Rien pour la réussite scolaire dans le projet de loi 86, selon un expert
Le projet de loi 86 sur la réforme des commissions scolaires ne réglera en rien les problèmes de décrochage au Québec, quoi qu’en pense le gouvernement Couillard, assure un expert de la réussite scolaire.
Alors que s’ouvrent ce mardi après-midi les consultations particulières sur le projet de loi 86 qui modifie l’organisation et la gouvernance des commissions scolaires, le professeur Égide Royer est catégorique : rien, dans ce projet de loi, ne permettra d’améliorer le sort des milliers de Québécois qui, chaque année, quittent les bancs de l’école sans diplomation.
Professeur en adaptation et en persévérance scolaire à l’Université Laval, M. Royer sera l’un des trois premiers intervenants à comparaître devant les parlementaires, ce mardi, en lien avec ce controversé projet de loi, qui abroge les élections scolaires et remplace le conseil des commissaires par un conseil scolaire formé de parents, de membres du personnel de la commission scolaire et de personnes de la communauté.
« Que votre école relève d’un conseil scolaire ou d’un conseil des commissaires, ça ne change pas grand-chose à votre susceptibilité à réussir à l’école. […] Il faut absolument, avant de modifier la loi, adopter un plan de la réussite scolaire au Québec. Ça prend un plan d’action pour la réussite, et non pas un changement aux détails de la gestion scolaire. »
La création d’un institut national en éducation chargé de fournir des données fiables et neutres aux décideurs ainsi que l’imposition de la maternelle à 4 ans et de l’école jusqu’à 18 ans à tous les Québécois figure parmi les recommandations que doit faire l’expert en éducation aux députés. Il propose à nouveau de resserrer « très nettement » les exigences pour accéder à la profession enseignante. L’ex-ministre de l’Éducation, François Blais, auteur du projet de loi 86, avait montré une certaine ouverture relativement à cette dernière proposition.
Des représentants de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) et de son comité de parents doivent également prendre la parole, après une allocution du nouveau ministre de l’Éducation, Pierre Moreau, qui revient tout juste d’un congé de maladie. Il s’agira de ses premiers commentaires sur le projet de loi 86.
On s’attend par ailleurs à ce que la CSDM s’oppose à l’abolition des élections scolaires proprement dites. À l’instar de la Fédération des commissions scolaires du Québec, la CSDM appuie l’idée que les nouveaux conseils scolaires soient composés de représentants élus au suffrage universel, y compris le président de la commission scolaire, mais aussi de représentants des parents, élus par le comité de parents, et de représentants cooptés, comme le propose le gouvernement. Tous les représentants auraient un droit de vote, ce qui n’est pas le cas actuellement pour les commissaires parents.
Ça prend un plan d’action pour la réussite, et non pas un changement aux détails de la gestion scolaire