Québec doit prioriser les jeunes filles

Une élève qui renonce aux études se retrouve dans une situation financière généralement plus précaire qu’un décrocheur.
Photo: Annick MH De Carufel Le Devoir Une élève qui renonce aux études se retrouve dans une situation financière généralement plus précaire qu’un décrocheur.

Une élève qui décroche est une future mère qui influencera le parcours scolaire de ses enfants, garçons ou filles. Voilà pourquoi la lutte contre le décrochage scolaire des filles doit devenir la pierre angulaire de la stratégie gouvernementale, plaide la Fédération autonome de l’enseignement (FAE).

Dans une analyse publiée jeudi en collaboration avec l’organisme Relais-femmes, la FAE revient sur une étude qu’elle avait réalisée en 2012 et qui détaillait les causes et les conséquences du décrochage scolaire des filles. Depuis, le ministère de l’Éducation du Québec a reconnu l’importance de la scolarisation des jeunes filles, mais n’a pas adapté son plan d’action, souligne la vice-présidente au secrétariat de la FAE et responsable du dossier de la condition des femmes, Joanne Bertrand.

« Rien ne se fait de manière spécifique pour le décrochage scolaire des filles. Il y a quelques éléments pour le décrochage des garçons, mais nous, ce qu’on pense, c’est que la clé de voûte concerne celui des filles parce que ça va favoriser la réussite scolaire de tous leurs enfants, peu importe leur sexe », dit-elle.

Au Québec, le décrochage scolaire est toujours plus important chez les garçons que chez les filles. Mais les répercussions du décrochage d’une élève sont plus grandes, fait valoir la FAE dans son rapport.

On sait que le décrochage scolaire des garçons et des filles est grandement lié à la pauvreté et à la sous-scolarisation des mères. Une élève qui renonce aux études se retrouve par ailleurs dans une situation financière généralement plus précaire qu’un décrocheur. Cette élève devenue mère est donc plus susceptible d’avoir des enfants qui seront à leur tour moins scolarisés.

Pour s’attaquer au décrochage scolaire des filles, la FAE et Relais-femmes demandent à Ottawa de rétablir le recensement long obligatoire pour faciliter l’élaboration de programmes provinciaux mieux adaptés et souhaitent que Québec analyse les données du décrochage scolaire en s’attardant à la réalité des jeunes filles. « Le gouvernement a produit des statistiques, mais n’a pas fait l’analyse plus pointue pour obtenir le portrait réel », dit Mme Bertrand.

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