L’UQAM «en péril» si l’ESG se sépare, selon des doyens

Aux prises avec des compressions budgétaires sans précédent, le désir d’indépendance de son École de gestion et des conflits de travail qui s’enveniment, l’Université du Québec à Montréal (UQAM) est aujourd’hui « en péril », mettent en garde plusieurs doyens. Dans des communications obtenues par Le Devoir, ils implorent la présidente du conseil d’administration, Lise Bissonnette, d’agir.
À la tête des Facultés de communication et de sciences humaines de l’UQAM, Pierre Mongeau et Josée Lafond se sont adressés au cours des derniers jours à leurs employés. Ils jugent « nécessaire de rompre le silence » quant aux événements des dernières semaines.
Devant la nouvelle crise que constitue la volonté de l’École des sciences de la gestion d’obtenir une plus grande autonomie, les doyens des différentes facultés ont fait parvenir un message à la présidente du conseil d’administration de l’UQAM, Lise Bissonnette. Dans leur missive, les doyens se disent « favorables à une certaine forme de décentralisation financière pour l’ESG, mais contre une décentralisation totale des revenus ».
« Nous pensons que la perspective d’une séparation de l’ESG constitue un péril sérieux », ajoutent les auteurs, doyens de chacune des facultés de l’établissement, à l’exception de l’ESG.
La rupture du lien avec l’ESG représenterait un véritable tremblement de terre pour l’UQAM, déjà aux prises avec des baisses d’inscriptions de 10,8 % au baccalauréat. L’université perdrait 14 000 de ses 42 000 étudiants.
Situation intenable
Cette nouvelle péripétie n’est que la dernière d’un long chemin pavé d’embûches pour l’UQAM, rappellent M. Mongeau et Mme Lafond dans leurs notes de service envoyées au personnel des Facultés de communication et des sciences sociales. « Le climat de paix sociale à l’Université s’est dégradé. Les compressions budgétaires à répétition avec lesquelles nous sommes appelés à jongler, le cumul de négociations difficiles. »
La situation est aujourd’hui « intenable », selon les doyens. Ils jugent « absolument fondamental » que l’université revoie les cibles de compressions budgétaires des facultés et école « afin de cesser de mettre en péril notre mission universitaire ».
Considérant que l’établissement a atteint un « point névralgique », ils enjoignent aux différents intervenants de se retrousser les manches pour « reconstruire la cohésion sociale » de l’UQAM.
Le conseil d’administration de l’UQAM se rencontrait mardi soir. La question de l’indépendance de l’ESG ne figurait toutefois pas à l’ordre du jour de la réunion, selon le doyen de celle-ci, Stéphane Pallage. Le recteur doit toutefois prendre la parole pour aborder la question de façon informelle.
Tout en rappelant qu’il souhaite en premier lieu obtenir une autonomie au sein même de l’UQAM plutôt que de chercher à obtenir l’autonomie complète de son École, il juge exagérés les propos de ces collègues en ce qui a trait au « péril » potentiel d’une telle séparation. « L’UQAM est une grande université. Elle a une très forte résilience. Elle va se réinventer si nous devons partir de l’UQAM. L’UQAM est capable de vivre sans l’ESG. »
Mercredi matin, les directeurs et vices-doyens de l’ESG doivent se rencontrer pour « prendre acte » des propos tenus au conseil d’administration. Ils décideront ensuite s’ils lancent le processus de consultation de la communauté de la faculté sur la création d’une école indépendante de l’UQAM. « Notre plan A, c’est d’obtenir l’autonomie que l’on demande depuis deux ans. L’indépendance complète, c’est le plan B », affirme M. Pallage.