L’opposition dénonce une «jeunesse sacrifiée»
Le gouvernement Couillard savait dès l’automne que l’abolition de son programme Réunir Réussir (R2) aurait des effets « catastrophiques » sur la lutte contre le décrochage scolaire, ont rappelé jeudi les partis d’opposition, sommant le ministre Pierre Moreau de rétablir illico le financement de cette cause.
Dénonçant « l’obsession de l’austérité » des libéraux, le porte-parole du Parti québécois en matière d’éducation, Alexandre Cloutier, a appelé le gouvernement Couillard à agir immédiatement pour financer les initiatives locales en persévérance scolaire. « Ce qui me choque, c’est que j’ai demandé le 24 septembre dernier au ministre de l’Éducation [François Blais] ce qu’il allait faire. Il s’est levé en Chambre, il a dit “ on va rétablir les sommes ”. Cinq mois plus tard, rien n’a changé, les instances régionales sont fermées, les activités sont mises de côté », a-t-il déclaré.
Le porte-parole de la Coalition avenir Québec pour l’éducation, Jean-François Roberge, ne mâche pas non plus ses mots. « Le gouvernement n’est pas là pour répondre aux besoins des jeunes. Il est là pour atteindre l’équilibre budgétaire », a-t-il estimé.
Comme le révélait Le Devoir jeudi, les tuiles ne cessent de s’abattre sur le milieu de la persévérance scolaire, tant à l’échelle nationale que dans chaque région de la province. En septembre, l’ex-ministre Blais confirmait la fin de R2, dans laquelle Québec et la Fondation Chagnon investissaient chacun 25 millions sur cinq ans. S’ajoutent à cela la disparition de centaines de milliers de dollars injectés depuis des années par les Conférences régionales des élus (CRE) et les Forums jeunesse, deux types d’organismes auxquels le gouvernement a depuis coupé les vivres.
Pendant ce temps, le nouveau financement promis par Québec pour la persévérance scolaire se fait attendre. « Mais la jeunesse n’attendra pas. On est dans une année de jeunesse sacrifiée », tonne M. Roberge.
Responsable de l’éducation à Québec solidaire, Françoise David se montre elle aussi préoccupée par le désengagement du gouvernement en matière de persévérance. « L’aide aux devoirs, l’aide alimentaire, l’enfance en difficulté… C’est désolant de constater à quel point le gouvernement abandonne littéralement l’école publique. »