La FNEEQ veut un filet de sécurité

Ce texte fait partie du cahier spécial Éducation
Lorsqu’une école privée ferme ses portes, les élèves peuvent être intégrés dans la commission scolaire du territoire. Il devrait en être de même pour les enseignants de cette école, selon la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ)-CSN. Le syndicat a mis à jour sa position sur le sujet en vue de commencer à négocier dès maintenant un protocole d’intégration avec le gouvernement.
« Nous défendons les gens des collèges privés, et s’il arrive une fermeture d’établissement, ce que l’on ne souhaite pas, l’idéal serait d’arriver à ce que le personnel puisse s’intégrer dans la commission scolaire dans le respect de leurs compétences », affirme Caroline Quesnel, vice-présidente, regroupement privé, FNEEQ-CSN.
Il ne serait pas question de faire du « bumping », mais d’instaurer un filet de sécurité le plus accommodant possible pour ces enseignants en analysant les besoins.
« Le protocole n’est pas écrit, mais nous devons trouver une façon créative de prévoir cette intégration dans le respect des enseignants du privé et de ceux des commissions scolaires », précise Mme Quesnel.
La FNEEQ-CSN discute de la question avec la Fédération des établissements d’enseignement privés (FEEP) et souhaite inclure d’autres syndicats aux échanges.
« Nous montons un dossier pour une rencontre prévue prochainement avec des adjoints du ministre », indique Caroline Quesnel.
Tant qu’un protocole n’a pas été négocié avec le gouvernement, la FNEEQ-CSN demande le maintien du niveau de subvention des écoles privées.
« Les paramètres de financement des écoles privées sont directement liés aux salaires des enseignants, alors l’équilibre est fragile », indique Mme Quesnel.
La FNEEQ-CSN continue toutefois d’être pour un réseau d’éducation entièrement financé par l’État, gratuit pour tous, et réclame un financement considérablement accru de l’école publique.
« Mais, comme syndicat, nous défendons les emplois, et des emplois de qualité », affirme Mme Quesnel.
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a une autre façon de voir les choses.
« Nous avons toujours été contre le financement public de l’école privée et nous sommes aussi pour un protocole d’intégration du personnel dans le réseau public, mais c’est une seule et même revendication pour nous, parce qu’il va de soi que si l’État cessait de financer les écoles privées, certaines fermeraient », indique Louise Chabot, présidente de la CSQ.
Toutefois, elle ne voit pas l’urgence de parler d’intégration des enseignants puisque le financement des écoles privées n’est pas remis en question par le gouvernement.
L’échec du Collège Antoine-Girouard
Si la FNEEQ-CSN est pressée d’agir, c’est en partie en raison de l’échec de l’intégration du personnel du Collège Antoine-Girouard dans la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe lors de sa fermeture en 2013.
« Nous avons négocié, nous y avons mis toutes nos énergies, mais le rapport de force était inégal entre les nombreux enseignants du côté de la commission scolaire et les 30 du Collège Antoine-Girouard », explique Caroline Quesnel.
La Commission scolaire de Saint-Hyacinthe vient par ailleurs d’acheter le bâtiment du Collège Antoine-Girouard et recommence à y donner de l’enseignement secondaire.
La FNEEQ-CSN considère que les écoles privées souffrent du climat économique actuel.
« Les écoles privées sont financées au prorata du financement des écoles publiques, alors si on coupe dans le financement des écoles publiques, on coupe aussi dans celui des écoles privées, explique Caroline Quesnel. C’est un visage méconnu de l’austérité, puisque les écoles privées ne vont pas dire sur la place publique que leur situation financière est difficile. Cela n’aiderait pas à attirer de nouveaux élèves. »
D’après la FEEP, près du tiers de ses membres ont dû réaliser des baisses salariales à la suite des coupes de l’an dernier.
De plus, l’automne dernier, le gouvernement québécois parlait de réduire de moitié ses subventions aux écoles privées.
Depuis 2010, la FNEEQ-CSN a relevé une dizaine de fermetures d’écoles privées dans la province, dont trois parmi ses membres.
Avec cette instabilité, la FNEEQ-CSN remarque une vague de syndicalisation dans les collèges privés.
« Dans les trois dernières années, nous avons accueilli 11 nouveaux syndicats dans le regroupement privé sur un total de 44 maintenant, indique Caroline Quesnel. C’est du jamais vu comme croissance en si peu de temps. »
Le regroupement privé de la FNEEQ-CSN représente environ 4000 enseignants du réseau privé secondaire et collégial.
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Le rapport Robillard recommande le maintien des subventions
Le Rapport de la Commission de révision permanente des programmes conclut que, sur le plan purement budgétaire, « une réduction du financement public au secteur privé n’entraînerait pas d’économies pour le gouvernement du Québec, en raison de la charge supplémentaire que représenterait le financement d’une nouvelle clientèle dans le réseau public. »Il recommande au gouvernement de maintenir ses subventions aux écoles privées. « La commission est convaincue que les Québécois ont tout à gagner du maintien de deux réseaux exerçant une certaine forme de concurrence. »
La Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui milite pour l’abolition des subventions aux écoles privées, est plutôt convaincue que le réseau privé livre une compétition déloyale à l’école publique et met en péril sa capacité à pleinement remplir sa mission.
Pour la CSQ, les conclusions du rapport Robillard sont aussi décevantes.
« Les écoles privées ont le droit d’exister, mais l’État devrait cesser de les financer, comme c’est le cas en Ontario, affirme Louise Chabot, présidente de la CSQ. En finançant l’école privée, on prive l’école publique de moyens pour assurer une meilleure réussite des élèves et une égalité des chances. Ce n’est pas qu’une question de chiffres. »
Le rapport de la Commission présidée par Lucienne Robillard précise toutefois que l’effet d’émulation entre les deux réseaux doit demeurer équilibré et équitable.
« Le gouvernement dispose de tous les outils nécessaires pour que cette condition soit remplie, en définissant les modes de financement et le cadre de fonctionnement de chacun des deux réseaux de façon appropriée. »