25 ans plus tard...
Ce texte fait partie du cahier spécial Alphabétisation 2014
D’après la plus récente enquête de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur la littératie, laquelle mesure les aptitudes des personnes âgées de 16 à 65 ans à comprendre, utiliser et s’approprier des textes écrits pour participer à la société, atteindre des objectifs et développer des connaissances, près de 53 % de la population québécoise n’a pas les compétences souhaitables pour s’épanouir pleinement dans la société moderne.
À qui la faute?
Peu surprise des résultats de l’OCDE, Mme Mockle indique que la situation était prévisible. « Le problème au Québec, c’est qu’on confine depuis longtemps l’apprentissage et l’appréciation de la lecture à la sphère scolaire. Or, dans la sphère scolaire, la lecture a essentiellement une fonction utilitaire. Elle sert à obtenir des résultats et à décrocher un diplôme. Le plaisir de lire, lui, est presque complètement évacué, ce qui fait qu’on se retrouve avec une foule de jeunes pour qui le jour où se terminent leurs études correspond à la dernière fois où ils ouvrent un livre ! Et c’est malheureux, mais, quand on ne lit pas, on perd ses capacités de lecture. »
Ce constat, cela fait déjà plusieurs années que la Fondation pour l’alphabétisation l’a formulé. Observant que, lorsqu’aucune prévention n’était faite en milieu familial, on assistait généralement à une reproduction intergénérationnelle de l’analphabétisme, elle a mis sur pied en 1999 le programme La lecture en cadeau.
« Ce qu’on a fait, c’est distribuer des livres à des enfants défavorisés pour semer chez eux le goût de la lecture », confie Mme Mockle.
La première année, 2000 livres ont été distribués dans la région de Montréal. Populaire, le programme La lecture en cadeau s’est étendu l’année suivante à l’ensemble du Québec et perdure depuis, si bien qu’aujourd’hui la Fondation offre plus de 38 000 livres par année. « La demande actuelle se situe autour de 100 000 livres par année. On n’est simplement pas capable d’y répondre. »
C’est pourquoi la Fondation aimerait que le gouvernement québécois soit davantage proactif en matière de prévention de l’analphabétisme et de promotion de la lecture. À son avis, l’élaboration d’une stratégie nationale comprenant le déploiement d’une vaste campagne de sensibilisation sur l’importance de la lecture serait souhaitable.
Agir sur plusieurs fronts
Loin de baisser les bras devant l’immobilisme gouvernemental, la Fondation poursuit son action sur plusieurs fronts. Par le biais de la ligne Info-Alpha, qu’elle a créée en 1990, elle offre un service d’écoute et de référence aux adultes en alphabétisation et en formation de base. Également, grâce à sa ligne Info-Apprendre, elle informe depuis 2002 les gens qui se questionnent quant aux ressources disponibles en matière d’éducation des adultes.
Et la Fondation ne manque pas de projets. Parmi eux, la création d’une collection de livres pour faibles lecteurs..
« On travaille fort, ça, il n’y a pas de doute, assure Mme Mockle. On en a peut-être fait beaucoup en 25 ans, mais on est loin d’avoir enrayé l’analphabétisme.»
Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.