Les syndicats déforment la réalité, déplore Québec

Les négociations ne partent pas du bon pied entre les enseignants et le gouvernement. À un point tel que les divers comités patronaux du secteur de l’éducation ont cru bon tenir des séances de breffage technique pour mieux faire passer son message, déplorant que les syndicats et les médias aient semé « la confusion » et donné dans « l’exagération ». « Il y a des sujets galvaudés qui ne traduisent pas la réalité de nos propositions patronales », a déploré Bernard Tremblay, président du comité patronal de négos pour les commissions scolaires francophones. Il a jugé « démagogique » la virulente sortie des syndicats au lendemain du dépôt patronal. « Nous, on n’est pas sortis en disant que les enseignants nous demandent 2 milliards additionnels. On s’est dit qu’on allait d’abord écouter et comprendre ce qu’ils veulent nous dire. »
Les deux principaux syndicats d’enseignants ont aussitôt critiqué ce geste, voyant que le gouvernement s’adresse aux médias avant même de rencontrer formellement les représentants syndicaux. « Veut-on une négo sur place publique ou avec les employés ? C’est surprenant et très inapproprié », a lancé Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ). « On est convaincu d’avoir très bien compris les demandes. Si le patron veut faire du “ damage control ”, c’est peut-être qu’il se rend compte que sur le plancher, ça réagit fortement », a pour sa part déclaré Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE).
Sujets chauds
M. Tremblay a tenu à éclaircir trois sujets particulièrement chauds, celui de la tâche des enseignants, des ratios et de la « pondération a priori », qui fait en sorte qu’un élève handicapé ou en difficulté d’apprentissage [EHDAA] peut compter pour plus d’un élève dans la composition d’une classe. D’abord, il s’étonne que plusieurs en ont retenu que la tâche des enseignants serait augmentée de 10 %, passant de 32 à 35 heures par semaine. « Les 35 heures qu’on propose sont déjà rémunérées et continuent de l’être. Ce qu’on propose, c’est un déplacement du lieu d’assignation », a-t-il précisé.
Ainsi, on demande aux enseignants qui bénéficiaient de quelques heures dont ils pouvaient disposer comme bon leur semblait pour accomplir des tâches reliées à leur profession (correction, planification, etc.) de demeurer à l’école et/ou d’éliminer ce travail de nature personnelle (TNP dans le jargon). Pour Mme Scalabrini, c’est enlever de la souplesse et « jouer dans l’autonomie professionnelle ».
Effet des ratios
M. Tremblay croit aussi que le fait d’abaisser les ratios maître/élèves n’a pas eu d’effets sur la réussite et qu’ils ne servent qu’à alléger la tâche. Pour lui, les 150 millions qu’il en coûte pour maintenir bas les ratios à la fin du primaire et au secondaire pourraient être autrement investis, selon les besoins de chaque école. Mais ce serait s’attaquer à des gains trop importants, croit Josée Scalabrini. « C’est tasser trois négociations. »
Pour Bernard Tremblay, le sujet qui a été le plus mal compris est celui d’abandonner la « pondération a priori ». Il précise : cette pondération ne se fait actuellement que pour trois catégories d’élèves (troubles envahissants du développement (TED), troubles graves de comportement et troubles psychopathologiques). Et selon lui, certains élèves, notamment TED, sont très doués et « hypertranquilles ». « Ce n’est pas vrai que tous ces enfants-là perturbent la classe. »