Révolution dans l’éducation sexuelle en Ontario

Homosexualité dès la 3e année du primaire, cyberintimidation en 4e, cunnilingus, sexe anal et sextage (envoi de textos sexuels) en première année du secondaire : l’éducation sexuelle doit tenir compte de la réalité des jeunes d’aujourd’hui, a rappelé à maintes reprises le gouvernement libéral de Kathleen Wynne, lundi, au moment de révéler le nouveau programme d’enseignement de santé et sexualité de l’Ontario.

Le « zizi » s’appelle en réalité le pénis et « non veut dire non », apprendront dès le mois de septembre prochain les écoliers de 1re année du primaire. Une famille peut très bien avoir deux mères ou deux pères, inculqueront les enseignants en 3e année. La notion de consentement, elle, sera enseignée dès la 5e année, tandis que les élèves de 8e année (deuxième secondaire au Québec) se familiariseront avec six genres du spectre de la sexualité, soit homme, femme, bispirituel, transgenre, transsexuel et intersexuel. Les infections transmissibles sexuellement (ITS) auront été abordées pour la première fois en 7e année.

Attendue depuis des mois, cette mise à jour du programme d’éducation sexuelle était réclamée depuis des lustres, la dernière révision en profondeur du programme datant de 1998, à une époque où l’utilisation grand public d’Internet en était à ses balbutiements. À une époque, aussi, où sextage et cyberintimidation n’existaient à peu près pas, et où le mariage entre conjoints de même sexe était encore illégal.

Le précédent gouvernement libéral, dirigé par Dalton McGuinty, dont faisait partie Mme Wynne, avait bien tenté de moderniser le programme en 2010, mais avait dû y renoncer devant le tollé suscité chez différents groupes conservateurs, catholiques notamment.

Le programme présenté lundi est identique ou presque à celui proposé en 2010. Et cette fois-ci, pas question de reculer, a affirmé la ministre de l’Éducation, Liz Sandals. En informant davantage les élèves, on espère réduire les risques auxquels ils font face en cette ère de cyberintimidation et d’hypersexualisation.

« On comprend que des parents puissent être inquiets et qu’ils veuillent savoir ce que leurs enfants apprennent », a dit la ministre, précisant que tout le contenu des cours de santé et sexualité avait été développé par des experts, à partir de recherches « solides ».

Certains groupes comme la « Coalition des parents inquiets » ont dénoncé le programme. Mais celui-ci semble être généralement bien accueilli, notamment par la Fédération des enseignantes et enseignants de l’Ontario et l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques, notamment. Les parents réclamaient que le programme soit actualisé, a estimé le président de l’Association, Jean Lemay.

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