Québec encadrera la rémunération des recteurs

Hélène David a constaté des écarts importants dans la rémunération des dirigeants d’université et elle veut s’assurer d’un traitement équitable pour tous.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Hélène David a constaté des écarts importants dans la rémunération des dirigeants d’université et elle veut s’assurer d’un traitement équitable pour tous.

La ministre Hélène David a mis en garde les dirigeants d’université au cours des dernières semaines : elle prépare un ménage qui imposera une « certaine sobriété » dans la rémunération et les autres avantages financiers des recteurs et des cadres universitaires.

Le ministère de l’Enseignement supérieur a colligé les conditions de rémunération des dirigeants de toutes les universités et a découvert des différences marquées entre établissements. La ministre David compte présenter au cours de l’automne un projet de loi pour encadrer les salaires et les avantages sociaux des cadres supérieurs d’université, a-t-elle dit lors d’une entrevue éditoriale au Devoir cette semaine.

Les primes de rendement et les indemnités de départ faramineuses de recteurs, pouvant dépasser un demi-million de dollars, ont fait les manchettes ces dernières années. 

La vérificatrice générale du Québec a dénoncé le manque de suivi de la rémunération globale des dirigeants universitaires dans son rapport de l’hiver 2016.

« Tout est sur la table,a indiqué la ministre de l’Enseignement supérieur au Devoir. On a demandé tout ça aux universités et on a eu les renseignements. On a un portrait à peu près complet de tout ce qui se fait et c’est à partir de ça qu’on travaille sur le projet de loi. »

Hélène David a rencontré récemment les présidents de tous les conseils d’établissement universitaire pour leur faire part de son intention d’encadrer les salaires et les avantages sociaux des recteurs et des autres cadres supérieurs. « Je leur ai dit où je voulais m’en aller. Je leur ai dit : ça s’en vient. Et je pense qu’ils ont bien compris », dit-elle.

« Je veux qu’il y ait de la transparence, qu’on soit conscients que les choses sont faites avec des réalités qui peuvent être historiques dans certains cas, mais l’équité et une certaine sobriété, disons, pourraient être de rigueur », ajoute Hélène David.

Salaires, limousines, primes

 

En commission parlementaire durant l’étude des crédits, en mai dernier, la ministre avait mis la table pour une réforme des conditions d’emploi des recteurs. Elle répète aujourd’hui qu’elle compte réévaluer la croissance des salaires. Une université a augmenté le salaire de son recteur de 15 % sur cinq ans, tandis qu’une autre l’a plutôt diminué de 0,8 %, a-t-elle souligné.

Hélène David compte aussi revoir les avantages « périphériques », comme la voiture et le logement de fonction, les primes de rendement, la carte de membre à des clubs privés, les cotisations à des associations professionnelles ou encore les conditions d’après-mandat — qui varient énormément d’une université à l’autre.

Le réseau des universités du Québec se trouve aussi sous la loupe de la ministre. « C’est important d’avoir un vrai portrait réaliste dans toutes les universités, y compris dans le réseau des universités du Québec, dit-elle. On pense que, parce que c’est dans le périmètre du gouvernement, ils ont un salaire et qu’il n’y a aucune autre chose qui fait partie du traitement. Mais il peut y avoir différentes choses d’un endroit à l’autre. »

Le défi consiste à trouver un équilibre entre la rémunération des dirigeants et celle des autres membres de la communauté universitaire, ont écrit en 2013 Lise Bissonnette et John Porter dans un rapport sur les universités québécoises. « Leur rémunération devra aussi être juste : entre leurs responsabilités quotidiennes et les conditions plus détendues dont jouissent leurs collègues professeurs, l’écart est tel qu’il commande une reconnaissance marquée, réelle. »

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