La CSDM refuse d’obtempérer

Le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, a demandé un effort budgétaire de 163 millions aux 72 commissions scolaires pour l’année 2014-2015, ce qui représente environ 10 % de leurs budgets respectifs.
Photo: Annik MH De Carufel Le Devoir Le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, a demandé un effort budgétaire de 163 millions aux 72 commissions scolaires pour l’année 2014-2015, ce qui représente environ 10 % de leurs budgets respectifs.

La Commission scolaire de Montréal est sur un pied de guerre. Elle entend tenir tête au gouvernement et pourrait refuser d’effectuer les compressions de 9,2 millions qu’on lui impose d’ici le 14 septembre.

 

« Je peux vous dire qu’on ne fera pas des compressions de 9 millions en 2014-2015 », a martelé la présidente de la CSDM, Catherine Harel-Bourdon, en entrevue au Devoir. « On ne veut pas toucher aux services aux élèves. […] Ce n’est pas vrai qu’on va couper dans l’aide aux devoirs ou des programmes comme “ École en forme et en santé ” pour plus d’activité physique chez les jeunes. Ce n’est pas vrai qu’on va couper dans l’entretien que font nos concierges quand on travaille immensément fort pour qu’il n’y ait pas de problème de qualité de l’air », a-t-elle ajouté.

 

Le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, a demandé un effort budgétaire de 163 millions aux 72 commissions scolaires pour l’année 2014-2015, ce qui représente environ 10 % de leurs budgets respectifs. Pour la CSDM, qui a fait approuver un budget déficitaire de 29 millions en juillet à condition de fournir un plan de redressement d’ici le 14 septembre, la situation est particulièrement difficile, et ce, depuis plusieurs années.

 

Selon sa compréhension d’une lettre du ministère qu’elle a reçue à la mi-août, 9 des 29 millions ne feront pas partie de ce plan de redressement qui s’étale sur trois ans et devront être coupés d’ici la mi-septembre. « Ce n’est pas vrai qu’on va couper 9 millions en 24 jours ouvrables, a insisté Mme Harel-Bourdon. L’an passé, ça nous a pris huit mois pour couper 11 millions et on a consenti à couper un autre 2,2 millions en juin dernier. »

 

Elle rappelle que le plan des effectifs étant adopté depuis mai, elle ne peut pas toucher à la portion du budget qui y est consacré, soit près de 80 %. Par ailleurs, ces dernières années, son organisation a réduit la portion de ses frais d’administration, les faisant passer de 6 % à 3,4 %.

 

Éliminer certains programmes, comme ceux servant à payer des intervenants communautaires pour faire le lien entre l’école et les familles d’immigrants, compromettrait la réussite même des élèves, croit-elle. Où couper alors ? « Dans le budget global de l’école qui sert à payer le savon et le papier de toilette ? Il y a toujours bien des limites ! »

 

Consulter le milieu

 

La CSDM soumettra une proposition de résolution, qui s’opposera aux compressions de 9 millions imposées par le ministère, qui sera votée lors du prochain conseil des commissaires le mercredi 17 septembre. Pour elle, il est important de consulter son organisation et de travailler de concert avec les directions d’école, qu’elle a d’ailleurs rencontrées jeudi pour tenter de trouver des solutions.

 

La nouvelle présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissements scolaires (AMDES), Hélène Bourdage, appuie et salue la décision de la CSDM de tenir tête au gouvernement. « C’est une décision politique courageuse et nécessaire, a-t-elle souligné. On en est à la 3e année de notre plan de redressement budgétaire [qui s’étalait sur cinq ans] et on n’est pas à la première vague de coupes. Ce n’est pas vrai qu’on peut couper sans toucher aux services aux élèves. »

 

Les budgets de la CSDM ne sont tout simplement pas « compressibles ». « Actuellement, quand on ouvre une classe, on doit acheter les tables et les chaises à même le budget de l’école parce que la commission scolaire n’a plus rien, dit-elle. En faisant une règle de trois, c’est environ des coupes de 45 000 $ pour chacune des 200 écoles. Imaginez. On n’y arrive pas ».

 

L’attachée de presse du ministre Bolduc soutient pour sa part que les compressions demandées à la CSDM étaient déjà connues et qu’elles étaient même une condition pour que le gouvernement lui permette d’adopter un budget déficitaire. Sur 72 commissions scolaires, 33 sont déficitaires pour l’année en cours. « [Les compressions demandées] ne date[nt] pas d’aujourd’hui, a dit Yasmine Abdelfadel. Quand on a demandé aux commissions scolaires de faire un effort, elles ont toutes dit qu’elles étaient capables de le faire si on leur permettait plus de flexibilité dans la gestion des enveloppes, de manière à protéger leurs services. » Ce qui est chose faite, a-t-elle ajouté.

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