Raccrocher à l’éducation des adultes

Ce texte fait partie du cahier spécial Alphabétisation 2014
Si le taux de diplomation au Québec est relativement élevé — 72 % des moins de 30 ans ont un diplôme postsecondaire en poche — et ce, malgré un taux de décrochage au secondaire oscillant autour de 36 %, c’est que les décrocheurs québécois raccrochent. Et ils le font auprès des services d’éducation des adultes des commissions scolaires. Comment ces dernières s’acquittent-elles de cette tâche ?
« Il faut d’abord comprendre que tous les efforts sont faits pour empêcher un jeune de décrocher et pour le maintenir dans le secteur jeune, souligne Lucille Doiron, directrice en soutien à la gestion des établissements à la Commission scolaire de Montréal (CSDM). On lui offre du soutien et on lui propose diverses voies possibles pour le maintenir à l’école secondaire. »
Avant ou après deux ans
Lorsque les moyens mis en oeuvre par l’équipe de l’école secondaire échouent et que le jeune décroche malgré tout, s’il veut raccrocher ensuite, il devra aller frapper à la porte des services d’éducation des adultes d’une commission scolaire. L’accueil qu’il recevra varie selon le temps passé hors des classes. « Si ça fait moins de deux ans qu’il a décroché, le jeune se présente avec son dernier bulletin. Si, par exemple, il a réussi sa 2e secondaire, il est aussitôt inscrit en 3e secondaire. »
Par contre, pour l’élève qui a passé plus de deux ans en dehors des classes, on craint une perte d’acquis et l’élève devra passer des tests de classement. « Ces tests servent à déterminer son niveau actuel de connaissances. Ils nous permettent d’établir, par exemple, si, en français, il a sa 3e secondaire et si, en mathématiques, par contre, il n’a que sa 2e secondaire. Ainsi, il nous est possible de lui fournir un horaire qui tienne compte de ses différents niveaux de connaissances. De plus, on lui offrira un soutien en rapport avec ses besoins. »
Analphabètes fonctionnels
Dans certains cas, l’élève qui veut raccrocher et qui se présente à l’éducation des adultes pour terminer ses études secondaires est, dans les faits, un analphabète fonctionnel. Règle générale, ce sont des élèves qui ont soit des difficultés d’apprentissage, soit des troubles d’apprentissage.
« Cette catégorie d’élèves a déjà été identifiée bien avant son arrivée à l’éducation des adultes. Les difficultés et les troubles d’apprentissage sont décelés à un jeune âge, le plus souvent au primaire. Ce sont tous des élèves qui ont connu un parcours scolaire et un cheminement de formation particuliers et différenciés. »
Il en sera de même à l’éducation des adultes. « Les élèves ayant des difficultés d’apprentissage seront tout simplement mieux encadrés et accompagnés. Le fait que les classes en éducation des adultes sont plus petites, en moyenne une quinzaine d’élèves par classe, permet à l’enseignant d’offrir un suivi plus personnalisé. Ce sont des élèves qui, par exemple, n’arrivent pas à comprendre une règle de grammaire, mais dont on sait qu’ils arriveront à la comprendre si on leur donne le temps nécessaire et si on agit avec patience. »
Quant aux élèves ayant des troubles d’apprentissage, comme la dyslexie, ils seront accompagnés, comme auparavant, par une équipe de professionnels en éducation, tels les psycho-éducateurs, orthopédagogues et autres.
Un seul but visé
Mais, peu importe le type de clientèle, les difficultés rencontrées, les différentes approches éducatives, tous les efforts mis de l’avant par le personnel des services d’éducation des adultes, dans le cas des raccrocheurs, visent le même but. « Nous faisons tout notre possible pour qu’ils obtiennent enfin un premier diplôme, peu importe s’il s’agit d’un diplôme d’études secondaires ou d’un diplôme d’études professionnelles. Pour cet individu, ce premier diplôme est sa première carte de visite qui lui permettra de dénicher un emploi et de devenir un citoyen responsable. »
Et c’est souvent un premier pas. « Ce premier diplôme, c’est aussi sa première victoire, sur laquelle il pourra construire. Il existe aujourd’hui de nombreuses passerelles entre les différentes voies de formation. Par exemple, un jeune qui obtient un DEP en mécanique automobile peut ensuite s’inscrire au collégial dans une technique reliée à la mécanique et, s’il le désire, poursuivre à l’université et même devenir ingénieur. » D’où l’importance de ce premier diplôme.
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