Les écoles illégales, une forme de maltraitance, selon la ministre

Les écoles illégales sont souvent à vocation religieuse. Des écoles juives sont entre autres répertoriées.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Les écoles illégales sont souvent à vocation religieuse. Des écoles juives sont entre autres répertoriées.
La situation des écoles illégales est à ce point sérieuse que la ministre responsable de la Protection de la jeunesse, Lucie Charlebois, n’hésite pas à assimiler la fréquentation de ces écoles à de la « maltraitance » ou à de la « négligence ».

« Honnêtement, ne pas recevoir l’éducation adéquate est une forme de maltraitance », a affirmé vendredi la ministre déléguée à la Réadaption, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique lors de l’étude des crédits du ministère. « Quand ces jeunes n’ont pas accès à cette éducation de base qu’on s’est fixée comme norme au Québec, on considère que c’est de la maltraitance que de ne pas fréquenter un établissement scolaire reconnu par le ministère de l’Éducation. »

« Négligence, j’aurais dû dire », a-t-elle indiqué au Devoir par la suite. « Mais qui peut devenir de la maltraitance. »

La semaine dernière, le ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Yves Bolduc, s’était engagé à régler cette question qui traîne depuis plus de 25 ans. Un comité interministériel formé des sous-ministres de l’Éducation et de la Justice et du sous-ministre adjoint à la Protection de la jeunesse doit présenter un rapport en ce sens à l’automne.

Ce comité est chargé d’évaluer comment la Loi sur l’instruction publique et la Loi sur la protection de jeunesse peuvent être modifiées pour contrer le phénomène, a souligné Lucie Charlebois. « Si on a formé un comité, c’est que, pour nous, il y a là un enjeu important. Alors on veut régler la situation. »

Le gouvernement Couillard entend non seulement régler le problème des écoles illégales, mais aussi le cas des enfants qui reçoivent leur enseignement à la maison, ce que la loi n’interdit pas.

Les écoles

À l’heure actuelle, l’État ne sait pas combien d’enfants fréquentent des écoles illégales ou sont scolarisés à la maison. Toutefois, certaines de ces écoles clandestines, qui ont pignon sur rue depuis de nombreuses années, sont bien connues des autorités. Ce sont essentiellement des écoles à vocation religieuse. La Presse en a répertorié six récemment : l’Église-école mennonite, à Roxton Falls, l’Académie Beth Esther, à Outremont, l’Académie Yeshiva Toras Moshe, à Montréal, l’école Talmud Torah de Tash, à Boisbriand, L’Académie des jeunes filles Beth Tziril, à Boisbriand, et l’école de la communauté Lev Tahor, à Sainte-Agathe-des-Monts. Dans ce dernier cas, l’école est fermée depuis que les membres de cette secte hassidique, visée par la Direction de la protection de la jeunesse, se sont exilés en Ontario.

À la fin des années 2000, Michelle Courchesne, alors ministre de l’Éducation, avait négocié pendant deux ans avec six écoles juives orthodoxes afin qu’elles se conforment au Régime pédagogique. En 2010, la ministre avait fait adopter un décret pour permettre à ces écoles de dispenser des cours le dimanche et durant l’été. Compte tenu des nombreuses heures qu’elles consacraient à l’enseignement de la religion, ces écoles souhaitaient prolonger les plages de cours en vue de se conformer aux exigences du ministère en matière de français, de mathématiques, d’anglais et d’« éducation à la citoyenneté ».

À voir en vidéo