Suppression de 265 postes professionnels de l’éducation

L’heure des compressions a sonné dans la plupart des commissions scolaires du Québec. Forcé de composer avec des réductions budgétaires sans précédent, le réseau scolaire québécois s’apprête à se défaire de pas moins de 265 postes de professionnels de l’éducation d’ici à la prochaine rentrée scolaire.
Des dizaines de psychoéducateurs, conseillers pédagogiques, psychologues, orthopédagogues et autres professionnels de l’éducation perdront leur poste au cours des prochains mois dans les 72 commissions scolaires de la province.
Comme le révélait Le Devoir le mois dernier, c’est la Commission scolaire de Montréal (CSDM) qui sera la plus touchée du réseau, avec une perte de 70 postes de professionnels. Nombre d’entre eux seront réaffectés à de nouvelles fonctions, tandis que d’autres prendront leur retraite. Dans le cas des conseillers pédagogiques, certains pourraient devoir retourner à l’enseignement.
Mais les autres commissions scolaires ne sont pas en reste. Dans certaines régions, tels le Bas-Saint-Laurent et la Haute-Côte-Nord, les syndicats membres de la Centrale des syndicats du Québec verront jusqu’à 15 % de leurs effectifs être amputés ou réaffectés à d’autres tâches.
Dans les 69 commissions scolaires où la CSQ compte des membres, ce sont 250 postes qui doivent être retranchés au total. Au Syndicat des professionnelles et professionnels Laval–Rive-Nord, qui regroupe les employés des trois autres commissions scolaires de la province, on s’attend à une abolition de 15 postes. Le président, Guillaume Bégin, précise toutefois que 13 autres postes seront créés, dans des spécialités différentes toutefois.
« Dans chacune des écoles publiques du Québec, il existe des élèves pour lesquels le dépistage précoce de difficultés d’apprentissage et l’intervention rapide d’un professionnel sont cruciaux dans la poursuite de leur cheminement. Comment obtiendront-ils l’aide requise si les spécialistes qui doivent les soutenir dans leur développement sont absents ? » a affirmé la présidente de la Fédération des professionnels et professionnelles de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ), Johanne Pomerleau, mardi.
Ces abolitions de postes sont rendues nécessaires par le plus récent budget du gouvernement du Québec, déposé en mars, qui prévoyait des compressions de l’ordre de 350 millions de dollars pour la prochaine année scolaire, alors que les commissions scolaires avaient anticipé un effort budgétaire de 200 millions.
Ce sont donc de près de 8715 heures de services professionnels en tous genres dont seront privés toutes les semaines les élèves québécois, affirme Mme Pomerleau. Les commissions scolaires ne sont plus en mesure d’en faire davantage, après des années passées à rééquilibrer leurs budgets et à effectuer des compressions afin de respecter le cadre financier imposé par le gouvernement, dit-elle.
Le président du syndicat des professionnels de la CSDM, Michel Mayrand, juge que des « choix déchirants » attendent ses membres. « Ils ne pourront s’occuper que des cas les plus urgents, et ils vont devoir laisser nombre d’élèves en difficulté sans services », déplore-t-il.
La Fédération des comités de parents du Québec partage également cette inquiétude. Aux yeux de la présidence, Corinne Payne, les réductions budgétaires commandées par le gouvernement Couillard menace d’effacer les progrès effectués depuis 10 ans en matière de persévérance scolaire au Québec.