Le projet Lab-École sera testé dans cinq ou six écoles d’ici 2021

Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, l’architecte Pierre Thibault, le chef Ricardo Larrivée et l’athlète Pierre Lavoie ont dévoilé les grandes lignes de l’«école du futur».
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, l’architecte Pierre Thibault, le chef Ricardo Larrivée et l’athlète Pierre Lavoie ont dévoilé les grandes lignes de l’«école du futur».

« L’école du futur » sur laquelle travaillent Ricardo Larrivée, Pierre Thibault et Pierre Lavoie sera d’abord testée dans « cinq ou six » écoles qu’on souhaite voir construire d’ici 2021, a fait savoir le trio mardi lors d’une conférence de presse aux côtés du ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx.

« Malheureusement, on ne pourra pas faire toutes les écoles, mais on veut qu’il y ait des phares pour éclairer les façons de faire », a expliqué l’architecte Pierre Thibault lors d’une conférence de presse très courue dans une école secondaire de la capitale.

Les premières écoles devraient ouvrir leurs portes à l’automne 2021, a-t-il précisé en ajoutant que le groupe se donne ensuite un an pour voir quelles en sont les retombées.

Comment seront-elles choisies ? « Les critères ne sont pas vraiment définitifs, mais ce qu’on veut, c’est des gens vraiment motivés. Quand on veut innover, ça prend une direction d’école motivée », a-t-il précisé.

Au fond de la salle, les étudiants de M. Thibault avaient disposé des maquettes représentant des écoles modèles en France, en Asie. Le professeur a ajouté qu’une quarantaine d’étudiants en architecture et en éducation faisaient de la recherche pour lui sur ce projet.

Le trio a en outre lancé un appel aux villes pour qu’elles réservent « leurs plus beaux terrains » aux écoles à l’avenir pour mieux les intégrer à leur milieu, permettre aux enfants de s’y rendre à pied et de profiter des espaces verts.

Malheureusement, on ne pourra pas faire toutes les écoles, mais on veut qu’il y ait des phares pour éclairer les façons de faire

Pas d’argent supplémentaire

Du côté du gouvernement, le ministre a expliqué que Lab-École ne nécessiterait pas de fonds supplémentaires. « Lab-École est là pour réfléchir », a déclaré le ministre Sébastien Proulx. « Avec le même dollar, on peut faire mieux », a-t-il répété.

Seulement l’an dernier, le gouvernement a investi environ 1 milliard dans la construction et la rénovation d’écoles.

Le ministère a en outre consenti une hausse de 15 % du budget consacré aux projets de rénovation pour leur donner plus de flexibilité. Pour le reste, 3 millions sur deux ans ont été libérés spécifiquement pour Lab-École.

Quant au « cadre de référence » du gouvernement auquel on a souvent reproché la banalité architecturale des écoles, il n’a pas encore été revu, mais on y travaille, a répondu le ministre. « Il y a des travaux qui se font déjà au ministère et de manière plus active, je vous dirais. »

Ces derniers mois, Ricardo Larrivée, Pierre Lavoie et Pierre Thibault ont visité une trentaine d’écoles et ils comptent en visiter vingt autres d’ici Noël. Lors de ces arrêts, ils rencontrent notamment des élèves de 4e, 5e et 6e années pour leur demander ce qu’ils souhaiteraient comme changements.

Certains ont réclamé « plus de couleur », des « gymnases ouverts sur la cour d’école », des « toits verts ».

Un exercice inutile, selon les syndicats

Cette présentation n’a toutefois pas convaincu tout le monde. Pour la CSQ (Centrale des syndicats du Québec), Lab-École n’a toujours pas sa raison d’être.

« Le personnel de l’éducation détient l’expertise nécessaire », plaide-t-on en ajoutant qu’on n’a pas « besoin de se tourner vers des vedettes ».

La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) n’en pense pas moins. Dénonçant ce qu’il considère comme une « une opération de relations publiques », son porte-parole, Sylvain Mallette, y voit aussi une manière de « maquiller » les tares du système.

Plus tôt à l’Assemblée nationale, le Parti québécois et Québec solidaire avaient écorché Lab-École en faisant valoir que d’autres actions devaient primer ce projet.

« C’est bien beau parler d’architecture et du menu de la cafétéria, mais la question fondamentale pour l’école québécoise du XXIe siècle, c’est celle de l’égalité des chances », a déclaré Gabriel Nadeau Dubois aux côtés d’Alexandre Cloutier du PQ.

Pour les deux députés, le gouvernement doit plutôt en priorité agir pour freiner la ségrégation scolaire dénoncée dans le rapport de 2016 du Conseil supérieur de l’éducation.

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