«La recherche contribue énormément au bien-être et au dynamisme d’une société»
![Michael Sabia: «[...] l’innovation est une façon de s’enrichir. Pas seulement financièrement. L’innovation enrichit la qualité de vie. »](https://media1.ledevoir.com/images_galerie/nwd_194764_140509/image.jpg)
Ce texte fait partie du cahier spécial ACFAS 2014
Michael Sabia a un agenda bien rempli, mais il s’est empressé d’accepter d’être président d’honneur du congrès de l’ACFAS. Pour quelles raisons ? Rencontre.
L’ACFAS a comme mission de développer un dialogue entre la science et la société. En choisissant son président d’honneur chaque année, elle tente de renforcer ses liens avec différentes sphères sociales. Cette année, l’accent est mis sur le monde des affaires avec le choix de Michael Sabia, président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
« Fondamentalement, j’ai accepté la présidence d’honneur pour démontrer mon appui à un projet intrinsèquement important ; contribuer à l’avancement du savoir », a-t-il dit au Devoir en entrevue à la Caisse quelques minutes avant de sauter dans un avion pour se rendre à Los Angeles, où il allait donner une conférence au Milken Institute.
Bien que Michael Sabia soit un homme de chiffres — il a étudié l’économie —, il considère très important d’encourager les conversations et les débats dans la société, puis d’augmenter le plus largement possible la visibilité des sciences, de la recherche et des chercheurs. « La recherche contribue énormément au bien-être et au dynamisme d’une société », ajoute-t-il.
C’est pour toutes ces raisons que Michael Sabia a accepté l’invitation de l’ACFAS d’être président d’honneur de son 82e congrès.
C’est pour les mêmes raisons d’ailleurs qu’il a aussi accepté d’être coprésident de Campus Montréal, la campagne de financement conjointe de l’Université de Montréal, HEC Montréal et Polytechnique Montréal.
« Nous avons des institutions universitaires de grande qualité au Québec et des chercheurs très compétents, très habiles, affirme-t-il. Je m’intéresse toujours aux occasions de créer et de renforcer les liens entre les chercheurs, la recherche et les entrepreneurs. »
Il ne pense pas ici qu’à la commercialisation de nouveaux produits et services.
« Mon objectif en travaillant à renforcer ces liens est de donner une occasion de rendre plus dynamique l’écosystème de l’innovation, explique-t-il. Et dans le monde actuel, l’innovation est une façon de s’enrichir. Pas seulement financièrement. L’innovation enrichit la qualité de vie. »
De plus en plus de diplômés
Les diplômes d’études supérieures sont de plus en plus fréquents dans la province d’après un document récent publié par l’Institut de la statistique du Québec à partir de l’Enquête sur la population active. Alors qu’en 1990, 3,7 % de la population âgée de 25 à 64 ans avait obtenu un diplôme universitaire supérieur au baccalauréat, le taux avait plus que doublé en 2012, avec 7,8 %.
Parmi ces diplômés, on retrouve des gens avec un doctorat, et ils ne se retrouveront pas tous professeurs d’université.
Le Sondage auprès des stagiaires postdoctoraux canadiens 2013 a été réalisé par l’Association canadienne des stagiaires postdoctoraux et Mitacs, une organisation nationale de recherche à but non lucratif. Les résultats indiquent qu’un poste de chercheur universitaire représente l’objectif de carrière à atteindre pour 81 % des personnes sondées avant de commencer leur postdoctorat. Alors que la demande de professeurs d’université n’est pas suffisamment importante pour absorber tous ces docteurs, la moitié des personnes sondées ont affirmé n’avoir eu aucune offre pour faire carrière à l’extérieur de l’université.
Bien des entrepreneurs sont craintifs face au curriculum vitae d’un stagiaire postdoctoral ou d’un détenteur d’un diplôme de maîtrise ou de doctorat. Ils se demandent souvent si, après avoir passé tant d’années à étudier, cette personne ne sera pas trop déconnectée du marché du travail.
Une richesse pour les organisations
Pour Michael Sabia, l’important n’est pas tellement de se pencher sur le type de diplôme obtenu par un candidat. « Pour nous par exemple, à la Caisse, ce qui compte n’est pas seulement d’embaucher des experts sur une question, explique-t-il. Le défi est toujours d’embaucher des gens très bien formés qui ont développé une façon de réfléchir aux questions de façon structurée. Nous cherchons des gens capables de penser outside the box. Je suis loin d’être un expert en éducation mais, d’après moi, les diplômes d’études supérieures peuvent augmenter la capacité à analyser des problèmes, à arriver à des conclusions. C’est très utile. »
Il est d’avis que le milieu des affaires devrait arrêter de s’en faire avec des termes comme mathématicien, ou encore doctorat.
« La question beaucoup plus profonde qu’il faut se poser, c’est si cette personne, par sa capacité à analyser les problèmes, peut apporter une contribution à l’entreprise », dit-il.
Est-ce que le milieu universitaire et le monde des affaires devraient faire davantage d’efforts pour se rapprocher l’un de l’autre ?
« Peut-être que, des deux côtés, il y aurait des efforts à faire, affirme Michael Sabia. Mais je pense que les dirigeants d’entreprise devraient développer des perspectives plus ouvertes, plus inclusives. Est-ce toujours nécessairement les gens avec un MBA qui ont développé une façon de penser très bien structurée ? C’est souvent le cas, mais des gens avec d’autres profils peuvent aussi être intéressants. »
La Caisse de dépôt, par exemple, embauche des géologues, des mathématiciens, des économistes, etc. « Nous avons beaucoup de gens qui ont complété un doctorat à la Caisse dans nos équipes de recherche. C’est une façon pour nous de rendre nos analyses plus profondes », affirme Michael Sabia, qui a lui-même réalisé des études supérieures en économie à l’Université Yale, au Connecticut.
Il a même déjà pensé entreprendre une carrière de professeur-chercheur. « Je respecte beaucoup les professeurs qui cherchent des moyens de repousser les limites du savoir. Cela a une valeur intrinsèque. »
Bas de laine des Québécois, la Caisse de dépôt et placement du Québec a comme mission de faire fructifier les fonds de ses déposants, principalement des régimes de retraite et d’assurance des secteurs public et privé québécois. Elle emploie plus de 800 personnes.
Collaboratrice
Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.