Pénurie de bibliothécaires scolaires

Les bibliothécaires scolaires ont beau être plus nombreux au Québec qu’il y a dix ans, leur nombre a régressé au cours des trois dernières années, a constaté la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ). Dans la foulée d’une étude publiée lundi, l’instance syndicale demande à Québec de respecter la promesse faite en 2008 de créer 200 postes de bibliothécaires.
En 2014, Yves Bolduc, alors ministre de l’Éducation, avait été plongé dans la tourmente quand il avait semblé minimiser l’importance de l’achat de livres dans les bibliothèques. « Il n’y a pas un enfant qui va mourir de ça, parce qu’il existe déjà des livres [dans les bibliothèques] », avait-il déclaré. Face au tollé, il s’était excusé.
Cette controverse avait eu pour effet de protéger des sommes prévues dans les règles budgétaires pour l’achat de livres dans les écoles, note Johanne Pomerleau, présidente de la FPPE-CSQ. « L’argent mis pour les achats de livres ne peut pas être utilisé pour autre chose, contrairement, ai-je le goût de dire, à à peu près toutes les autres mesures », soutient-elle.
Il en est autrement pour les postes de bibliothécaires, estime la FPPE-CSQ qui a voulu profiter de la journée nationale des bibliothèques scolaires, qui aura lieu lundi, pour se pencher sur cet enjeu.
Baisse depuis trois ans
En 2015-2016, les écoles québécoises comptaient 117 bibliothécaires scolaires. Il s’agit là d’une progression par rapport à 2006-2007, alors qu’on en dénombrait seulement 21 pour l’ensemble des 72 commissions scolaires. Mais c’est néanmoins une baisse par rapport à 2014 puisque, cette année-là, on dénombrait 128 bibliothécaires, selon les données fournies par la FPPE-CSQ. L’an dernier, 15 commissions scolaires au Québec ne disposaient toujours pas de bibliothécaires.
La fédération syndicale estime que le ministère de l’Éducation est encore loin de l’objectif qu’il s’était fixé avec son Plan d’action sur la lecture à l’école (PALE) en 2008. Celui-ci visait l’embauche d’une vingtaine de bibliothécaires par année afin d’atteindre le nombre de 200 en 2017.
La fédération syndicale déplore aussi que dans plusieurs écoles, les bibliothèques soient coincées dans des locaux exigus ou qu’elles soient utilisées à d’autres fonctions : « Dans certaines petites écoles primaires, il n’y pas suffisamment de place pour qu’un prof puisse y aller avec sa classe », signale Mme Pomerleau.
La présidente de la FPPE-CSQ croit que plusieurs commissions scolaires connaissent mal le rôle joué par les bibliothécaires qui, outre l’acquisition de livres, doivent voir à l’animation et à l’utilisation pédagogique des ressources documentaires. Ce qui l’inquiète aussi, c’est que les mots « bibliothèque » ou « bibliothécaire » ne figurent même pas dans la Politique sur la réussite éducative lancée en juin dernier.
La FPPE-CSQ demande donc que le PALE soit relancé. Elle réclame aussi que le nombre de bibliothécaires soit augmenté et que les budgets qui y sont consacrés soient bonifiés et protégés.
Il n’a pas été possible, dimanche, de connaître les intentions du ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, à l’égard du dossier des bibliothécaires scolaires.