HEC au centre-ville, une «mauvaise utilisation de fonds publics»

HEC Montréal souhaite depuis plusieurs années construire un nouveau bâtiment au centre-ville pour se rapprocher de la clientèle d’affaires et bonifier son offre dans le lucratif secteur de la formation continue.
Photo: Michaël Monnier Le Devoir HEC Montréal souhaite depuis plusieurs années construire un nouveau bâtiment au centre-ville pour se rapprocher de la clientèle d’affaires et bonifier son offre dans le lucratif secteur de la formation continue.

Le feu vert accordé lundi par Québec à la construction d’un nouvel édifice de HEC Montréal en plein centre-ville pique au vif la haute direction de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Cet investissement de 94 millions de dollars constitue carrément « une mauvaise utilisation de fonds publics par le gouvernement Couillard », qui n’aidera en rien à l’accès aux études supérieures, tonne le doyen de son École des sciences de la gestion (ESG).

Stéphane Pallage ne décolère pas. Tandis que l’ESG est elle-même aux prises avec des problèmes d’espaces, et alors que les trois universités du centre-ville — McGill, Concordia et l’UQAM — se livrent déjà une féroce compétition en gestion, la ministre de l’Enseignement supérieur, Hélène David, accordait lundi à HEC l’autorisation de procéder à la préparation d’un dossier d’affaires pour la construction d’un pavillon dans le quartier des affaires. Un véritable « camouflet » pour l’UQAM, écrit-il dans une missive acheminée à Mme David, dont Le Devoir a obtenu copie.

Aucune donnée fiable

 

« Le projet que votre gouvernement a choisi de financer ne repose sur aucune donnée fiable et n’a fait l’objet d’aucune étude d’impact sérieuse », dénonce-t-il.

Si HEC Montréal souhaite depuis plusieurs années construire un nouveau bâtiment au centre-ville, c’est avant tout pour se rapprocher de la clientèle d’affaires et bonifier son offre dans le lucratif secteur de la formation continue. Ses pavillons du campus de l’Université de Montréal sont depuis longtemps au maximum de leur capacité.

Quoi qu’il en soit, Mme David, une ancienne vice-rectrice de l’Université de Montréal, aurait mieux fait d’encourager la construction d’un nouvel édifice sur ce campus plutôt qu’au centre-ville, croit M. Pallage.

« Une discussion s’impose avec la ministre. Je n’apprécie pas que nous utilisions des fonds publics pour intensifier la compétition entre universités. Si c’est pour se faire la guerre, c’est une perte sociale importante », souligne-t-il en entrevue.

La ministre David a décliné mardi soir la demande d’entrevue du Devoir. Le projet de HEC « permettra de bonifier l’offre de formation en gestion qui se donne en français au centre-ville de Montréal », s’est contenté de dire son attaché de presse Thierry Bélair, dans un courriel. Lundi, la ministre avait évoqué le désir du gouvernement de « favoriser l’accès aux études supérieures » pour justifier l’investissement de près de 100 millions dans ce projet, qui « permettra » selon elle « d’atteindre ces objectifs tout en bonifiant l’offre de formation en gestion qui se donne en français au centre-ville ».

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