Le Québec récolte les fruits de son système de recherche

Ce texte fait partie du cahier spécial ACFAS 2014
En 2014, il apparaît que le Québec occupe une position plutôt avantageuse au pays en matière de recherche fondamentale et appliquée ; les structures mises en place il y a plus de 40 ans fournissent les résultats escomptés. En 2011 et en 2014 se produisaient respectivement une restructuration des trois fonds de recherche et une mise à jour de la politique nationale dans ce domaine. État de la recherche au Québec en compagnie de la présidente de l’Association francophone pour le savoir, Louise Dandurand.
Il importe de faire appel à l’histoire pour bien situer les activités de recherche dans le présent et pour en dégager les caractères distinctifs ; elle se montre convaincue d’une réalité dans ce sens-là : « Le Québec s’est démarqué depuis les années 1970 de toutes les autres provinces canadiennes en mettant sur pied un système cohérent d’appui à la recherche. » Elle identifie les premiers fonds qui ont vu le jour et se livre à cette réflexion : « Tous les gouvernements qui se sont succédé depuis celui de Robert Bourassa, de quelque allégeance qu’ils aient été, ont fait preuve d’un engagement et d’une ferme croyance que le développement du Québec passait par une activité scientifique, par une communauté scientifique forte et vigoureuse. »
Cette volonté politique a produit des effets concrets : « On a mis en place un système de recherche qui a toujours favorisé la constitution de réseaux, d’équipes et de centres. On a décidé d’appuyer l’Infrastructure de la recherche, que ce soit sur le plan des ressources humaines ou plus physiques, ce qui a fait en sorte que le Québec possède maintenant un ensemble très riche de ces regroupements voués à la recherche dans tous les domaines. »
Elle cite plusieurs exemples dans des sphères variées qui établissent la preuve non équivoque de ses propos : « On a une richesse absolument incroyable de regroupements stratégiques dans tous les domaines du savoir, ce qui est vraiment une distinction du système québécois. De tout temps, il y a eu un appui à tous les secteurs de la recherche et un souci de maintenir un équilibre sain entre recherche fondamentale et plus appliquée sur des thématiques économiques et sociales pertinentes pour le développement québécois. »
Un système unique
Madame Dandurand, qui a occupé des postes de direction en recherche tant sur le plan universitaire que dans l’appareil gouvernemental, livre ce témoignage : « C’est vraiment un système qui se distingue au sein du Canada. D’ailleurs, dans toutes les provinces, et j’ai roulé ma bosse quand même assez longtemps pour le savoir, le système d’ici suscite l’envie des chercheurs canadiens. » Il s’est parcouru beaucoup de chemin en quatre décennies et les conséquences en sont palpables : « Non seulement on a structuré la recherche au Québec autour d’enjeux sociaux, économiques et culturels très importants et essentiels pour notre développement, mais on a aussi fait en sorte que nos chercheurs sont beaucoup plus compétitifs, bon an mal an, que les autres chercheurs du pays dans les programmes majeurs des organismes de subvention fédéraux. »
Une menace plane toutefois : « On est en train de perdre cet avantage concurrentiel en matière de soutien et d’investissement. Plusieurs provinces, notamment l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique, ont mis sur pied des programmes spéciaux qui visent à ce que leurs chercheurs deviennent plus concurrentiels dans ces grands programmes du gouvernement fédéral. Mais il reste que ce qui est unique au Québec, c’est la cohérence de son système et la pérennité de celui-ci. »
Le coup de balai structurel
En juillet 2001, le système est revu et corrigé dans sa structure par la loi 130 : les trois fonds déjà existants, ceux de la « nature et de la technologie », de la « santé » et de la « société et de la culture », sont regroupés sous le chapeau du « Fonds de recherche du Québec ». S’est-il agi d’un geste positif posé par les décideurs politiques ? Louise Dandurand nuance sa réponse : « L’ACFAS s’était alors opposée à l’intention du projet de loi de fondre les trois fonds en un seul, mais finalement, on en est arrivés à un compromis, à la suite de démarches, en vertu duquel chacun d’eux gardait son conseil d’administration, et le corridor pour les transferts budgétaires d’un fonds à l’autre était délimité. »
En quelque sorte, les craintes étaient dissipées parce que « l’autonomie des trois grands fonds était conservée ; chacun d’eux conservait sa culture, qui reflétait les priorités et l’organisation de sa communauté ». L’Association tenait mordicus à ce que le caractère distinct de tous soit préservé : « Comme chacun se retrouvait avec des conseils d’administration séparés, le compromis rendait cela possible. À l’usure, on voit actuellement que le fonctionnement est très adéquat. » Et la présidente reconnaît même des avancées dans ce changement : « Évidemment, il en ressort qu’il y a des politiques communes, ce qui existait tout de même déjà auparavant. » Elle conclut sur ce sujet : « Il n’y avait pas tellement de discordance, mais, effectivement, il y a là une valeur ajoutée à la cohérence ; il n’y a pas eu d’effets négatifs, au contraire. »
Elle salue, à titre d’exemple, le fait que les fonds viennent d’adopter une politique de comportement sur la bonne conduite scientifique et sur l’éthique : « Il y a donc des initiatives qui ont été tout à fait positives. » Elle émet toutefois une réserve sur les pouvoirs qui sont dévolus au scientifique en chef dans le cadre de cette réforme.
Le long terme est atteint
La Politique nationale de la recherche et de l’innovation (PNRI) a été renouvelée pour une période de cinq ans en 2014. Louise Dandurand s’en réjouit principalement pour une raison : « L’ACFAS a été une cheville ouvrière majeure dans la consultation, qui était d’une telle ampleur et aussi exhaustive pour la première fois ; voici l’une des raisons pour lesquelles celle-ci a été si bien reçue. » Tous les grands acteurs du milieu de la recherche ont eu leur mot à dire.
Le gouvernement a entendu les parties et a pris en compte les idées reçues : « Évidemment, on retient de façon positive la plus longue portée de la politique qui s’échelonne sur cinq ans, ce qui peut avoir l’air bizarre de la part de la communauté scientifique. » Elle explique donc en détail pourquoi une politique d’une durée de trois ans comportait des contraintes majeures pour les chercheurs et ajoute par la suite : « Il est long de constituer des équipes de recherche ; il faut recruter des étudiants et des professionnels. C’est un gros bateau à tourner, un programme de recherche. Cette période de cinq ans est donc très importante, parce qu’elle assure une certaine pérennité. »
Elle salue de plus la préoccupation de la PNRI en matière de recherche de juste traitement entre le fondamental et l’appliqué : « On a adopté comme principe de base d’avoir un équilibre qui est essentiel entre les deux. » Il reste à voir quels seront les résultats obtenus pendant le déploiement d’une politique encore toute jeune : « J’y reviendrai justement plus tard, parce que j’ai certaines inquiétudes à exprimer à cet égard », assure la présidente.
Collaborateur
Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.
On a mis en place un système de recherche qui a toujours favorisé la constitution de réseaux, d’équipes et de centres