Intégrer, s’engager, voter

Annick Daigneault, candidate dans la circonscription scolaire Ville-Marie, à Montréal
Photo: Michaël Monnier Le Devoir Annick Daigneault, candidate dans la circonscription scolaire Ville-Marie, à Montréal

Annick Daigneault n’a jamais voté aux élections scolaires. Ce 2 novembre, ce sera bien différent : elle a posé sa candidature pour devenir commissaire de la circonscription scolaire Ville-Marie, à Montréal. « J’ai l’impression de m’être lancée dans un marathon sans m’entraîner », dit-elle, s’excusant d’être décoiffée.

Ce sont « des défis » qui ont mis la Commission scolaire de Montréal (CSDM) sur sa route, un euphémisme qui contraste avec sa grande intensité.

Son fils aîné, Maël, est autiste. Elle refuse d’utiliser le mot « handicapé » pour le décrire : « Il est tout simplement arrivé avec son propre bagage. C’est un enfant qui a beaucoup d’humour et de volonté. » Malgré des difficultés d’apprentissage et une façon d’aborder les autres « parfois spectaculaire », décrit sa mère, le garçon de sept ans est intégré en milieu scolaire ordinaire à l’école alternative Rose-des-Vents. Une inclusion bénéfique pour lui, autant que pour développer l’ouverture à la différence des autres.

Il a fallu beaucoup d’énergie à Mme Daigneault pour assurer la stabilité des services auprès de son fils. « À quelques jours de Noël, on a su qu’on allait perdre son accompagnatrice pour des questions d’ancienneté », soupire-t-elle, exaspérée. Mais elle n’en est pas restée là.

Pour transformer sa colère en action, elle a créé la fondation Sur le fil en juin 2013. Un an plus tard, elle lançait le Manifeste pour l’inclusion et la neurodiversité, cosigné avec 13 autres professionnels, « pour montrer que ce n’était pas une lubie de mère ».

Pourquoi se présenter quand on a autant de responsabilités ? Il a fallu la convaincre : « J’ai une intolérance physique aux réunions qui s’éternisent, alors je n’avais pas envie de jouer un rôle administratif. En parlant avec des équipes, j’ai compris que les commissions scolaires travaillent avec des humains et que je pouvais servir ! »

Pas de grande stratégie politique, donc, derrière son désir de participer à cette structure. Plutôt un appel à l’engagement : « Les bâtiments qui tombent en ruine et les crises du système de l’éducation sont les témoins de notre déresponsabilisation », conclut-elle, lucide mais pas cynique.

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