Les enseignants menacent de saisir les tribunaux

Les enseignants pressent le gouvernement libéral de reporter le lancement du programme d’éducation financière destiné aux élèves de 5e secondaire, à défaut de quoi ils pourraient saisir les tribunaux.
Ils reprochent au ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, d’avoir fait une entorse à la Loi sur l’instruction publique, en annonçant l’ajout d’un cours obligatoire d’éducation financière au détriment du cours Monde contemporain dès la rentrée scolaire 2017, et ce, sans avoir préalablement modifié le Régime pédagogique. « S’il faut lui rappeler ses obligations légales, on le fera », a déclaré le président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Sylvain Mallette, lors d’une conférence de presse lundi.
Celui-ci n’écartait pas la possibilité de recourir au tribunal afin de forcer le ministre à faire volte-face. « Des profs, ça n’écarte jamais rien [sic] », a-t-il laissé tomber. Qu’en est-il de la désobéissance ? « Ce n’est pas un très bon exemple en éducation de désobéir », a répondu du tac au tac la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), Josée Scalabrini.
Les deux dirigeants syndicaux, ainsi que le président de l’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec (APEQ), Sébastien Joly, invitent M. Proulx à donner son feu vert à une révision globale de la grille-matières. Les acteurs du réseau de l’éducation pourraient notamment s’interroger sur le maintien du controversé programme Éthique et culture religieuse ou encore sur l’ajout d’un nouveau programme d’économie. « Il n’y a pas que les finances au Québec », a lancé Mme Scalabrini à la presse. « Personne ne sera en faillite demain matin si le cours [d’éducation financière] n’est pas au rendez-vous l’an prochain. On veut prendre le temps de bien faire les choses », a-t-elle ajouté.
M. Mallette a rappelé que trois années ont été nécessaires au déploiement des programmes d’histoire nationale de 3e et 4e secondaires. Le président de la FAE croit impossible d’élaborer le matériel didactique nécessaire pour donner le cours d’éducation financière, puis de libérer des enseignants afin qu’ils se l’approprient d’ici à septembre prochain. Il soupçonne même le ministère de sous-traiter l’élaboration du programme à des institutions financières pour gagner du temps. « Quand on en est rendu à permettre à des banques de rédiger le contenu d’un cours — parce que c’est ça qui s’est passé —, on a à se questionner. »