Moins d’examens, plus de temps d’enseignement?

Le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx

Le ministre Sébastien Proulx s’apprête à lancer une vaste réflexion sur le nombre d’examens et sur la meilleure façon d’évaluer les élèves du primaire et du secondaire.

La politique de réussite éducative, qui sera déposée au cours des prochains jours, lancera un chantier sur la délicate question de l’évaluation des apprentissages.

« Est-ce qu’il y a trop d’examens, est-ce qu’on évalue adéquatement, est-ce qu’on évalue pour les bonnes raisons ? a dit le ministre de l’Éducation, mardi, en marge des travaux à l’Assemblée nationale. Est-ce qu’il y a trop de temps consacré à se préparer à des examens plutôt qu’à apprendre ? »

La controverse sur les notes gonflées ne fait cependant plus partie des préoccupations du ministre. Il a applaudi mardi à la décision des députés libéraux qui ont bloqué, en commission parlementaire, une demande de l’opposition visant à faire la lumière sur la manipulation des notes au primaire et au secondaire.

La majorité libérale a rejeté des motions du Parti québécois (PQ) et de la Coalition avenir Québec (CAQ) visant à étudier en profondeur la façon dont les élèves sont évalués. Les députés de l’opposition cherchent à savoir dans quelle mesure les notes sont manipulées à l’insu des enseignants pour augmenter le taux de réussite des enfants.

Il fut un temps où le réseau scolaire subissait une certaine pression, au moment de la création des premières cibles de réussite, a convenu le ministre. « Je pense qu’elle est terminée, cette pression-là, maintenant. Tout le monde sait qu’il ne faut pas le faire [gonfler les notes] », a ajouté Sébastien Proulx. Sa directive, donnée la semaine dernière au réseau de l’éducation, était claire : « Les modifications de notes dans le but d’atteindre des cibles de réussite ne sont pas tolérées », a écrit le ministre. Pour lui, le dossier est clos. Mais les députés de l’opposition veulent en savoir plus.

La réussite d’abord

La directive du ministre, « c’est de la poudre aux yeux sans conséquences réelles sur un problème dont on ne connaît pas l’ampleur », a réagi Alexandre Cloutier, du Parti québécois. « On ne peut pas dire à nos jeunes de ne pas tricher si le système triche lui-même. »

Une récente consultation menée par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) auprès de ses membres donne une idée de l’ampleur du phénomène : près de la moitié des enseignants affirment que les notes de leurs élèves ont déjà été manipulées à leur insu.

Par exemple, certaines écoles mettent en place une « note plancher » de 40 % ou 45 %. Les enseignants ne peuvent tout simplement pas entrer une note inférieure à ce seuil dans le système informatique : le système ne le permet pas. Aux examens du ministère de l’Éducation, des élèves qui ont 58 % ou 59 % obtiennent aussi la note de passage de 60 % pour leur éviter un échec.

« Il y a une pression dans le réseau pour faire passer davantage d’élèves, a dit le député Jean-François Roberge, de la CAQ. C’est ça qui n’est pas tellement clair, et c’est pour ça qu’on veut entendre les enseignants. Est-ce que [cette pression] vient des directions d’école ? Est-ce que ce sont les enseignants eux-mêmes qui sentent cette pression-là, peut-être de la part de certains parents ? »


Le ministère devra fournir ses données

Le ministère de l’Éducation devra fournir à une commission parlementaire les données des vérifications qui ont été effectuées concernant la falsification des résultats scolaires. Le député péquiste Alexandre Cloutier a obtenu cette concession des députés libéraux, qui venaient de lui refuser la tenue d’audiences dans le cadre d’une commission parlementaire sur cet enjeu. M. Cloutier s’est basé sur les affirmations précédentes du ministre Sébastien Proulx, qui avait affirmé avoir fait des vérifications auprès de son ministère. « On a des doutes quant au sérieux des évaluations qui ont été faites, on les jugera quand nous les aurons, mais au moins il y a un petit gain auprès de la commission », a déclaré le député. La Presse canadienne


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