Les jeunes libéraux veulent abolir les cégeps

Les jeunes libéraux prônent l’abolition des cégeps, des établissements d’enseignement jugés dépassés et ne répondant plus aux besoins du marché du travail.
L’aile jeunesse du Parti libéral du Québec (PLQ) se réunira en congrès annuel ce week-end à Sherbrooke, à l’Université Bishop’s, dans le but de faire entériner une série de propositions censées influencer le gouvernement de Philippe Couillard dans ses décisions.
Plusieurs d’entre elles portent sur le système d’éducation, qui, selon la commission jeunesse, devrait, avant toutes choses, coller aux besoins des employeurs en matière de formation.
L’actuel modèle d’éducation au Québec n’est tout simplement plus adapté aux besoins du marché du travail du XXIe siècle, selon le président de la commission jeunesse du PLQ, Nicolas Perrino.
« On veut envoyer un signal clair qu’on veut une modification dans le système d’éducation au Québec », a fait valoir M. Perrino jeudi, en conférence de presse.
« Nous, ce qu’on pensait faire avec ça, c’est vraiment valoriser la formule des techniques et créer plus d’entrepreneurs au Québec », a-t-il ajouté.
Favoriser l’accès au marché du travail
Considérée comme vétuste, l’institution du cégep telle qu’on la connaît, appelée à former des citoyens ayant une bonne culture générale, disparaîtrait. Ainsi, après la 5e secondaire, les jeunes intéressés par une formation technique entreraient directement dans une grande école de métiers, tandis que ceux qui souhaitent fréquenter l’université effectueraient une 6e secondaire, soit une année préparatoire pour les études supérieures, suivie d’une année universitaire additionnelle.
La pertinence des cégeps est un débat qui refait surface périodiquement au Québec. Le premier ministre Philippe Couillard s’est d’ailleurs déjà prononcé sur cette question, lors de la course au leadership du PLQ l’an dernier. Un des candidats, l’actuel ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, s’était prononcé en faveur de leur abolition, mais M. Couillard s’y était alors opposé, faisant valoir leur importance dans le développement économique régional.
Au début du gouvernement de Jean Charest, en 2004, la Fédération des commissions scolaires avait plaidé elle aussi pour l’abolition des cégeps et le ministre de l’Éducation d’alors, Pierre Reid, avait entrouvert la porte à une révision de leur rôle, avant d’être rabroué et de faire marche arrière.
Cette fois, la fronde contre les collèges créés dans les années 1960 vient de l’aile jeunesse des libéraux. Et, selon leurs voeux, le virage utilitaire du système d’éducation débuterait dès le secondaire, alors que les écoles devraient faire la promotion de l’entrepreneuriat auprès des élèves.
« Le volet utilitaire [du système d’éducation] n’est pas assez développé », a renchéri Alexandre Meterissier, un des leaders de la commission jeunesse.
Quant à elles, les universités seraient invitées à développer davantage de partenariats avec le secteur privé, dans un souci de plus grande compétitivité des entreprises québécoises.
Revoir l’aide sociale et l’immigration
Les jeunes libéraux souhaitent par ailleurs revoir l’actuel système d’aide sociale, pour le remplacer par un programme de revenu minimum garanti. Le but de la transformation : inciter davantage de bénéficiaires de l’aide sociale aptes au travail à décrocher un emploi.
Les leaders de la commission jeunesse ont cependant refusé mordicus de dire quel modèle de « revenu minimum garanti » serait privilégié, ni si le montant versé devrait être inférieur ou supérieur aux actuelles prestations d’aide sociale.
Toujours dans le but de favoriser l’accès au marché du travail, le système de sélection des candidats à l’immigration devrait lui aussi être dépoussiéré, pour devenir « plus performant ». On devrait notamment accorder moins d’importance à la connaissance de la langue française, selon eux.
« Il n’y a pas assez de points qui sont accordés à la compétence et aux besoins de main-d’oeuvre », plaide M. Perrino.
La commission jeunesse souhaite aussi accélérer le processus de reconnaissance des diplômes acquis à l’étranger.
Le premier ministre Couillard est attendu à Sherbrooke à l’occasion de ce congrès, qui devrait attirer quelques centaines de jeunes membres du parti durant tout le week-end autour du thème « Avoir la tête à l’emploi ».