Placer l’éducation des adultes au coeur des priorités

Hélène Roulot-Ganzmann Collaboration spéciale
Si l’éducation des adultes n’est pas exclue des textes officiels, elle reste bien souvent au stade du vœu pieux, accuse Ronald Cameron, qui souligne notamment que les crédits accordés à l’institut qu’il dirige font bien souvent les frais des coupes.
Photo: Collège Lionel-Groulx Si l’éducation des adultes n’est pas exclue des textes officiels, elle reste bien souvent au stade du vœu pieux, accuse Ronald Cameron, qui souligne notamment que les crédits accordés à l’institut qu’il dirige font bien souvent les frais des coupes.

Ce texte fait partie du cahier spécial Formation continue

En mai prochain, la capitale sud-coréenne, Séoul, sera l’hôtesse de la Conférence mondiale sur l’éducation de l’Unesco, censée fixer les objectifs mondiaux de l’après-2015. L’occasion, pour l’Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICEA), de publier, chiffres et analyses à l’appui, un véritable plaidoyer en faveur de la formation tout au long de la vie.

« Le droit à l’éducation n’est pas juste un artifice, insiste Ronald Cameron, directeur général de l’ICEA. Ça permet à une population adulte d’agir dans une société, de développer pleinement son potentiel et d’exercer ses droits. C’est ce que nous voulons signifier dès le titre de notre revue. Apprendre + Agir
 : le droit à l’éducation est fondamental pour l’exercice de tous les autres droits. »

Or, selon les membres de l’institut, l’éducation des adultes est depuis toujours le parent pauvre des politiques mondiales en matière d’éducation. Tant le programme Éducation pour tous que les Objectifs du millénaire, qui tous deux prennent fin cette année et qui seront remplacés par de nouvelles cibles à atteindre, définies lors de la conférence de Séoul, font la part belle à la formation initiale en mettant l’accent sur la lutte contre l’analphabétisme et sur l’accès des fillettes à l’école dans les pays du Sud.

« Or, tant au Nord qu’au Sud, l’apprentissage prend de plus en plus des chemins de traverse, observe M. Cameron. Raison pour laquelle les objectifs de 2015 sont loin d’avoir été atteints. Comment reprocher à un parent de ne pas mettre son enfant à l’école quand il a la faim au ventre ou quand les mères ont peur que leurs fillettes se fassent enlever par Boko Haram ? Chez nous, il faut aussi sans cesse s’adapter, car les connaissances deviennent très vite obsolètes. L’ampleur des changements à apporter, en particulier ceux liés au développement durable, exige la participation active et créatrice des populations, ce qui implique le développement de leur capacité d’agir et de réfléchir », prévient le directeur général de l’ICEA.

Or, si l’éducation des adultes n’est pas exclue des textes officiels, elle reste bien souvent au stade du voeu pieux, accuse Ronald Cameron, qui souligne notamment que les crédits accordés à l’institut qu’il dirige font bien souvent les frais des coupes. Pure rhétorique également du côté des organisations internationales. Pour peser sur le débat qui aura lieu à Séoul dans quelques semaines et faire de la formation continue un véritable enjeu prioritaire, l’ICEA vient donc de publier une vingtaine d’indices québécois, chiffres et analyses à l’appui, permettant de jauger l’impact qu’aurait sur la population un meilleur accès à la formation des adultes, qu’elle délivre un diplôme ou non.

« Cet impact peut être économique en termes de retombées pour la province, explique le d.g. Réduire l’éducation aux seuls enjeux économiques est d’ailleurs une vision prédominante dans les politiques publiques, mais ce n’est pas notre discours à nous. Nous avons une approche humaniste et progressiste de l’éducation des adultes, fondée sur l’inclusion de l’éducation parmi les droits humains fondamentaux. Oui, l’alphabétisation et l’acquisition de compétences sont primordiales. Mais on doit parler de compétences utiles au travail comme dans la vie. L’éducation au développement durable et à une citoyenneté mondiale doit faire partie de ce qui ressortira de Séoul. Nous devrons y veiller. »

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

Montréal, capitale de l’éducation des adultes

Quelques semaines après la conférence mondiale de l’UNESCO à Séoul, Montréal accueillera, du 11 au 14 juin, l’Assemblée mondiale du Conseil international pour l’éducation des adultes. « Il s’agira de réagir aux décisions qui auront été prises à Séoul, explique Ronald Cameron. Les objectifs auront été scellés pour 2030. Il faudra évaluer la faisabilité des cibles, se demander si elles sont assez ambitieuses et analyser les moyens mis en oeuvre pour les atteindre. Rappelons également que les objectifs sont toujours des incitatifs pour les États. Il n’y a rien de contraignant. Nous devrons réfléchir aux actions à mener afin de convaincre les pouvoirs publics de l’importance d’investir dans l’éducation adulte. » Une course contre la montre de quatre jours réunissant les principaux acteurs du milieu, venus des quatre coins de la planète afin de définir un plan de match pour les 15 prochaines années.


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