Le nouveau cours d’histoire déplaît aux écoles anglophones

Tous les professeurs de la commission scolaire English-Montréal ont récemment été sondés pour tenter de préciser les événements historiques qui devraient être ajoutés au cursus.
Photo: iStock Tous les professeurs de la commission scolaire English-Montréal ont récemment été sondés pour tenter de préciser les événements historiques qui devraient être ajoutés au cursus.

Pour répondre aux préoccupations des parents, des professeurs et d’autres groupes de la communauté anglophone, la commission scolaire English-Montréal revendique des changements au nouveau cours d’histoire présentement enseigné dans ses écoles dans le cadre d’un projet-pilote.

« Le conseil des commissaires de la commission scolaire English-Montréal a entendu sa communauté et partage ses préoccupations profondes concernant le contenu du cours d’histoire de secondaire 3 et 4 », écrivent les commissaires dans une résolution adoptée à l’unanimité en septembre et envoyée ces dernières semaines au ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx.

Faisant écho à d’autres groupes, dont le Québec Community Group Network, les commissaires estiment que le nouveau programme « fait abstraction des contributions historiques des minorités linguistiques et culturelles de la province et fait la promotion d’une idéologie nationaliste biaisée ».

Ainsi, ils demandent au ministre « de surseoir à l’approbation du nouveau cours d’histoire de secondaire 3 et 4 tant que des changements n’auront pas été apportés pour inclure une représentation plus juste des contributions historiques des communautés des premières nations, des anglophones et des allophones au développement de la société québécoise ».

[Le nouveau programme] fait abstraction des contributions historiques des minorités linguistiques et culturelles de la province

 

Message clair

En entrevue, la présidente de la commission scolaire, Angela Mancini, explique que différents groupes ont fait des représentations aux commissaires pour demander des changements. Les parents et les professeurs en particulier se sont montrés « inquiets » au sujet du nouveau cours qui est donné aux enfants, explique-t-elle.

En mai dernier, le ministre avait affirmé qu’il avait fait des modifications pour satisfaire notamment la communauté anglophone, mais sans être capable de donner des exemples précis. L’implantation obligatoire a également été reportée d’un an.

Il y a bien eu « des ajustements » dans ce nouveau programme, convient la présidente, « mais ce n’est pas assez ».

« [Avec cette résolution], on voulait envoyer un message clair au ministre », précise-t-elle.

Sondage

 

Un sondage a été envoyé ces dernières semaines à tous les professeurs d’histoire des écoles de la commission scolaire English-Montréal pour tenter de préciser les événements historiques qui devraient être ajoutés au cursus. « Les premiers résultats commencent à rentrer. On espère avoir un portrait complet pour le prochain conseil des commissaires, le 23 novembre prochain », répond la présidente Angela Mancini. La liste sera acheminée au ministre avec une demande explicite d’ajouter les éléments choisis au cursus.

« Il faut faire vite, les gens sont inquiets. [Ils craignent] que le ministre adopte le programme final avant même que l’on puisse lui présenter nos demandes plus concrètes. »

Contrôle sur le curriculum

 

Cette démarche n’est toutefois pas suffisante pour certains commissaires, dont le commissaire et parent Andrew Ross, qui a pourfendu l’administration Mancini lors du dernier conseil des commissaires mercredi dernier. « Rien ne bouge, c’est très désappointant. La raison spécifique pour laquelle le comité de parents a mis ce dossier en avant, c’était pour que cela engendre des changements dans le programme d’histoire. Alors, je demande, j’espère et je supplie la commission scolaire de prendre des mesures plus fortes afin d’encourager le changement dans ce programme. »

Certains commissaires ont exprimé le souhait d’avoir un plus grand contrôle sur le curriculum enseigné dans les écoles anglophones. Interpellée sur ce sujet, la présidente a rappelé que cela n’était pas prévu dans la loi et que c’était donc impossible, « à moins d’entreprendre des démarches légales à l’encontre du gouvernement ».

« Pourrions-nous aller plus loin pour avoir un droit de regard sur le curriculum ? Absolument, a répondu la présidente aux commissaires. En Ontario, et dans le reste du Canada, c’est exactement ce qui se passe. Au Canada, les minorités linguistiques ont beaucoup plus de contrôle que nous n’en avons ici au Québec sur les curriculums, y compris sur le curriculum du programme d’histoire. Nous n’avons jamais revendiqué ce genre de chose, et il y a des raisons d’être politiques, de travailler ensemble avec le gouvernement. »

En entrevue au Devoir, la présidente assure que le droit de regard sur le curriculum ne fait pas partie des revendications de la commission scolaire English-Montréal. « C’étaient des discussions pour comparer [ce qui se fait ici par rapport aux autres provinces], mais ce n’est pas une demande comme telle. »

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