Bolduc invite à la prudence
Le ministre de l’Éducation agit avec prudence et refuse de reconnaître les liens entre certaines écoles musulmanes subventionnées et des organisations islamistes soupçonnées de financer des groupes terroristes. Réagissant à l’enquête du Journal de Montréal exposant ces liens, Yves Bolduc a appelé à la prudence, indiquant que c’est à la Sécurité publique de faire enquête. « On n’a pas de preuve qu’elle a des liens avec des groupes intégristes », a dit le ministre au sujet de l’école Dar Al Iman, l’une des écoles subventionnées.
Le directeur de cette école primaire privée est le trésorier de l’Association musulmane du Canada, qui attire l’attention des autorités. De la propagande intégriste a été trouvée dans une mosquée de Montréal, qui exploite une école primaire subventionnée dans ses bâtiments à Notre-Dame-de-Grâce. « Ce que le Journal de Montréal a trouvé, c’est un pamphlet. L’école a la possibilité de surveiller ça. Avant d’accuser, il faut faire la preuve », qu’il existe un lien entre le propriétaire du bâtiment et ce qui se fait dans l’école, a laissé entendre M. Bolduc. Seul le ministère de la Sécurité publique a ce pouvoir d’enquête, a-t-il affirmé.
La féministe et militante pour la laïcité Djemila Benhabib ne croit pas que ces liens doivent être pris à la légère. « M. Bolduc peut bien nous raconter ce qu’il veut, en disant que ces écoles-là occupent simplement les locaux, mais ce n’est pas que ça », assure-t-elle, précisant avoir enquêté sur le sujet. « Les documents que j’ai sont des preuves. À force de travailler et de remonter les réseaux, on retrouve exactement les mêmes personnes qui gravitent autour des mêmes organismes radicaux. » Mme Benhabib est actuellement poursuivie pour diffamation par l’établissement subventionné les Écoles musulmanes de Montréal. Son procès aura lieu à l’automne 2016.
L’ex-députée de La Pinière, Fatima Houda-Pepin, avait déposé un projet de loi de lutte contre l’intégrisme qu’elle avait tenté en vain de présenter à ses anciens collègues libéraux avant d’être expulsée du caucus. « La réflexion que j’avais faite s’adressait à des problèmes concrets », a-t-elle souligné au Devoir. « Aujourd’hui [ce qui est révélé], c’est la pointe de l’iceberg. »
Du laxisme ?
Les liens que ces organisations prônant un islam radical sont soupçonnées d’entretenir avec ces écoles et certaines mosquées étaient connus des libéraux depuis quelques années. En 2010, la ministre de l’Éducation (MELS) d’alors, Line Beauchamp, ne s’était pas formalisée de ces liens, notamment ceux entre l’Association canadienne musulmane et l’école Dar Al Iman, niant même leur existence. « Ça fait longtemps que le gouvernement libéral sait ça. Il dit qu’il va agir, mais quand va-t-il le faire ? On n’est plus en 2010, on est en 2015, et la confrérie des Frères musulmans a été cataloguée comme groupe terroriste », a soutenu Mme Benhabib. « Il ne peut plus avoir une quelconque échappatoire, il est question de sécurité des personnes. »
L’ex-candidate péquiste déplore la « politique de l’autruche » du gouvernement, alors qu’il s’agit depuis longtemps, selon elle, d’endoctrinement des enfants. « Le gouvernement ne sait plus quoi faire avec ce dossier des écoles confessionnelles qui lui échappent totalement. On a pourtant bien vu tous les dérapages », a-t-elle indiqué. « Le gouvernement est à genoux et ne fait rien. »
« Ce n’est pas du laxisme », s’est défendu le ministre Bolduc, qui a dit vouloir « agir ». Jugeant inacceptable une « attitude [qui fait] la promotion d’un islamisme intégriste », il entend déposer un projet de loi pour étendre le principe de « l’habilitation sécuritaire », aux dirigeants des écoles, comme c’est le cas actuellement pour les garderies. Un dirigeant qui a un casier judiciaire ou des liens avec une organisation terroriste ne pourrait pas être à la tête d’une école.
Les écoles soupçonnées sont légales et « respectent la pédagogie qui est demandée au Québec », a-t-il noté en entrevue au 98,5 FM, au sujet des deux écoles subventionnées, Dar Al Iman et les Écoles musulmanes de Montréal. « On ne veut certainement pas de l’endoctrinement. »
Celles-ci sont, en effet, conformes en tout point au programme du ministère, selon des rapports de la Commission consultative de l’enseignement privé (CCEP). La première des deux, Dar Al Iman, s’était toujours fait refuser l’agrément aux fins de subvention du ministère de l’Éducation, mais l’a finalement obtenu en 2006, en même temps que le renouvellement de son permis pour une durée de 5 ans. Selon le rapport de la CCEP pour l’année 2010-2011, l’école remplissait les exigences du MELS.
Idem pour les écoles musulmanes de Montréal. Selon le rapport de la CCEP pour l’année 2012-2013, l’établissement répond aux exigences de la loi et remplit bien sa mission qui est d’enseigner « la langue française et l’accueil de la clientèle néo-québécoise. »
À son entrée en poste comme ministre au printemps 2014, M. Bolduc avait dû répondre d’une controverse concernant des écoles juives illégales ou ne respectant pas le programme. Il avait alors mis sur pied un comité avec deux autres ministères (Justice et Santé et Services sociaux) pour « détecter » les enfants en âge d’être scolarisés et s’assurer de leur présence sur les bancs d’école. Le comité devait réfléchir à une façon de doter le ministère de l’Éducation de moyens légaux pour agir. « Les travaux sont toujours en cours », a assuré le ministre.
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le Congrès musulman canadien (CMC) a toujours décrié des groupes radicaux comme les Frères musulmans et s’inquiète de l’emprise qu’ils ont toujours au Québec et au Canada par l’entremise d’organismes locaux.
Il déplore que la gauche « politiquement correcte » au Canada anglais semble avoir abandonné son rôle historique consistant à lutter contre la montée d’une certaine « religiosité irrationnelle ». « Si nous ne prenons pas de mesures contre leurs mosquées et ne faisons pas taire leurs prières hebdomadaires qui demandent à Allah de vaincre les non-musulmans, nous ne serons pas en mesure de résister à la haine que [ces intégristes] répandent à l’endroit des non-musulmans au Canada », a dit Tarek Fatah, du CMC.
Faire taire les prières des radicaux
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le Congrès musulman canadien (CMC) a toujours décrié des groupes radicaux comme les Frères musulmans et s’inquiète de l’emprise qu’ils ont toujours au Québec et au Canada par l’entremise d’organismes locaux.Il déplore que la gauche « politiquement correcte » au Canada anglais semble avoir abandonné son rôle historique consistant à lutter contre la montée d’une certaine « religiosité irrationnelle ». « Si nous ne prenons pas de mesures contre leurs mosquées et ne faisons pas taire leurs prières hebdomadaires qui demandent à Allah de vaincre les non-musulmans, nous ne serons pas en mesure de résister à la haine que [ces intégristes] répandent à l’endroit des non-musulmans au Canada », a dit Tarek Fatah, du CMC.