq millions de dollars), la création d'un centre chorégraphique, d'un laboratoire de didactique des sciences et le développement d'instituts de recherche.

Outre M. Raymond, le cabinet de cette campagne compte aussi Paul Desmarais Jr, de Power Corporation, Michael Sabia, de Bell Canada, Daniel Leclair, d'Hydro Québec, Micheline Martin, de la Banque Royale, Pierre J. Jeanniot, chancelier de l'UQAM, et Guy Marier, de Bell Québec.

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