Le salaire des diplômés du secondaire rattrape peu à peu celui des bacheliers

L’écart entre la rémunération des bacheliers et celle des détenteurs d’un diplôme secondaire s’amenuise, particulièrement dans les provinces où le boom pétrolier a de l’importance.
Photo: Annik MH de Carufel - Le Devoir L’écart entre la rémunération des bacheliers et celle des détenteurs d’un diplôme secondaire s’amenuise, particulièrement dans les provinces où le boom pétrolier a de l’importance.

Le salaire des détenteurs d’un diplôme d’études secondaires s’est rapproché de celui des jeunes bacheliers au cours des dix dernières années. C’est ce que révèle une étude de Statistique Canada qui s’est intéressée aux diplômés des années 2000-2002 à 2010-2012.

 

Durant cette période, le salaire des détenteurs d’un DES âgés de 20 à 34 ans s’est accru de 9 % chez les hommes et de 11 % chez les femmes tandis que celui des diplômés d’un baccalauréat est demeuré inchangé chez les hommes, mais a progressé de 5 % chez les femmes. Ces nouveaux résultats inversent la tendance qui avait cours, constate Marie Connolly, professeure adjointe au département des sciences économiques de l’UQAM. « L’écart de rendement entre les deux diplômes [DES et baccalauréat] allait en s’agrandissant avant cette étude-là. Les gens au baccalauréat gagnaient de plus en plus », a-t-elle indiqué au Devoir.

 

Pour elle, il est normal qu’une telle tendance, qui remonterait jusqu’aux années 1980, finisse par s’inverser à un moment donné. Selon Statistique Canada, le rétrécissement de l’écart entre les salaires s’explique par le boom pétrolier des années 2000 (qui a fait augmenter dans une plus grande mesure, notamment en Alberta, la demande pour des travailleurs ayant un plus faible niveau de scolarité), « les augmentations du salaire minimum réel et la croissance marquée du nombre relatif de titulaires d’un baccalauréat ».

 

Plus d’offre

 

En appliquant le simple principe de l’offre et de la demande, s’il y a plus de diplômés universitaires sur le marché, il est normal que cela influe sur les salaires, soutient Mme Connolly. Toujours selon l’étude, au cours de la période observée, le nombre de diplômés ayant un baccalauréat s’est accru de 42 % chez les femmes et de 30 % chez les hommes, tandis que cette augmentation pour les détenteurs d’un DES était respectivement de 5 % et de 16 %.

 

Au Québec, l’avantage salarial lié aux études est en deçà de la moyenne canadienne. L’indice calculé est de -0,085 chez les hommes de 20 à 34 ans, contre -0,077 en moyenne. Chez les femmes du même âge, il est de -0,099, contre -0,066.

 

En règle générale, une diminution plus marquée de l’avantage salarial conféré par les études est observée dans les provinces où le boom pétrolier a de l’importance (comme en Alberta, par exemple).

 

Selon Marie Connolly, le fait que l’écart salarial se réduise entre les deux niveaux de diplômes n’est pas une mauvaise chose en soi. N’est-ce pas bien que ceux qui n’ont qu’un diplôme d’études secondaires améliorent leur situation ? C’est signe que les inégalités salariales s’amenuisent, croit-elle. Et chose certaine, l’information contribue à donner l’heure juste aux étudiants. « Ça permet aussi aux jeunes qui se demandent ce qu’ils feront après leur secondaire, et qui hésitent entre un baccalauréat et une technique, de mieux jauger la situation ».

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