Institut de recherche en biologie végétale - Des laboratoires avec vue sur jardin

Le Jardin botanique de Montréal est sans contredit un des fleurons de la province. Avec ses 22 000 espèces et cultivars de plantes, il détient la deuxième collection en importance au monde. C'est dans ce cadre enchanteur, à quelques mètres seulement des serres d'exposition et des jardins thématiques, que se trouve le centre névralgique de l'Institut de recherche en biologie végétale (IRBV).

Comment les cellules interagissent-elles pour assurer le développement de l'organisme? Quels sont les mécanismes qui contrôlent leur métabolisme et leur mode de communication? Comment associer la diversité génétique des plantes et leur diversité morphologique? Autant de questions auxquelles l'IRBV tente de répondre depuis sa création en 1990.

Ce lieu d'enseignement, qui accueille à chaque session une soixantaine d'étudiants en biologie des cycles supérieurs de l'Université de Montréal, a pour mandat, comme le souligne son directeur André Bouchard, «d'assurer la mise en place et l'élaboration de recherches scientifiques. Les travaux gravitent autour de trois axes principaux: la biologie moléculaire, la biodiversité et l'écologie». Leurs études portent principalement sur les aracées, les astéracées, les rosacées et les légumineuses. L'objectif: réussir à obtenir une meilleure compréhension des plantes qui, selon les récentes estimations, se chiffreraient sur la surface du globe à près de 350 000 espèces.

L'herbier aux 750 000 spécimens

Au fil des années, les recherches se sont intensifiées et diversifiées. Elles ont permis d'obtenir de nombreux résultats dans plusieurs secteurs, dont celui de la signalisation biologique, qui représente actuellement un champ de recherche en développement. M. Bouchard explique en partie cette effervescence scientifique par les infrastructures que l'IRBV met à la disposition de ses étudiants et de ses chercheurs: «Ils ont l'occasion de travailler dans un environnement qui leur permet d'être constamment en contact avec le milieu qu'il étudient», dit-il, citant en exemple la présence de deux bibliothèques, du Jardin botanique et de l'herbier Marie-Victorin, qui comprend près de 750 000 spécimens.

De plus, depuis 1996, l'IRBV loge dans de nouveaux locaux. L'investissement des deux ordres de gouvernement et de la Ville de Montréal, estimé entre 20 et

30 millions de dollars, a permis la construction de plusieurs laboratoires modernes; des laboratoires d'enseignement, de microscopie, de culture in vitro, et de biochimie. À proximité de ceux-ci se déploie un complexe de huit serres, un espace d'expérimentation totalisant près de 600 m2.

Une équipe dynamique de spécialistes, composée de 10 professeurs et de cinq chercheurs, assure l'enseignement et la réalisation des recherches végétales qui s'y déroulent. «La force des experts qu'on retrouve à l'institut réside dans les différents champs de spécialisation d'où ils proviennent. On a également la chance d'avoir des spécialistes de diverses cultures qui ont étudié dans des universités et des pays différents», lance M. Bouchard.

L'historique d'une réussite

Si les activités scientifiques sont d'un intérêt considérable, il en va de même pour l'historique de l'institut. Ses origines prennent racine dans une longue collaboration qui unit l'Université de Montréal à la Ville de Montréal depuis la fondation du Jardin botanique par le frère Marie-Victorin en 1931. L'auteur de La Flore laurentienne, certainement un des plus grands scientifiques québécois de l'époque, caressait déjà depuis de nombreuses années le projet d'un tel jardin au coeur de la métropole. L'appui politique nécessaire à sa réalisation lui vint d'un de ses anciens étudiants, Camillien Houde, devenu alors maire de la ville. Le botaniste avait déjà mis sur pied l'Institut de botanique de l'Université de Montréal en 1920. Soixante-dix ans plus tard, ce lieu de recherche allait prendre la forme de l'actuel IRBV.

Son association avec Montréal explique en partie le succès du Jardin botanique, qui accueille annuellement plus d'un million de visiteurs, assure André Bouchard. «Le succès du Jardin botanique est principalement dû à trois facteurs: la personnalité et la vision de son créateur [Marie-Victorin], l'architecte paysager qui le dessina [Henry Teuscher] et son lien avec l'Université de Montréal. Cette collaboration est unique au pays et plusieurs l'envient.»

Vulgarisation et défis

La présence de l'IRBV dans une institution d'enseignement supérieur participe inévitablement à la reconnaissance et au rayonnement de l'Université de Montréal. Elle donne également l'opportunité à l'institut de transférer ses connaissances scientifiques à un vaste public par le biais des Amis du Jardin botanique, une société qui s'est donné pour mission de vulgariser, à l'intention de ses 1400 membres, les domaines de l'horticulture et des sciences naturelles. Les chercheurs de l'institut collaborent régulièrement à Quatre-temps, sa revue saisonnière.

Avec un budget annuel totalisant les 4 millions de dollars — la moitié venant de la Ville et de l'Université de Montréal —, l'IRBV fait toujours face à de nouveaux défis: «Il faut continuer de recruter des professeurs et des chercheurs de qualité. C'est l'unique moyen qui assure la mise en place de recherches de qualité. Il faudrait également mettre en valeur le patrimoine laissé par Marie-Victorin, particulièrement l'herbier. Le rendre plus accessible. Pour cela, il faudrait le déménager du sous-sol où il se trouve présentement et l'informatiser», conclut André Bouchard.

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