Rendez-vous Pile : innover pour la société

Camille Feireisen Collaboration spéciale
La directrice du Service des partenariats et du soutien à l’innovation de l’UQAM, Caroline Roger, à la remise des prix lors du Rendez-vous Pile (à l’époque Journée de l’innovation), en 2014
Photo: JF Hamelin La directrice du Service des partenariats et du soutien à l’innovation de l’UQAM, Caroline Roger, à la remise des prix lors du Rendez-vous Pile (à l’époque Journée de l’innovation), en 2014

Ce texte fait partie du cahier spécial Recherche

Le Service des partenariats et du soutien à l’innovation (SePSI) de l’UQAM organise le 9 novembre son Rendez-vous Pile, un événement où seront notamment dévoilés les projets finalistes de deux concours visant à valoriser l’innovation en recherche et en création dont font preuve les professeurs et les étudiants.

Ces deux concours — l’un s’adresse aux professeurs, l’autre aux étudiants — visent avant tout à faire ressortir des innovations qui restent souvent dans les tiroirs, selon la directrice du SePSI, Caroline Roger, de même qu’à soutenir l’entrepreneuriat. « Les professeurs sont financés pour leur recherche fondamentale, mais lorsqu’il s’agit de développer un outil qui demande d’engager un programmeur pour faire une application sur iPad, par exemple, il n’y a pas de sources de financement », indique-t-elle.

Le Rendez-vous Pile cherche donc à donner un petit coup de pouce financier pour que des projets voient le jour sans avoir à trop gratter les fonds de tiroir. Le but, note Mme Roger, « est de sortir les innovations de l’université pour qu’elles contribuent à développer la société ». Car, en effet, la plupart de ces projets finalistes s’inscrivent dans l’innovation sociale. Or ce domaine reste souvent le parent pauvre du financement en recherche, estime-t-elle.

Selon la professeure Priscilla Ananian, qui développe un outil de planification urbaine, ce concours permet de créer « un effet levier pour une dynamique de recherche-action ». La plateforme numérique sur laquelle elle travaille se penchera sur les enjeux de cohabitation sociale. « C’est grâce à ce financement que nous pourrons développer et tester l’outil afin de fédérer les acteurs, les citoyens et les chercheurs autour d’un projet commun et actuel : la qualité du milieu de vie dans nos quartiers », explique-t-elle.

D’ordinaire, le Rendez-vous Pile n’impose pas de thème, mais cette année, dans le cadre du 375e de Montréal, les candidats devaient innover pour trouver « des solutions de recherche pour un mieux-être dans la ville ». Les projets doivent donc porter sur une innovation technologique, sociale ou organisationnelle ayant un rapport avec Montréal et le bien-être des Montréalais.

Favoriser l’entrepreneuriat étudiant

Du côté des étudiants, il s’agit davantage de soutenir l’entrepreneuriat au sein de l’université en les encourageant à créer leur propre entreprise et en les aidant à monter leur plan d’affaires personnalisé. « Il faut que le projet soit original et qu’on ne le retrouve pas ailleurs sur le marché », souligne Mme Roger. Pour remporter des bourses, les équipes ont dû soumettre un projet de maturation en spécifiant comment elles allaient utiliser le financement accordé.

Pour l’étudiante Émilie Tremblay-Wragg, une subvention permettrait de démarrer l’Espace Blitz, un lieu où pourrait se réunir une quarantaine d’étudiants de tous les horizons quotidiennement pour la rédaction de leurs travaux. « On a déjà trouvé un local dans le quartier Villeray, parce qu’on s’est rendu compte que c’est là où les étudiants habitent le plus et que c’est proche du métro Jean-Talon, qui dessert les universités », souligne-t-elle. L’argent les aiderait à aménager le local, mais aussi à créer une plateforme numérique pour réserver des places. Leur projet remplit d’ailleurs les critères du thème de cette année, selon elle. « Montréal a été sacrée meilleure ville universitaire du monde, elle compte de nombreux étudiants et professeurs de l’étranger. Cet espace serait le premier centre de rédaction universitaire, ce qui serait un réel plus pour la ville », se réjouit-elle.

Au total, une enveloppe de 30 000 $ sera remise en bourses aux lauréats des quatre projets gagnants : deux pour les professeurs et deux pour les étudiants. Un prix du public sera aussi décerné à un projet étudiant.


Des prix coup de pouce

Pour les professeurs :

- deux bourses de 10 000 $

- 5000 $ d’Aligo Innovation pour permettre à un candidat de conclure son projet

- une entrée dans le bootcamp entrepreneurial de Desjardins Lab pour une valeur de 5000 $

Pour les étudiants :

- deux bourses de 5000 $

- un prix du public de 2500 $ offert par le Quartier de l’innovation

- un espace dans l’incubateur MT Lab durant six mois (valeur de 4800 $)
 

Projets finalistes étudiants

L’Arpent de Charlotte Montfils-Ratelle, École des sciences de la gestion

L’Arpent est un organisme enregistré qui offre depuis plus d’un an des services-conseils en aménagement du territoire. Son fer de lance : les banlieues et leurs défis, comme la faible densité de population et la dépendance à la voiture. Présentement, L’Arpent mène un projet à Granby pour reconvertir des terrains occupés par des usines désuètes.

Le Bookchain™ de Simon-Pierre Marion, École des sciences de la gestion

Partant du constat que la majorité des petits éditeurs et auteurs n’ont pas les moyens d’utiliser des Digital Right Management (DRM) pour protéger leurs droits, l’entreprise Scénarex s’est spécialisée dans la gestion de la sécurité des fichiers numériques. Bookchain™ serait une licence gratuite permettant la revente ou le prêt de livres numériques par un lecteur, en lui permettant de transférer ses droits de lecture à un autre lecteur, garantissant aux auteurs, éditeurs et distributeurs une juste part des profits de la revente.

L’Espace Blitz d’Émilie Tremblay-Wragg, Faculté des sciences de l’éducation

Après la création des retraites de rédaction « Thèsez-vous ? », l’étudiante souhaite établir un espace collectif de rédaction pour les étudiants des 2e et 3e cycles. L’équipe cherche un local pouvant accueillir 40 étudiants dans un cadre lumineux et calme, mais veut aussi développer un Espace digital pour organiser des rencontres, faciliter les inscriptions et s’exporter dans d’autres villes québécoises.

Le FitHive de Sébastien Hémond, École des sciences de la gestion

Du sport à tout âge est le maître mot du projet. Car si les recherches ont déjà validé les bienfaits d’une activité physique chez les personnes de plus de 50 ans, les programmes d’entraînement existants n’ont pas encore bien réalisé ce potentiel de clientèle. Avec un designer, l’étudiant a créé une plateforme Web axée sur le conditionnement physique, l’alimentation et le bien-être réservée aux 50-70 ans, grâce à des vidéos, de l’information médicale, des conseils nutritionnels et des discussions.

Le Wàku Atelier de Lina-Camélia Louessard, Faculté des arts

Estimant que les ateliers de travail polyvalents sont une denrée rare au Québec, alors que Montréal regorge de terrains vacants, l’étudiante a eu l’idée de recycler des conteneurs maritimes usagés pour en faire des ateliers mobiles. Lesquels seraient accessibles dans différents quartiers de la ville, mettant à la disposition du public outils, tables de travail, machines et logiciels à moindre coût. D’où le jeu de mots, wàku, abréviation japonaise du mot wakingu, signifiant travail.

La planification urbaine de Priscilla Ananian, Département d’études urbaines et touristiques

Cet outil d’observation, de gestion et de prospection des initiatives vise à améliorer la qualité du milieu de vie dans le Vieux-Montréal. L’objectif : faire face à la construction de nouveaux condominiums et aux activités touristiques en ayant recours à une plateforme numérique cartographique qui recense les projets et interventions contribuant à un meilleur cadre de vie. Le projet est fait en partenariat avec la SDC du Vieux-Montréal et d’autres acteurs du milieu.

L’alimentation mobile d’Éric Duchemin, Institut des sciences de l’environnement

Le professeur s’est lancé dans la création d’un module de production alimentaire urbaine mobile, dans un conteneur. Ce module autonome en énergie, qui consomme efficacement de l’eau, mais pas trop, peu coûteux, facile à installer et à faire fonctionner, pourrait servir dans des zones de crise pour procurer des légumes aux populations frappées par l’insécurité alimentaire.

Flash sur mon quartier ! de Janie Houle, Département de psychologie

Ce projet veut permettre aux locataires de HLM de donner leur avis sur le lieu où ils vivent. L’objectif est de créer une trousse d’accompagnement en partant des trois phases du projet : les résidents photographient durant huit semaines ce qui leur plaît et ce qui leur déplaît dans leur environnement. Il y a ensuite une observation du quartier à l’aide d’une grille, puis une enquête auprès de l’ensemble des ménages. La trousse d’accompagnement permettrait d’oeuvrer dans l’ensemble des HLM de la province.

Gérer la forêt urbaine avec Christian Messier, Département des sciences biologiques

Cette trousse informatique servirait à maximiser la résilience des arbres urbains grâce à la plantation d’arbres viables et capables de survivre dans ce milieu. On y trouverait notamment les caractéristiques écologiques propres à chaque essence, les risques futurs, la tolérance à la sécheresse ou encore la sensibilité aux insectes et aux maladies.

Connaître son empreinte environnementale avec Cécile Bulle, Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale

La professeure interroge les étudiants sur leur mode de vie : que consommez-vous au quotidien qui cause du tort à la planète ? L’outil suit l’empreinte environnementale quotidienne, comme les ressources utilisées et les émissions de gaz à effet de serre générées. Cela permet aux utilisateurs de poser des gestes concrets afin d’agir pour créer un environnement durable.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.



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